Génération chialeuse : Kevin Durant doit se taire et muscler son jeu dès aujourd’hui
Le 10 janv. 2014 à 12:36 par Bastien Fontanieu
Il y a quelques jours, nous dévoilions 20 raisons soutenant le dossier de Kevin Durant lors de la future élection du MVP de la saison. Un hommage à un phénomène du basket qui domine sa campagne avec le Thunder, mais qui doit clairement changer d’attitude au plus vite s’il souhaite grandir dans sa carrière.
Que KD soit extrêmement doué pour faire croire aux arbitres qu’il se fait martyriser au quotidien sur les parquets est une chose. Après tout, Paul Pierce et Pau Gasol ont bien crié pendant une quinzaine d’années tout en réussissant collectivement. Mais que le kid de Washington en fasse son fond de jeu principal pour essayer de dominer un match à son poste en est une autre. Depuis plusieurs saisons maintenant, certains fans s’interrogent concernant le nombre effarant de fautes sifflées en faveur de Kevin Durant, véritable seigneur des…lancers-francs. Un traitement de faveur particulier, qui recoupe de toute évidence avec celui offert aux LeBron, Wade et compagnie, mais qui ne devrait pas pour autant définir la majeure partie de son profil. Orphelin de Russell Westbrook depuis quelques matchs, KD s’est du coup reconverti dans le sport de la pleurniche, des performances de chialade exceptionnelles, mais qui ne l’ont pas vraiment servi au final : deux défaites face à des rivaux de division et une échappée de justesse dans le Minnesota. En passant autant de temps à sécher ses larmes devant les arbitres, le leader du Thunder a complètement oublié que le principal au basket était la victoire collective et le leadership physique comme psychologique, et non l’explosion offensive individuelle. Pire encore, en ayant participé à une petite Finale NBA et fait péter des records de scoring, Durant semble montrer l’image d’un joueur qui “mérite” de recevoir autant de soutien de la part du corps arbitral. Alors que non.
Non. Désolé. C’en est même devenu extrêmement irritant. À titre comparatif, si nous avons été les premiers à critiquer Carmelo Anthony sur sa sélection de tir et le manque de collectif dans son bagage offensif, la star des Knicks mérite chacun de ses points, balançant sa carcasse sous les arceaux tous les soirs et jouant des coudes au poste pour prendre la meilleure position possible. Un pitbull des terrains qui quitte chaque match avec des bleus et des courbatures, capable d’irriter très franchement ses adversaires, mais qui peut du coup estimer qu’il manque de soutien de la part des arbitres à certaines occasions. De son côté, Durant semble malheureusement reculer de façon systématique devant le challenge physique, s’estimant heurté au plus profond de lui-même quand on l’empêche d’aller dunker, et cherchant avec régularité comment mettre les hommes aux sifflets dans sa poche. Pourtant, si on regarde l’histoire, tous les plus grands ont dû passer par là : Shaq, Jordan, ou LeBron notamment, qui à ses débuts souffrait de son image de cyborg et se faisait malmener par les Wizards de Brendan Haywood et DeShawn Stevenson (un comble). Le King a alors arrêté de la jouer soft et a décidé de tout mettre dans la raquette, quitte à y laisser quelques plumes. Aujourd’hui, en ayant justement “mérité” ses titres et ses coups de sifflets après quelques chutes bien violentes sur les parquets, il est devenu limite impossible de s’opposer au MVP en titre lorsqu’il va vers l’arceau. Ce n’est pas logique, mais c’est ainsi que la NBA fonctionne. Pendant ce temps-là, Kevin Durant, confortablement installé à l’extérieur de la raquette, n’a pas encore atteint ce stade et pourrait du coup en souffrir lors des prochaines joutes printanières.
Une question toute simple s’impose alors : si vous deviez vous taper contre deux types, et que vous deviez choisir entre Westbrook et Durant, qui prendriez-vous ? Même question pour Kevin Love et Nikola Pekovic, pour Chris Paul et Blake Griffin, David Lee et Andrew Bogut. Loin de nous viendrait l’idée d’affirmer que le leader d’une franchise est le joueur le plus capable de finir debout sur un ring, auquel cas Metta World Peace et Andre Drummond seraient co-MVP de la Ligue, mais il est intéressant de noter que Russell a montré cette capacité à physiquement tout donner pour son équipe, que ce soit en attaque ou en défense, et que Durant ne l’a pas encore fait. Roi de la complainte en déplacement à Minnesota, aux limites d’un autre sport que le basket à Utah, puis très franchement gonflant hier soir à Denver, KD n’a pas pour obligation de devoir passer par cette étape, mais elle est hélas nécessaire quand on souhaite atteindre les plateformes trustées par les légendes du sport. Cet extra-terrestre du scoring semble réellement manquer ce feu intérieur, cette détermination à la fois physique et psychologique, pour montrer à ses coéquipiers, ses adversaires, ses fans, et surtout les arbitres que pour battre le Thunder, il faudra lui passer sur le corps. Beaucoup critiqueront les décisions de meneur de Westbrook dans toute sa carrière, mais personne n’ira le défier physiquement sous peine de faire péter un plomb à une des plus grosses têtes brûlées de la NBA. Alors que Durant s’est déjà fait malmener par un paquet d’ailiers ou d’intérieurs, et que voir Gordon Hayward lâcher son record en carrière pendant que la tige du Thunder défend sur Richard Jefferson est franchement une blague de renommée internationale. Tant que ce trait de personnalité n’aura pas changé, Durant restera profondément installé dans ce siège de numéro 2 derrière LeBron, alors qu’il a largement les moyens de lui tenir tête, voir de lui passer devant. Pire encore, on a du mal à imaginer Durantula se durcir pendant les PlayOffs en un claquement de doigts, quand on voit le viol qu’il a subi la saison passée par la défense ultra-physique des Grizzlies. Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir, mais simplement de se baser sur le passé pour imaginer le futur proche du meilleur attaquant en activité aujourd’hui.
Fantastique, élégant, possédant une attitude exemplaire en dehors des terrains et souvent calme sur ces derniers, Durant a ce package digne de nos plus beaux fantasmes mais il ne semble pas y avoir d’évolution majeure dans son approche psychologique. Le basket, plus qu’une histoire d’heures passées en salle, est un sport où il faut également imposer sa volonté physique comme mentale. Et Durant, à moins de nous choquer avec un virage à 180° dans les prochaines semaines, devrait échouer une nouvelle fois en PlayOffs à cause de cette inaptitude, que ce soit avec ou sans Russell Westbrook. L’heure est donc au silence, et surtout à la musculation : sur le corps, et dans la tête.