Ce n’est pas parce qu’on est la meilleure équipe de la Ligue (30 victoires sur 37 matchs) que tout est parfait. Depuis quelques temps, Larry Bird semble sentir un caillou dans la si belle chaussure d’Indiana : les balles perdues.
On est presque à la mi-saison, et c’est souvent l’occasion pour les dirigeants de jeter un coup d’oeil sur leur franchise. Quand on demande à Larry Bird s’il reste une chose à améliorer chez les Indiana Pacers, il répond clairement et précisément :
Les balles perdues. Ça va causer notre perte. Si on tombe cette année, c’est parce qu’on perd trop souvent la balle.
Ouille : on en connait dix qui ont dû entendre le grand Larry Legend murmurer des paroles pas très poétiques. En même temps, les chiffres ne mentent pas : le paradoxe c’est que, si Indiana se classe n°1 de la Ligue au bilan général, elle est néanmoins à la 24ème place (!) au classement des équipes qui perdent le moins de ballons, avec plus de 15 turnovers par match. Les défaites non plus, elles ne mentent pas : lors des défaites contre Toronto et Atlanta (1er et 8 janvier), les Pacers ont perdus respectivement 20 et 23 ballons. C’est clairement un gros problème pour Indiana, qui doit vite trouver la solution, au risque de se compliquer la tâche. On le sait, dans le basket, les turnovers sont le cauchemar de n’importe quel coach. Si elles sont inévitables, il faut néanmoins réduire leur volume au maximum, car elles expriment plusieurs défauts : manque de qualité technique, trop d’individualités ou même mauvaise exécution des systèmes. Quand on vise la finale NBA – que dis-je, le Titre – ça la fout vraiment mal.
Ensemble, nous parlons des ballons perdus tout le temps. Si on se ramène en Playoffs et qu’on perd 20 ballons par match, on va partir avec un vrai désavantage.
Bird pointe plusieurs problèmes, qui sont tous liés à un manque de cohérence en attaque. Car si la défense est un secteur dans lequel les Pacers excellent, l’attaque, elle, est menée de manière beaucoup plus irrégulière. D’abord : trop de dribbles.
Un des problèmes de l’équipe, c’est qu’elle dribble trop. Nos gars dribblent trop. Faire une passe, ça déplace le ballon beaucoup plus vite que de dribbler jusqu’à l’endroit où on veut amener la balle. Et ça, on ne l’a pas encore compris. Si on veut gagner gros dans cette Ligue, on ne peut pas forcer le jeu, et attendre que l’horloge affiche 14 secondes à chaque fois.
Pour être plus précis, et pour aller dans le sens de Bird, il faut noter que les Pacers jouent avec un meneur très “classique”, George Hill. C’est ce que voulait Bird quand il a reconstruit l’équipe : un point guard sobre, qui mène l’attaque sans faire de vagues et qui rentre les shoots ouverts. Mais le problème, c’est que Hill s’efface carrément trop dans l’exécution offensive, laissant à Lance Stephenson et à Paul George le soin de créer le jeu. Paul George est un des joueurs qui touchent le plus de ballons en NBA, avec plus de 71 par match ; Stephenson n’est rien de moins que le leader d’Indiana à la passe (5,2 en moyenne) : sauf que Larry Bird veut garder cette pluralité offensive, tout en dribblant moins. Pas facile.
Stephenson en fait trop. Je veux dire par là qu’il peut dribbler son défenseur et créer une action à chaque fois : mais il ne faut pas qu’il le fasse en rafale. Idem pour Paul George. Ne pas se précipiter, faire une passe, et ça reviendra surement à lui pour jouer avec un écran et créer une action.
On le voit : les balles perdues sont un vrai problème. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles sont une conséquence logique de ce qui fait la principale force offensive des Pacers : l’absence d’un playmaker central. Stephenson est celui qui crée le plus d’actions, avec un côté fou-fou qui ferait tourner en bourrique n’importe quelle défense. George est le scoreur de l’équipe, capable de rentrer des tirs quelle que soit sa position. Entre eux, George Hill est cantonné à un rôle extrêmement basique, bien loin d’une place centrale que peuvent avoir des meneurs traditionnels mais importants comme Chris Paul, Mike Conley ou encore Rajon Rondo. Or, s’il avait plus d’importance dans le schéma offensif, il réglerait le problème des turnovers en obligeant son arrière et son ailier à jouer sans ballon – mais, peut-être, au détriment d’un élément comme Stephenson, qui est pour beaucoup dans l’identité collective d’Indiana. Nom d’un chien : pas facile d’être coach.
On le voit aussi : une équipe arrive à combiner l’absence de playmaker véritable et une cohérence offensive collective, avec la présence d’un vrai meneur de jeu, peut-être la pièce la plus importante du groupe – on parle bien sûr des San Antonio Spurs. Tony Parker est un vrai meneur, qui dribble beaucoup, mais qui crée du jeu et laisse l’attaque se déployer aux cinq postes ; à côté de lui, pas beaucoup de gros dribbleurs (à part Ginobili, parfois). Mais que voulez-vous : n’est pas Gregg Popovich qui veut.
Sources : Indy Star / nba.com
Source image : Joe Robbins – Getty Images