Playoffs Revival : le 20 avril 1986, Dieu déguisé en Michael Jordan

Le 20 avr. 2014 à 11:07 par David Carroz

Playoffs Revival Michael Jordan 63 points
Source image : Youtube

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde plus que d’un œil discret ces rencontres sans véritable enjeu. Entre les joueurs mis au repos, les coaches qui testent des rotations et les équipes qui tankent, difficile de vibrer avec intensité. Pour vous aider à patienter, petits retours sur les grands moments de l’histoire des PlayOffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs. 

Aujourd’hui, place à la plus grande performance offensive de l’histoire des Playoffs. Le 20 avril 1986, les Bulls de Michael Jordan rencontrent les Celtics de Larry Bird, Game 2 du premier tour. Ce jour là, His Airness”va réaliser face à une des meilleures défense de la ligue un carton offensif encore inégalé, et probablement inégalable. 63 points plus tard, il fera dire à Larry Legend :

“Je ne pensais pas que quelqu’un pourrait faire ce que Michael nous a fait. Il est joueur le plus incroyable et spectaculaire à l’heure actuelle. Je pense que c’était juste Dieu déguisé en Michael Jordan.”

Retour sur ce match de légende, avec en bonus un résumé exclusif proposé par Clutch23.

Le contexte – Celtics invincibles, Bulls boitillants

En 1986, les Boston Celtics sont en mission. Ils veulent récupérer le titre perdu l’année précédente face aux rivaux des Lakers. Ils règnent sur la saison régulière en remportant 67 matchs, et surtout en ne concédant qu’une défaite chez eux. Une des meilleures équipes de l’histoire de la NBA, avec un Larry Bird MVP et Bill Walton en Sixth Man of the Year. Ils attaquent donc les Playoffs avec l’avantage du terrain en étant invincibles – ou presque – sur leur parquet. Le capital confiance est élevé au moment d’affronter les Chicago Bulls au premier tour. Des Bulls qui sont eux qualifiés de justesse pour la post season avec un bilan bien affreux de 32-50 qui ferait passer les huitièmes spots de la Conférence Est actuelle pour des terreurs. Ils gagnent donc le droit de se faire désosser par les C’s. À leur décharge, ils ont dû composer sans Michael Jordan quasiment toute la saison. Pour sa deuxième année en NBA, il se blesse au bout de 3 matchs. Verdict : fracture d’un os du pied, fin de saison. Finalement, il revient quinze rencontres avant les Playoffs. Suffisant pour qualifier les Bulls, mais sans espoir de pouvoir rivaliser face aux Celtics.

Le Game 1 confirme cette idée. Boston bat Chicago 123 à 104, avec 4 joueurs à plus de 20 points (Bird 30, McHale 27, Johnson 26, Parish 23). En face, Michael Jordan est un peu seul. Il cartonne, 49 points, mais en vain. Dennis Johnson, pourtant un défenseur réputé, en prend plein la vue. Même si les Celtics décident de lui interdire l’accès à la raquette, il s’en sort avec des tirs à mi distance, alors que ses adversaires ne l’attendaient pas. Et contrairement à ce qu’annonce Kevin McHale, ce n’est qu’un début.

“Cela ne se reproduira plus.” – Kevin McHale à propos de la performance de Michael Jordan.

Car après cette prestation, Jordan remettra ça trois jours plus tard.

La performance – plus grand nombre de points marqués sur un match de Playoffs

Le 20 avril, les Bulls se présentent pour le deuxième match à Boston. Toujours loin d’être favoris, mais l’attente d’un exploit de Michael Jordan se fait sentir. Il doit lui même calmer un enthousiasme un peu trop débordant concernant sa capacité à faire la différence tout seul et donner la victoire à Chicago.

“Je ne pense pas qu’un (seul) joueur puisse battre les Celtics.”

Et pourtant, le festival reprend pour cette deuxième rencontre. Même avertis, les joueurs de Boston n’arrivent pas à canaliser Jordan qui continue à rentrer ses jump shots. Larry Bird lui tient tête en alimentant le score pour Beantown, alors que MJ est inarrêtable en 1 contre 1. Son défenseur attitré, toujours Dennis Johnson, ne finira pas le match. Fouled out. Alors que Jordan atteint les 40 points, les C’s commencent à défendre de manière collective sur lui. Mais le 23 continue son festival. Il reste quelques secondes à jouer, Boston mène de 2 points. Jordan remonte la balle et tente un tir primé, mais son pied est sur la ligne, et il rate sa tentative. L’arbitre signale une faute. Plein de sang froid, MJ arrache la prolongation avec les deux lancers francs. Déjà 54 pions pour lui.

Lors de l’overtime, il en rajoute 5 de plus. Il est alors à 2 points du record d’Elgin Baylor datant de 1962 (déjà contre les Celtics). Après un échec de Bird, les deux équipes font durer encore le plaisir avec une deuxième prolongation. En égalisant à 131 partout au cours de celle-ci, Michael Jordan atteint le barre des 63 points. Irréel. Mais insuffisant car les Bulls ne marqueront plus et perdront le match 135-131. Non, un seul joueur ne peut pas battre les Celtics. Même en marquant 63 points à 22/41 aux tirs et 19/21 aux lancers francs, accompagnés de 5 rebonds, 6 passes, 3 interceptions et 2 contres. À tout juste 23 ans, Michael Jordan est déjà entré dans l’histoire.

On voit bien le combat entre les C’s et Jordan, qui se rendent coup sur coup dans ce match exceptionnel. Les expérimentés McHale, Ainge, Bird ou Parish ont du mal à réaliser la résistance que leur offre le #23.

La suite – le titre pour Boston, l’avenir pour Chicago

Forcément, Michael Jordan est couvert d’éloges après sa prestation. En plus de la réaction de Larry Bird restée pour la postérité (“Dieu déguisé en Jordan”), les autres joueurs donnent aussi leur impression. Pour John Paxson (4 points ce jour-là) :

“Michael faisait tant et si bien que je me suis trouvé voulant juste le regarder, (et pourtant) je jouais…”

Alors que son adversaire Danny Ainge reconnaissait le talent de MJ :

“Tout le monde savait que Michael était un excellent joueur, mais je pense que c’est la première fois que tout ce monde réalise à quel point il est grand.”

Mais cela ne suffit pas. Les Bulls ont perdu, et c’est en larmes que Jordan montera dans le bus pour quitter la salle. Car même avec cette performance historique, réalisée dans une salle imprenable face à l’une des meilleures équipes de tous les temps, suite à une saison quasi blanche pour cause de blessure, il n’a pas pu remporter la victoire. Cruelle désillusion.

Les Bulls s’inclineront ensuite lors de leur retour à Chicago, et Jordan n’inscrira que 19 points lors de ce dernier match. Avec ce sweep, les Celtics sont en route pour le titre. Ils atteindront leur objectif avec brio.


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