Le mérite et les sélections au All-Star Game, une mixture pestilentielle pour une cause futile
Le 30 janv. 2015 à 17:42 par Leo
Avant de faire éclater tout préjugé coriace ou mensonge inavoué au cœur de la NBA grâce à une encre du terroir et une plume aux bonnes senteurs du maquis, cette rubrique a cappella aux inspirations insulaires se bat elle aussi pour son indépendance et ne reflète aucunement l’avis totalitaire de la Rédaction qui altère ses penchants nationalistes. A consommer exceptionnellement sans risque de représailles ou de soumission à toute forme d’omerta. CD d’I Muvrini conseillé en fond sonore, accompagné par une traditionnelle assiette de charcuterie en parfaite symbiose avec l’essence musclée de son fromage. Corse, de toute évidence…
Au milieu d’une nuit feutrée qui s’apprêtait à recevoir gracieusement quelques giboulées de la discorde, aujourd’hui sont tombés les choix si controversés, fomentés par les coaches, afin de déterminer quels seront les heureux élus qui serviront de doublures prestigieuses aux cinq majeurs du prochain All-Star Game new-yorkais (pour la liste complète des deux Conférences, c’est ici et surtout ici)…
Sans pouvoir retenir leurs émotions, nombreux sont ceux qui ont une fois encore crié à l’injustice la plus virulente en constatant, ridiculement révoltés, que certaines stars de notre impitoyable Grande Ligue “méritaient” de s’y trouver plus que d’autres. Ah oui, le mérite… Ce “lion aux dents impuissantes”, ce concept merdeux qui gangrène la formulation de notre sens critique au nom de l’objectivité. Forcément, cachons-nous dans ces moments fugaces, enfants d’un événement fade qui perd saison après saison de sa singularité originelle, derrière l’impartialité immanente des chiffres produits jusqu’alors par les laissés-pour-compte qui resteront bien sagement chez eux à jouer à l’Action Man et à la Barbie avec leurs mômes ou qui feront compulsivement du lèche-vitrine pendant cette semaine marketing de la mi-février, pourtant destinée à la base à préserver le “repos des guerriers”.
Expliquez-moi les yeux dans les yeux l’intérêt de ce miaulement collectif, de cette défense inoffensive, pseudo-militante et méritante des Damian Lillard ou DeMarcus Cousins, négligés comme on ne le cesse de le marteler par des “escrocs”, des bêtes immondes de la journée telles que Chris Paul, Russell Westbrook et Tim Duncan (te sauve pas comme ça mon Timmy, y’aura pas d’immunité non inscrite pour toi ; oui, tu vas prendre comme tes petits camarades, même si c’est possiblement l’année de ton jubilé. Fais-moi confiance pour la fin de l’année…). Ah d’accord, parce que ce sont eux les escrocs maintenant ? A chaque nuit que la NBA modèle, on les encense et quand ils sont primés pour leurs performances au profit d’autres tout aussi performants, on leur crache dessus à cause d’une sélection taillée sur mesure par une poignée de corporatistes, promulgués pour ce faire. Par pitié, soyons réfléchis et ne nous trompons pas de coupables à rouler dans la boue. Je sais pertinemment qu’on fait référence au mérite mais quand même..! Ce sont eux les vrais escrocs, pas les joueurs d’une même famille qui se battent régulièrement à la fois pour leur minuscule personne et pour la grandeur de leur écurie, quand bien même ce dernier principe mentionné possède encore une signification, quand ils sont seuls devant leur miroir déformant…
Alors que l’on croît défendre en l’occurrence ces victimes oubliées d’un système façonné par un favoritisme arbitraire et les manigances d’un népotisme avéré (les Rivers, je vous vois), notamment en ces temps de polémiques superficielles pour un match de gala chiant à mourir, ce même mérite pervers nous pousse à nous prendre de passion pour une ligne égocentrique sur le CV d’un acteur du jeu, pour une étoile d’All-Star qui ne brille plus que pour les besoins d’une gigantesque opération commerciale dont ils ne sont que des pantins articulés depuis le haut de l’écran. Par ailleurs, si l’on prend la peine d’analyser cette triste situation, je persiste et signe, à mon humble niveau, qu’il vaut mieux éviter par tous les moyens d’aller à ces réunions anesthésiantes pour les consciences fragiles de supporters crédules et mettre davantage toutes les chances de son côté pour coudre, à l’aiguille encore brûlante et tout au long des PlayOffs haletants qui s’en viennent, la bouche d’observateurs bien-pensants, auto-proclamés propagateurs de la bonne parole et de l’objectivité la plus incorruptible. Là est la vraie consécration, la véritable victoire du gladiateur humble et apaisé, préférant le triomphe immatériel obtenu grâce à sa force de caractère et son abnégation au bout de la bataille que l’attirance incessante à un matérialisme purement virtuel, illusoire et fauteur de troubles avec ses récompenses individualistes qui détournent le joueur de son réel combat à mener, autrement dit celui du cœur des amoureux de sa profession à conquérir.
En un mot, Damian, DeMarcus et vous, les autres abandonnés sur le trottoir de ce All-Star Game tant décrié, n’y accordez aucune espèce d’importance. Laissez vos comparses suavement sélectionnés cette saison se pavaner et faire les clowns au Madison Square Garden dans des maillots dignes d’un papier-peint de toilettes de mauvais goût. Prenez du bon temps avec les vôtres, vous ferez partie de cette fiesta abjecte une autre fois. Don’t worry : vos fans, quant à eux, ne vous oublieront pas…
Source image : Artkor7 pour TrashTalk