The Decision : comment LeBron James a changé la NBA

Le 16 mars 2014 à 19:35 par Clément Hénot

Source image (probablement la plus belle qu'on ait jamais dû citer) : scalabrinealert.com

Jeudi 8 juillet 2010 à 3h28, heure française, LeBron James révèle à plus de 13 millions de téléspectateurs à travers un show intitulé “The Decision”, qu’il jouera pour le Heat de Miami à partir de la saison 2010-2011, et ce pour les 4 prochaines années, après 7 ans de bons et loyaux services aux Cleveland Cavaliers, la franchise qui l’a drafté en 2003. A ce moment-là, LeBron James ignore encore qu’il va bouleverser le fonctionnement de la NBA, remettre en question certains de ses codes, et malheureusement s’attirer la haine de nombreuses personnes.

En décidant de signer à Miami, pour rejoindre ses potes Chris Bosh, qui débarque ainsi en même temps que lui, et donc Dwyane Wade qui a fait toute sa carrière au Heat, James participe à un projet qui aura bouleversé la NBA contemporaine. A une époque où les franchises sont encore souvent composées d’une seul star, et parfois de son bras droit, le Heat de Miami se retrouve avec 3 superstars qui étaient des franchise players dans leurs équipes précédentes. Les trois larrons ont dû consentir à des sacrifices financiers pour unir leurs forces à South Beach. Retour sur un épisode qui aura changé la donne dans le monde de la baballe orange.

La fidélité, quelle fidélité ?

Bien au-delà de cet amas de stars dans une seule équipe, à propos duquel nous reviendrons, c’est évidemment la manière qui aura fâché beaucoup de personnes. Car si LeBron n’a jamais été suffisamment bien entouré chez les Cavs, ce n’est pas faute d’avoir tout fait pour gagner, Mo Williams et Antawn Jamison ont beau être de bien braves bêtes, mais c’est pas avec ça qu’il allait gagner un titre le pépère, et puis bon, le Shaq était cramé. Malgré tout, LeBron a réussi à aller en Finales en 2007, mais les pauvres Cavs se sont mangés un sweep retentissant par les Spurs de “TonyPi”.

Nous pouvions également concevoir qu’il souhaite partir de la galère de son Ohio natal pour, non seulement profiter du soleil floridien, mais également gagner des titres avec ses deux potes tout en profitant de l’absence d’impôts en Floride, et surtout, il avait bien le droit de partir hein, c’est normal de vouloir quitter sa région natale un jour, t’imagines toi, rester à Roubaix juste parce que t’y es né ? Non pas forcément, et tant mieux.

En parallèle on aura beau dire que David Stern était ultra strict, il n’allait pas lui interdire de changer d’équipe, ce n’est pas possible. De plus, “ElBiJi” pouvait aussi être lassé de vivre dans le même état américain depuis sa naissance. Et ça, même ses plus grands haters (et Dieu sait qu’ils sont nombreux) ne peuvent pas lui enlever.

Donc par là, LeBron aura soulevé une grande question : faut-il absolument être fidèle à une seule franchise, car si des joueurs comme Reggie Miller ou John Stockton ont passé toute leur carrière dans une même franchise, et que ça a souvent été vanté chez eux, ils n’ont gagné aucun titre. Prenons maintenant l’exemple de Kevin Garnett, aurait-il été champion s’il avait passé toute sa carrière chez les T’Wolves ? Rien n’est moins sûr…

D'après l'INSEE, cette image aurait provoqué une vague de suicides dans l'Ohio

D’après l’INSEE, cette image aurait provoqué une vague de suicides dans l’Ohio

La com’ : faites attention les gars

En revanche, la façon dont son départ s’est déroulé a de quoi faire grincer des dents : le fait de révéler à la télévision son souhait de partir de sa franchise de toujours pour le Heat en tant que free-agent aura été vécu comme une trahison par tous les fans de Cleveland, comme une preuve d’égoïsme pour d’autres fans de NBA, et comme une normalité pour les adorateurs de l’Elu.

Meme s’il a souvent répété qu’il ne regrettait pas d’avoir rejoint le Heat, LeBron James a confié qu’il ne referait pas un tel cirque médiatique autour de sa future équipe, en effet, il avait préservé un suspense entier à l’aide de nombreuses déclarations parfois maladroites, et il n’aura tenu les Cavs informés que quelques heures avant le début du show. Pire, après avoir déclaré qu’il ne quitterait pas Cleveland sans y avoir gagné un titre, il en promet “…Not five, not six, not seven” mais bien HUIT titres au Heat de Miami, juste après, Chris Bosh révèlera très naïvement que les trois compères de la draft 2003 qu’ils étaient d’accord depuis de longs mois.

James aura été imité les mois suivants par des joueurs comme Carmelo Anthony ou Chris Paul qui ont quand même pu pousser à bout tous les fans de NBA avec leurs velléités de départ incessantes, mais ils ont quand même soigné un minimum leur communication (je dis bien un minimum, parce qu’on s’en serait bien passé, du MéloDrama), et ont tout fait pour ne pas laisser leur ancien club dans la mouise. D’autres comme Dwight Howard n’en ont pas eu grand chose à foutre, laissant les Lakers sans contrepartie, le tout en nous les ayant brisées menu avec le DwightMare.

LeBron James aura donc clairement affecté sa cote de popularité à l’époque, non seulement pendant ce show, mais également après, ou il souhaitait très souvent tirer la couverture à lui. Aujourd’hui, James semble être conscient de ses erreurs passées, on ne sait pas si c’est un vrai changement, ou juste un agent de communication qui a progressé, mais les titres parlent pour lui désormais. James a fait remonter sa côte d’amour auprès des supporters ces derniers temps, peut être grâce à ses deux Titres de champion et de MVP des Finales, ah la NBA, ce monde d’opportunistes.

Apparemment, Le Daily News n'apprécie que moyennement LeBron James.

Apparemment, Le Daily News n’apprécie que moyennement LeBron James.

Les stars : ce qui se ressemble s’assemble

Depuis cette association de trois probables futur Hall-Of-Famers dans une même équipe, il est évident que la donne n’est plus la même, loin des années 90 et même 2000, où chaque équipe possédait un Franchise-player et parfois son lieutenant, à la manière de Michael Jordan et Scottie Pippen, sans qui His Airness n’aurait probablement jamais eu un tel succès. James en a probablement eu marre d’avoir un Mo Williams dans le même rôle qu’un Pipp’, et on le comprend.

Bien entendu, les Tres Amigos sont loin d’être le premier “Big Three” de l’histoire de la NBA, mais il est probablement le premier à s’être formé de la sorte, c’est à dire par le biais de la free-agency, auparavant, les équipes cherchaient beaucoup à bâtir leur équipe grâce aux trades avec d’autres équipes.

Aujourd’hui, beaucoup de stars se sont rassemblées dans d’autres franchises, que ce soit via un trade, ou via le marché des free-agents, on pense notamment aux Knicks qui ont signé Stoudemire, puis chipé Anthony aux Nuggets, on pense également aux Nets, qui ont acquis Deron Williams, puis Joe Johnson, avant de mettre la main sur deux des trois larrons de l’ancien Big Three des Celtics, ou encore les Clippers, qui ont chouré Chris Paul aux anciens Hornets, profitant au passage du râteau mis par David Stern aux Lakers pour le récupérer.

Ces stars prêtes à tout pour avoir un titre, et qui pensaient, probablement à raison, qu’elles ne pourraient pas en avoir dans la franchise de leurs débuts, ont donc suivi la voie du King, l’avenir dira s’ils ont fait le bon choix, mais une chose est sûre : ces autres stars ont souhaité rejoindre leurs potes pour concurrencer la possible dynastie du Heat de LeBron James.

Les gros marchés à l’honneur

Mais aujourd’hui, grâce à cette décision, la NBA a pu s’appuyer sur ses plus gros marchés, les plus vendeurs, pour pouvoir gagner encore plus d’argent, car si certaines franchises comme Indiana ou encore San Antonio font figure d’OVNI, étant donné leur plus faible pouvoir d’attraction, les autres franchises phares de la NBA sont essentiellement des villes centrales des USA : Miami donc, mais également Los Angeles, New York, et dans une plus moindre mesure Houston et San Francisco. Peu de franchises qui trustent le haut du classement sont désagréables à vivre, car forcément, c’est plus kiffant de voir les buildings de Big Apple ou bien les plages de la cité des anges plutôt que les grands lacs d’Indianapolis, ou bien les paysans red-neck de San Antonio.

Nous pouvons également remarquer que des franchises comme les Lakers et les Knicks vont moins bien en ce moment, mais leur pouvoir d’attraction reste intact, ainsi que les revenus générés par ces équipes qui leur permettront sans problème de recruter de nouveaux joueurs à moindre coût, car oui, depuis “The Decision” nombreux sont les joueurs prêts à réduire leurs émoluments pour signer au Heat, histoire d’avoir un titre, même s’ils ne jouent pas (Rashard Lewis si tu lis ces lignes), et pas seulement au Heat d’ailleurs, mais aussi aux Knicks, Nets et même aux Lakers à l’image de Nick Young qui ne perçoit qu’un million de dollars par an pour évoluer dans son club de cœur, ce salaire, il l’aurait trouvé dérisoire chez les Bucks ou le Jazz.

Les mœurs des joueurs ont donc changé, il fut un temps ou ils jouaient essentiellement pour engranger des dollars, mais aujourd’hui, la majorité des joueurs est prête à tout pour gagner un titre, que ce soit avec ou contre LeBron, et pas grave s’il faut jouer pour le minimum.

Vous l’aurez compris, cette émission télévisée de 45 minutes aura quelque part révolutionné la NBA, incitant des joueurs à révéler plus franchement leurs envies d’ailleurs et de jouer dans des villes agréables avec leurs potes de terrain, le tout en les incitant à faire très attention à leur communication et leurs relations avec les médias. Sans aucun doute, ce n’est aucunement une critique, mais un constat que de vérifier que certains codes ont été bousculés par LeBron James, mais également Chris Bosh en 2011, qui ont été suivis par d’autres de leurs camarades de jeu. Ce n’est pas non plus pour rien si le “Chosen One” a déclaré que The Decision était “la meilleure chose qui lui soit arrivée”.


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