Steve Francis, du rêve au cauchemar

Le 21 févr. 2015 à 19:30 par Nicolas Meichel

Il était l’un des joueurs les plus excitants de sa génération. Multiple All-Star, leader des Houston Rockets au début des années 2000, Steve Francis a commencé sa carrière NBA sur les chapeaux de roues. Malheureusement pour lui, cela n’a pas duré. Que ce soit sur les parquets ou dans sa vie personnelle, la chute a été brutale pour celui qui était autrefois surnommé “The Franchise”.

Passé aux oubliettes, Steve Francis fête aujourd’hui ses 38 ans. Le basket semble définitivement terminé pour lui, alors qu’il y a à peine une décennie, il était encore considéré comme l’un des meilleurs meneurs de la ligue. Drafté à la seconde place en 1999 par Vancouver, il a connu une ascension express au sein de la plus grande ligue du monde, avant de s’écrouler tout aussi rapidement. Sa vista, ses qualités de dribbleur et son explosivité avaient fait de lui l’un des joueurs les plus appréciés des fans au début des années 2000.

Steve Francis

Quand Steve Francis était encore “Stevie Franchise”

Steve Francis, c’était Derrick Rose et Russell Westbrook avant l’heure. A l’image de ces derniers, il était ce genre de meneur capable de monter sur les géants adverses. Avec du dribble plein les mains et de la dynamite dans les jambes, Francis était l’un des joueurs les plus spectaculaires de la NBA durant ses meilleures années. Arrivé dans la ligue en 1999 sous fond de polémique (il avait refusé de jouer pour les Vancouver Grizzlies), “The Franchise” a connu son heure de gloire dans le Texas, à Houston. Co-rookie de l’année avec Elton Brand, il était devenu le symbole des Rockets au début du nouveau millénaire. Mieux, il représentait cette nouvelle espèce de point guards, basés avant tout sur leurs qualités athlétiques. Invité au Slam Dunk Contest 2000, sa performance restera à jamais dans l’ombre de celle de Vince Carter. Pourtant, il avait lui aussi proposé un show exceptionnel. Du haut de ses 191 centimètres, Francis avait enflammé Oakland avec plusieurs smashs exceptionnels, lui permettant de finir second derrière “Vinsanity”. Logiquement, sa côte grimpe rapidement au sein des fans (il se retrouve également sur la cover du célèbre jeu vidéo NBA Live, preuve de sa popularité), et il sera sélectionné par ces derniers dès 2002 pour participer au All-Star Game. Pendant trois années de suite, il fera partie des titulaires du match des étoiles, aux côtés des Kobe Bryant, Tim Duncan et autres Kevin Garnett. Cependant, malgré les récompenses individuelles et des statistiques personnelles de haut-niveau (il faisait quand même du 21 points, 6 rebonds, 6 assists de moyenne !), Steve Francis n’arrivera pas à guider les Rockets en PlayOffs avant 2004. Pourtant, avec Cuttino Mobley comme collègue de backcourt et Yao Ming dans la raquette, Houston possédait une équipe plutôt solide. Cette année-là, Steve Francis jouera pour la première et la dernière fois de sa carrière les séries éliminatoires (un petit tour face aux Lakers et puis s’en va). Et paradoxalement, c’était sa pire saison sur le plan individuel, en tout cas au niveau statistique (“seulement” 16 points de moyenne). Le départ de Rudy Tomjanovich au profit de Jeff Van Gundy en 2003 n’a pas été très bien digéré par Steve, dont le style de jeu un peu fou fou ne correspondait pas à la philosophie du nouveau coach des Rockets, adepte d’un jeu plus posé et traditionnel. Avec “Rudy T.”, il avait les clés du camion et une liberté totale. Avec Van Gundy, il était plus ou moins bridé, vu que l’attaque tournait de plus en plus autour de Yao et du ball movement. Du coup, à l’été 2004, Francis se retrouve au cœur d’un trade XXL (6 joueurs impliqués) l’envoyant à Orlando en échange de la superstar Tracy McGrady.

Steve Francis

Sur la gauche, voici Steve Francis en 2014…

A partir de là, c’est le début d’une descente aux enfers qui se prolonge aujourd’hui encore. Déçu de devoir quitter la ville et la franchise où il a explosé, Steve Francis est amer et a du mal à s’en remettre. S’il continue à réaliser de bonnes performances individuelles en Floride, le nouveau meneur du Magic traîne sa misère, visiblement pas très heureux de se retrouver à Orlando. Après seulement une saison et demie, il change à nouveau d’équipe puisqu’il est transféré à New York, en plein marasme Larry Brown. Victime de nombreuses blessures et de son égo surdimensionné, Steve Francis n’est plus que l’ombre de lui-même. Incapable de changer son jeu et sa mentalité, il s’enterre rapidement et se ferme les portes de la NBA. Le 15 décembre 2007, il joue son dernier match en carrière (sous le maillot de Houston, où il avait effectué une dernière pige) seulement huit ans après être arrivé dans la ligue. L’aventure basket est terminée (il fera tout de même un petit voyage en Chine en 2010), mais pas sa chute. En dehors du terrain, Steve Francis craque complètement et perd les pédales. Probablement sujet à des soucis d’alcool et de drogue, il devient méconnaissable physiquement. Les photos de lui diffusées sur Internet, qui sont d’ailleurs assez récentes, sont inquiétantes et soulèvent de nombreuses questions par rapport à son style de vie. Si personne ne sait vraiment ce qui lui arrive en privé, il semble clair que Francis ne va pas bien du tout depuis un bon bout de temps, à l’image de ces nombreuses personnes tombées dans l’anonymat après avoir connu la gloire.

Tel Stephon Marbury et à un degré moindre Allen Iverson, Steve Francis fera partie pour toujours de cette catégorie de mecs ultra-talentueux qui sont passés rapidement du rêve au cauchemar, à cause notamment de leur égo. S’il se retrouve aujourd’hui dans une situation difficile, l’ancien meneur des Fusées sera pour toujours considéré comme “Stevie Franchise”, ce sacré basketteur qui aura marqué de son empreinte le début des années 2000.

Le Top 10 de Steve Francis à Houston, fait par la maison

Source image : vk.com / pinterest.com / deadspin.com