Playoffs Revival : Zeke et ses Bad Boys atteignent enfin le Graal

Le 30 avr. 2014 à 16:00 par David Carroz

Source : Clutch-23

Isiah Thomas fête ses 53 ans aujourd’hui. En cette occasion nous avons décidé de revenir sur les Finales de 1989 pendant lesquelles “Zeke” et ses Bad Boys ont sweepé les Lakers de Magic et ont ainsi obtenu leur premier titre après plusieurs campagnes inachevées. Isiah Thomas est le joueur le plus talentueux à avoir porté le maillot des Pistons sous lequel il a participé à 1 090 matchs, saisons régulières et Playoffs inclus, ce qui est le plus grand total dans l’histoire de cette franchise mythique. Oui déjà, rien que ça, ça pose un bonhomme. 

En 13 saisons NBA (toutes à Motor City), Zeke est également devenu le scoreur (18 822 points), le passeur (9 061 passes décisives) et l’intercepteur (1 861 vols) le plus prolifique de tous les temps aux Pistons. Oui, ça aussi, ça pose un bonhomme ! Isiah Thomas n’a pas seulement marqué l’histoire de Detroit, il a laissé son empreinte sur la NBA en général. Il a été l’un des meilleurs meneurs de sa génération et même de tous les temps. 12 fois All Star (dont deux fois MVP du All Star Game), 2 fois champion (1989 et 1990) dont une fois en étant MVP des finales (1990), meilleur passeur de la ligue en 1984-85 (13,9 passes décisives par match), Isiah était un génie technique doublé d’un véritable tueur mentalement. Un “petit” joueur (1m85) aux dribbles démoniaques, au sens de la passe inné, à la créativité sans limite et aux drives insaisissables qui a alimenté la chronique tout au long de sa carrière aussi bien par son côté génial sur les parquets que par son côté provocateur, bagarreur et parfois même vicieux. Un joueur qui était un vrai capitaine, un franchise player à part entière.

Et si en 1989, Joe Dumars a volé la vedette à son meneur en réalisant des Finales fabuleuses au bout desquelles il a été élu MVP, Isiah Thomas n’en était pas moins le patron, le big boss de cette unité des forces spéciales qu’étaient ces Pistons dont le style était basé sur une grosse défense façon boucherie extrêmement rugueuse avec, en revanche, un collectif limité en attaque mais tout de même agrémenté de la créativité de Thomas. Car si ces Bad Boys ont gagné deux titres d’affilée, dont celui-ci en 1989, ce n’est pas uniquement en cassant des bras ou des nez, c’est aussi, et principalement parce qu’ils formaient un groupe uni et prêt à tout pour gagner dans le sillage de Zeke, leur leader qui, cette année-là, a pu enfin célébrer comme il se doit un titre de champion. En apothéose…

Le contexte – une défaite à digérer pour les Pistons

Au début de la saison 1988-89, les Pistons sont des habitués des batailles de la post season et ils ont faim de reconnaissance. Leurs duels face aux Bulls et aux Celtics figurent parmi les plus âpres que la NBA ait proposé. L’année précédente, ils ont réussi à se défaire de leurs rivaux. Malheureusement, ils chutent sur la dernière marche en perdant 4-3 face aux Lakers en finale. Ils sont persuadés de faire partie de l’élite de la NBA, même si leur style de jeu ne plait pas à tous. Les Bad Boys sont avant tout des guerriers qui ne refusent jamais le duel physique. Au contraire, ils ont même tendance à déplacer les matchs sur ce terrain de l’engagement. Il faut dire qu’avec John Salley, Dennis Rodman Rick Mahorn ou encore Bill Laimbeer, l’effectif de Chuck Daly a du répondant. C’est d’ailleurs cette défense rugueuse et intimidante qui leur vaut ce surnom de Bad Boys, rien à voir avec Will Smith et Martin Lawrence qui auraient au mieux servi de petit déj’ à Laimbeer.

Si la défense est solide, on ne peut pas en dire de même du côté offensif. À la peine en début de saison en attaque, les Pistons vont trader leur meilleur marqueur au moment du All Star Game. Adrian Dantley, pourtant très apprécié des fans, et ses 18,4 points de moyenne sont envoyés à Dallas en échange de Mark Aguirre. Le nouveau joueur des Pistons n’a jamais tourné à moins de 18,7 points de moyenne, et cette marque date de sa saison rookie. 1er choix de la draft 1981, il est proche d’Isiah Thomas et il va former avec le meneur et Joe Dumars un back court plus dynamique. Et même si sa moyenne de points chute (de 21,7 à Dallas à 15,5 à Detroit), son apport va permettre aux Bad Boys de finir la saison en trombe pour terminer en tête de la ligue après un 30-4 pour conclure. Ils arrivent donc en Playoffs avec l’avantage du terrain grâce un bilan de 63 victoires pour 19 défaites. Avec 106,6 points par match, ils ont la 16ème attaque de la ligue, et la seconde défense avec 100,8 points d’encaissés.

Le parcours – en apothéose

Les choses sérieuses peuvent alors commencer. Quoi de mieux dans ce cas que se frotter à ses rivaux de Boston pour être tout de suite dans le vif du sujet ? Pour la quatrième fois au cours des 5 dernières saisons, Celtics et Pistons vont en découdre en Playoffs. À Beantown, personne n’a de respect pour ces “brutes sans classe” que sont les Bad Boys. Ce n’est pas grave, un sweep plus tard les C’s rentrent chez eux et n’ont plus à se soucier des joueurs de Motor City. Place alors aux Bucks de Milwaukee. Là encore, le duel n’a pas lieu. 4-0 pour Detroit, victoire nette et sans bavure. Les coéquipiers d’Isiah Thomas se sont même permis le luxe d’être menés de 21 points lors du Game 4 avant de finalement l’emporter. Histoire de se donner un peu de challenge, ça devenait trop facile. Next level.

C’est au tour des Bulls de Chicago de se présenter face aux Bad Boys. Si les Celtics n’aimaient pas les Pistons, que dire du sentiment des coéquipiers de Jordan pour leurs adversaires lors de cette finale de conférence… Les joueurs se haïssent, et la série s’annonce explosive. MJ annonce la couleur. Lui qui règne sur le royaume des scoreurs pour la troisième saison consécutive déclare que si les Bulls remportent le Game 1 au Palace, ils iront en finale. Victoire de Chicago à Detroit 94-88. Chitown peut-elle mettre à mal les rêves de grandeur des Pistons ? No way. Les Bulls sont forts, mais pas assez pour prendre le dessus sur la défense des Bad Boys. La machine à broyer les adversaires se met en marche, et les Jordan Rules imaginées par Chuck Daly vont être appliquées à la lettre (Pour rappel, un résumé des Jordan Rules serait : le jouer durement, lui proposer constamment un duel physique et de varier la défense sur lui de manière à lui faire perdre ses repères. Et surtout l’empêcher d’accéder au cercle, ce qui peut se traduire par le descendre à la moindre pénétration). Le front court des Pistons maltraite celui des Bulls en l’intimidant. Chicago est encore trop tendre pour rivaliser, les Bad Boys poursuivent leur route en 6 matchs. Ils auront droit à une revanche face aux Lakers.

Des Lakers bien évidemment emmenés par le MVP de la saison régulière, Magic Johnson, entouré de Kareem Abdul-Jabbar et James Worthy. Les Angelinos se voient déjà champions, les t-shirts avec la mention three-peat sont déjà imprimés et ils avaient annoncé dès le début de la saison qu’ils voulaient offrir un 7ème titre à Abdul-Jabbar en guise de cadeau de départ à la retraite. Mais premier coup dur, ils perdent Byron Scott sur blessure avant même le premier match de la série. Assez pour faire douter les hommes de Pat Riley ? Réponse dès le Game 1, avec la victoire des Pistons 109-97. Mais lors du Game 2 les Lakers semblent pouvoir prendre le contrôle de la série, jusqu’à ce qu’ils perdent de leur magie… En revenant sur une contre-attaque de Detroit, Magic se blesse à son tour. Et sans son duo du back court, L.A. ne fait plus le poids. Dans le sillage des 33 points de Joe Dumars, les Bad Boys remportent la deuxième manche 108-105. Magic tente en vain de revenir pour le Game 3, mais il ne peut jouer plus de 5 minutes. S’en est trop pour les Lakers, qui ne peuvent rivaliser malgré un Kareem Abdul-Jabbar qui semble avoir plongé dans la fontaine de Jouvence. Ses 24 points et 13 rebonds permettent à Los Angeles de rester dans le match, amis les 19 rebonds et 31 points de Dumars, sans compter un énorme contre de ce dernier à 13 secondes de la fin du match donnent la 3ème victoire consécutive aux Pistons. Le sweep est proche, et il est confirmé quelques jours plus tard, quand Detroit va résister aux 40 points de James Worthy pour s’imposer 105-97 et offrir le premier titre NBA à Motown. Joe Dumars est MVP alors que Zeke cache quelques sanglots dans sa serviette sur le banc. Les Bad Boys ont triomphé du Showtime, et ils sont prêts à remettre ça dès l’année suivante.

La suite – back-to-back

Et ils vont remettre ça en effet dès la saison suivante, avec le même noyau et les mêmes méthodes. Ils terminent seconds de la ligue (59-23) derrière les Lakers (63-19), ce qui leur permet de garder l’avantage du terrain à l’Est. Ils en auront bien besoin puisqu’après avoir éliminé les Pacers (3-0) et les Knicks (4-1), ils vont lutter jusqu’au Game 7 pour sortir les Bulls en finale de conférence, chaque équipe remportant tous ses matchs à domicile. Ils réalisent ensuite le back-to-back en battant les Blazers 4-1, le trophée de MVP des Finals revenant cette fois-ci à Isiah Thomas.

La saison 1990-91 verra les Bulls et les Celtics finir avec de meilleurs bilan. Mais en Playoffs, les Pistons retrouvent leur intensité et se qualifient pour la finale de conférence. Ils sont sweepé par Chicago, en route pour le premier titre de Michael Jordan. Les Bad Boys commencent à être usés, et en 1992-93, ils ratent les Playoffs. C’est alors la fin de cette équipe qui aura marqué l’histoire.

 


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