Record aux frontières du Réel : 370 points en un match !

Le 13 déc. 2013 à 20:29 par Alexandre Martin

Oui, oui : 370 points en un seul match !! Ne vous frottez pas les yeux et ce n’est pas la peine de prendre rendez-vous en urgence chez l’ophtalmo, vous avez bien lu le titre de cet article… C’était il y a 30 ans jour pour jour, le 13 décembre 1983. Ce soir-là, Denver recevait Detroit et les deux équipes ont offert un spectacle sans précédent et sans suivant…

Les deux franchises à égalité à 74 points chacune à la mi-temps, 145 partout à la fin du temps réglementaire… Triple prolongations ! 14 partout pendant les 5 premières minutes d’overtime, puis 12 partout et puis, enfin, les Pistons ont réussi à gagner sur le score fleuve de 15 à 13 la troisième période de 5 minutes supplémentaires. Au final : 186 points pour les Pistons, 184 pour les Nuggets. Un match qui ferait passer un Phoenix – Golden State pour un match de défense. Un match marathon, mené sur un rythme offensif complètement dingue par deux formations bourrées de joueurs talentueux et qui étaient tous dans de grandes formes offensives tout au long de cette soirée. A tel point, que John Long raconte que dans les vestiaires, à la mi-temps, Bill Laimbeer jeta un œil à la feuille de stats histoire de voir combien de rebonds lui avait été crédité car il savait qu’il n’en avait pas pris beaucoup. Voyant seulement 6 prises en face de son nom, le grand Bill s’écria avec son sens de l’humour si particulier :

“Les gars ! Arrêtez de rentrer autant de tirs, je dois faire mes stats de rebonds !”

En plus, si les Pistons étaient très inspirés ce soir de décembre 1983, en face, ça ne plaisantait pas non plus. Les Nuggets comptaient dans leurs rangs une des meilleures paires d’ailiers de l’époque, deux énormes monstres du scoring : Alex English au poste 3 et l’Allemand Ernest Vanderweghe au poste d’ailier fort. Et, lors de ce salon de l’attaque à outrance, Alex «The Blade» marqua 47 points à 18/30 au tir avec 12 rebonds pendant que son compère «Kiki» Vandeweghe plantait, lui, 51 points à travers un hallucinant 21/29 au tir le tout en distribuant 8 passes décisives… Le troisième homme fort dans le Colorado cette année-là s’appelle Dan Issel. Le pivot des Pépites, âgé de 35 à l’époque des faits, est sur la fin de sa carrière mais il envoya tout de même 28 points. Tranquillement.

Côté Pistons, les deux tiers des points se sont répartis sur 3 joueurs. En tête de gondole, le jeune Isiah Thomas (22 ans) noircit la feuille assez violemment puisqu’on trouve 47 points et 17 caviars dans sa ligne de stats du soir. Et surtout, cette action incroyable à 143 – 145 pour Denver avec seulement 6 secondes à jouer et un lancer-franc à shooter pour Laimbeer. Le pivot rata volontairement. Zeke avait anticipé, il sprinta depuis la ligne de 3 points, chipa le rebond au-dessus de Dan Issel et marqua instantanément d’un petit lay-up tout en toucher ! 145 partout Messieurs Dames ! C’est reparti pour un tour. Aux côtés du génial Isiah, l’arrière John Long et l’ailier Kelly Tripucka se feront également bien plaisir avec, respectivement 41 et 35 points.
Cela nous fait donc 5 joueurs à 35 points ou plus dans le même match, au bout de 315 minutes jouées par effectif avec un écart entre les deux équipes qui n’est jamais allé au-delà des 7 points ! Un match que Dave Bing – alors analyste NBA pour les Pistons et aujourd’hui maire de Detroit – résuma de manière assez simple et efficace :

“Irréel”

Irréel… Oui, c’est bien le mot ! Et dire qu’à peine 10 000 spectateurs ont assisté à cette rencontre dans les tribunes de la McNichols Sports Arena de DenverGeorge Blaha qui commentait déjà les matchs des Pistons à l’époque explique avec un petit sourire en coin que :

“Le match ne s’est pas joué à guichets fermés (le salle avait une capacité de 17 000 places) mais il y a probablement 40 000 ou 50 000 personnes qui prétendent avoir assisté à la rencontre.”

Blaha – qui n’a manqué que 3 matchs des Pistons depuis 1976 – y était bien sûr et il explique que les Pistons n’étaient pas encore devenus les Bad Boys ultra défensifs, au jeu dur et sur demi-terrain. Tout comme Denver, Detroit était une équipe de Run and Gun qui courait tout au long des rencontres et scorait beaucoup (117 points par match cette saison-là pour les Pistons). Ce même Blaha raconte d’ailleurs que, comme à son habitude, Coach Daly « le sorcier » savait très bien ce qu’il faisait dans ce match :

“Vous pouviez voir que Chuck (Daly) savait ce qu’il voulait en faisant courir ses joueurs en attaque : marquer pour battre une équipe qui pouvait vous battre, à n’importe quel moment et de n’importe quel endroit du parquet. Les battre dans leur salle en jouant leur style représentait beaucoup.”

Un match inscrit pour un bout de temps dans la légende NBA donc. LE match le plus prolifique de tous les temps. Encore une fois, Chuck Daly avait tout senti. John Long (encore lui) raconte également que juste avant le début de la deuxième prolongation, celui qui quelques années plus tard, coachera la Dream Team, dit à ses joueurs :

“Ce match va entrer dans l’histoire, autant le gagner…”

Un discours simple et efficace, typique de l’immense coach qu’était Chuck Daly. Un discours qui résume parfaitement le sentiment incroyable qui a du envahir joueurs, staff, journalistes et spectateurs à la fin de 3 prolongations quand les Pistons avaient enfin réussi à venir à bout des Nuggets. 370 points ! Trois Cent Soixante Dix Points… Voilà un record qui n’est pas prêt d’être effacé des tablettes. 

La Boxscore des Pistons

La Boxscore des Nuggets

Quelques images de ce marathon

Source citations : detroitnews.com

 


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