Bilan trompeur : Brett Brown fait le taff chez les Sixers, mais pourra-t-il rester encore longtemps ?

Le 18 mars 2015 à 18:39 par Bastien Fontanieu

Difficile de glorifier un coach quand son bilan règne au royaume de la loose. Sauf si on regarde les matches des Sixers, épreuve pointée du doigt aujourd’hui mais cachant probablement un des plus beaux secrets de toute la Ligue. Story.

C’était à l’été 2013. Après une désespérante Finale perdue face au Heat, les Spurs abordaient les mois chauds avec le coeur froid, voyant notamment Mike Budenholzer et Brett Brown quitter la franchise texane. Deux assistants solides qui avaient pratiquement tout vécu aux côtés de Gregg Popovich, sentant une nouvelle opportunité se présenter et un vrai virage à prendre dans leur carrière professionnelle. Le premier à Atlanta, le second à Philadelphie, deux hommes qui se côtoyaient sur le même banc mais débarquaient dans des situations nettement différentes. Des All-Stars potentiels d’une part avec un General Manager pondéré, des random de l’autre en compagnie d’un visionnaire quelque peu drogué. Aujourd’hui, Bud est acclamé alors que Brown est généralement hué. Logique ? Oui si on regarde les bilans de leurs équipes. Les Hawks dominent l’Est avec 10 victoires d’avance sur le second, les Sixers sont complètement à l’Ouest en n’ayant remporté que 15 matches sur 67. Ajoutez à ce triste bilan celui de l’année passée (63 défaites sur 82 rencontres) et vous obtenez suffisamment d’éléments pour envisager le terme “d’incompétent” concernant coach Brown. C’est simple, les blagues les plus originales rôdent au quotidien autour des Sixers, un jeu auquel nous avons très largement participé mais qui ne doit cependant pas effacer le travail remarquable effectué par certains.

C’est notamment le cas de Brett, ancienne star de Boston University, qui réalise ce que peu de collègues pourraient faire actuellement. Jetez les feuilles de match à la poubelle, rangez vos calculettes, là on vous parle de basket. De jeu, de ce qui se passe sur le terrain, de l’attitude avec laquelle les joueur abordent chaque match. Dans une spirale infernale imposée par son GM, les Sixers faisant notamment courir 25 joueurs différents cette saison (!), de nombreux coaches péteraient un plomb, ne pouvant contrôler leur vestiaire ou voyant de nouvelles têtes arriver chaque semaine. Système préparé autour de K.J McDaniels, trop tard. Comment utiliser JaVale McGee, oublie. Tu souhaites intégrer Alexey Shved, he’s gone. On a drafté Joel Embiid, pas touche. Dans un effectif où la moyenne d’âge actuelle est de moins de 24 ans, avec des nationalités différentes et des joueurs sans véritable expérience, Brown arrive à maintenir un semblant de solidité comme d’exemplarité en imposant une méthode particulière, sa méthode. Si vous ne vous bougez pas le cul, si vous ne faites pas l’effort pour l’équipe, ça sert à rien de venir, comme le témoigne Nerlens Noel.

Coach Brown fait un très bon boulot pour maintenir les gars motivés. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne lui doit pas forcément un gros effort quotidien, mais on le doit à nos coéquipiers. Et c’est lui qui a installé ça. On a une charte sur l’effort, donc tant que tu joues à fond tu peux rester sur le terrain. C’est devenu notre style, tout le monde s’y est collé.”

Certains pourraient associer cette idée d’effort au simple fait que la plupart des joueurs évoluant aux Sixers sont en candidature H24 pour un job. D’autres mentionneront davantage le fait que dans les quatre coins de la Ligue, si le bilan de Philly est assez marrant, leur identité l’est beaucoup moins : pour s’imposer au Wells Fargo, il faudra jouer 48 minutes car les jeunes garderont le pied sur l’accélérateur jusqu’au buzzer. Il suffit de voir un match de JaKarr Sampson et compagnie aujourd’hui pour apercevoir Brett Brown sur le côté, une feuille à la main, criant sur chaque possession, tapant des mains et claquant les fesses de ses poulains après une belle action réalisée avant un temps-mort. Ce côté paternel, cet esprit ‘à la NCAA’ qui colle assez bien à cette équipe, peu de coaches pourraient le tenir. Pendant que la cour des grands se pavane devant les McHale, Rivers et autres Stotts qui se gavent en grande partie grâce à l’effectif luxueux qu’ils possèdent, Brown montre une passion et une détermination remarquable (coucou Brad Stevens) pour un coach dont la situation est extrêmement compliquée. Certes, Brett fait son boulot pour quelques beaux millions de dollars, mais comment aller à l’usine avec le sourire et la même motivation tous les matins quand vous connaissez vos chances de succès, la stabilité de votre groupe et surtout la sécurité de votre boulot ? Car aussi beau soit le projet entretenu par l’entraîneur, ce dernier pourrait lui aussi avoir droit à un coup de guillotine fatal, quand Hinkie sentira que l’heure de la reconstruction sera terminée.

La situation est donc la suivante, pour Brett Brown comme pour les fans. Il y a de fortes chances pour que votre regard soit porté sur d’autres rencontres lorsque les Sixers lancent une nuit de basket chez l’Oncle Sam. C’est assez compréhensible quand on voit le bilan numérique, statistique, chiffrable et donc critiquable de Philadelphie. Mais si vous possédez un soupçon de curiosité et surtout une grosse bassine de passion pour le basket, n’hésitez pas à voir ce qui se passe dans la cité de l’amour fraternel. Être capable de motiver autant de jeunes joueurs quand votre bilan sur deux ans est de 115 défaites en près de 150 rencontres, c’est presque magique. Et quand on sait que le débat annuel autour du meilleur coach de la NBA évoque les noms de Dwane Casey ou de Scott Brooks, il y a de quoi se marrer dans la ville du cheesesteak. Imaginez l’espace d’un instant ce qui se passerait en demandant à un Rivers de gérer les Sixers, en filant à un passionné comme Brown les clés d’une Cadillac. Personne ne peut deviner l’avenir, mais notre petit doigt nous dit que les bilans seraient nettement différents des deux côtés, notamment dans le positif du côté de Los Angeles… Simple vérité en voyant l’énergie, le playbook et la passion proposée par ces deux hommes.

Dans un ou deux ans, les blagues sur Philly se transformeront en big love, les punchlines en aveux d’amour. On pourra attribuer cela à Joel Embiid et d’autres joueurs, ou bien à Brett Brown qui réalise un taff remarquable dans le plus grand merdier de ces 10 dernières années. Tant que Sam Hinkie le permet, les Sixers continueront à aller dans la bonne voie, aussi longue soit-elle…

Source image : RantSports


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