Russell Westbrook, l’OVNI qui continue de diviser

Le 05 mars 2015 à 18:52 par Nicolas Meichel

Russell Westbrook

Parfois, dans certaines situations exceptionnelles, on ne trouve plus les superlatifs pour décrire ce dont on est témoin. C’est ce qui se passe actuellement avec Russell Westbrook, qui est en train de défier l’histoire de la NBA soir après soir. Avec quatre triple-doubles d’affilée, il est devenu le premier joueur depuis Michael Jordan en 1989 à réaliser un tel exploit. Pourtant, malgré ses performances d’anthologie, le meneur d’Oklahoma City continue de diviser alors qu’il devrait mettre tout le monde d’accord. Étrange comme phénomène non ?

37 points, 13,5 rebonds, 10,5 assists de moyenne sur les quatre derniers matches, le tout avec quatre triple-doubles à la clé. Non, vous n’êtes pas dans un jeu vidéo ou sur le playground du coin, vous êtes juste en face d’un monstre. Ce monstre, c’est Russell Westbrook, meneur d’Oklahoma City et véritable extraterrestre de la balle orange. Actuellement, il ne rivalise pas seulement avec ses pairs mais tout simplement avec l’histoire de la NBA. Ses performances récentes le classent ni plus ni moins avec des légendes comme Michael Jordan, Pete Maravich, Larry Bird, Wilt Chamberlain, Oscar Robertson et Magic Johnson. Du beau monde quand même non ? Pourtant, il ne fait toujours pas l’unanimité. En effet, malgré ses exploits, Russell Westbrook continue à être critiqué par rapport à son jeu, comme cela est le cas depuis son entrée dans la grande ligue en 2008.

Russell WestbrookArrière de formation reconverti en meneur de jeu, Russell Westbrook fait partie de ces joueurs qui révolutionnent leur poste par leur style de jeu et leurs qualités hors du commun. Il est aujourd’hui le prototype même de cette catégorie de meneur hyper-athlétique axé avant tout sur le scoring. Dans le passé, nous avons déjà eu les Kevin Johnson et autre Steve Francis, mais personne dans l’histoire de la NBA (à part peut-être Derrick Rose avec des genoux) n’était doté d’une telle combinaison de vitesse et d’explosivité caractérisant le meneur d’Oklahoma City. Sa rage et son énergie font de lui l’un des plus grands compétiteurs de la ligue, et il prouve soir après soir à quel point il est spécial. Il est d’ailleurs en train de réaliser la saison la plus aboutie de sa carrière, lui qui tourne à des statistiques “LeBron-esques” de 27 points, 7 rebonds et 8,2 assists à 43,4 % au tir ! Dans la ligue depuis presque sept saisons, Russell Westbrook n’en finit plus de progresser et continue de repousser ses limites (reste à savoir s’il en possède) jusqu’à atteindre aujourd’hui un niveau de MVP. Mais malgré cela, on retrouve toujours les mêmes critiques le concernant. “Il shoote trop, il ne rend pas ses coéquipiers meilleurs (d’ailleurs ça veut dire quoi vraiment ça ?), il ne rentre pas dans le collectif, il fait trop d’ombre à Kevin Durant” et bla bla bla et bla bla bla. C’est le même refrain depuis une éternité et visiblement cela n’est pas prêt de changer puisque des remarques de ce type ont encore émergé aujourd’hui, juste après sa nouvelle performance historique. Le problème avec Russell Westbrook aux yeux de certains “fans”, c’est qu’il est incapable de se contrôler et qu’il force beaucoup les choses. Mais ces gens-là doivent comprendre à un moment donné que sa faiblesse fait aussi sa force. Alors oui, bien sûr qu’il a du déchet, bien sûr que ses tirs en première intention sont parfois “casse-croûtes”, mais cela fait partie intégrante de son jeu basé essentiellement sur un rythme complètement infernal qui donne parfois le tournis à son équipe mais surtout à l’équipe adverse. Contrairement à d’autres joueurs qui ont tendance à choisir leur moment (hello KD), Russell Westbrook est en attack mode tout le temps ! Il est toujours à 100 %, il ne triche jamais. Durant 48 minutes, il agresse l’adversaire sans réfléchir et c’est pour cette raison qu’il fait tellement mal. C’est son jeu, c’est sa personnalité. Aux États-Unis, on dit souvent qu’il faut prendre “le bon avec le mauvais” (“take the good with the bad”), alors pourquoi ne pas le faire avec Russ’ ? Aucun joueur n’est parfait, chacun possède des qualités et des défauts qui sont d’ailleurs souvent liés. Par exemple, si l’on prend le cas de Kobe Bryant, il est souvent critiqué pour son côté croqueur, mais que serait le “Black Mamba” sans cette confiance en soi, sans cette mentalité de tueur et sans cette envie d’agresser constamment la défense adverse ? Il ne serait tout simplement pas Kobe Bryant. C’est pareil avec Russell Westbrook, qui possède d’ailleurs beaucoup de similitudes avec la star des Lakers (même Kobe le dit). On peut également prendre l’exemple de LeBron James, qui contrairement aux deux autres est plus axé sur la passe et le jeu d’équipe. C’est ce qui fait sa caractéristique et qui le rend si spécial, mais cela lui a aussi joué des tours quand il fallait conclure des fins de matches serrées, peut-être parce qu’il n’était pas forcément dans sa zone de confort. En fin de compte, il faut tout simplement comprendre que chacun joue au basket comme il sait le faire. Inutile de vouloir changer le jeu de Russ’, il ne changera jamais, c’est comme ça qu’il perçoit le basket et ça lui réussit plutôt bien.

Élu meilleur joueur du mois de février, Russell Westbrook est en train de guider son équipe en PlayOffs en l’absence du MVP en titre Kevin Durant. Il évolue sur un véritable nuage et personne ne semble capable de l’arrêter. Si ses statistiques sont évidemment énormes, le meneur du Thunder représente bien plus que des chiffres. Il est le cœur et l’âme de son équipe, le leader, que KD soit là ou pas d’ailleurs. C’est lui qui donne le ton, c’est lui qui motive le groupe et qui transcende ses coéquipiers. S’il n’est peut-être pas aussi doué que Chris Paul pour gérer le tempo d’une attaque ou que Stephen Curry pour shooter, Westbrook possède ses propres qualités qui ne sont pas loin d’être uniques. Pour certains, il brille surtout individuellement, mais son impact sur son équipe est énorme, surtout sans Kevin Durant. Contrairement à la pensée collective, le meneur d’OKC est capable d’impliquer ses teammates et de faire les bons choix à la passe quand c’est nécessaire. S’il n’est évidemment pas un pass-first player, il est clairement sous-estimé dans ce domaine-là. Alors oui, il ne sera jamais ce meneur traditionnel à la John Stockton que tout le monde semble tant apprécier, mais il sera pour toujours Russell Westbrook, ce joueur de basket fabuleux qui semble venir d’une autre planète que la nôtre.

Alors avant de critiquer à tout va et chercher ce qui cloche chez Russell Westbrook, il vaudrait mieux se rendre compte à quel point ce joueur est exceptionnel. Soir après soir, il défie l’histoire de son sport et rivalise avec les plus grands. Nous sommes en face d’un phénomène, un OVNI du basket qui est en train de tout détruire sur son passage. Appreciate greatness !

Sources images : posterizes.com / USA Today


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