Arizona : Dans le désert, les soleils tapent

Le 10 nov. 2013 à 18:55 par Alexandre Martin

Décidément, au cours de ces premiers matchs de saison régulière, les “petites” équipes s’évertuent à déjouer les pronostics et doivent rendre fous les parieurs les plus chevronnés. Avant-hier, les Suns ont enregistré leur quatrième victoire en 6 rencontres depuis le début de saison et leurs deux défaites ont été subies sur les parquets du Thunder et des Spurs donc rien de très surprenant ni d’infamant. Dans l’ombre de la hype médiatique des Sixers, qui s’est d’ailleurs dégonflée rapidement après quelques défaites, les Suns montrent les signes encourageants d’une équipe qui se construit.

Une équipe que tous les pronostics positionnaient dans les bas fonds de la conférence Ouest et qui parait bien décidée à en découdre avec tous les adversaires qui se dressent sur son chemin. En battant les Nuggets vendredi, les Suns ont conservé leur invincibilité à domicile (3 victoires depuis le début de la saison). Gagner les 3 premiers matchs à domicile d’une saison, voilà qui n’était plus arrivé à Phoenix depuis 3 ans et le départ d’Amar’e Stoudemire. Il est clair que les Nuggets sont assez pitoyables ne sont pas des foudres de guerre en ce début d’exercice, les Utah Jazz non plus. Portland en revanche, qui a subi la loi de Phoenix à l‘US Airways Center, est déjà un tout autre client. La salle mythique de l’Arizona – qui a vibré au son des exploits de Charles Barkley, Kevin Johnson et Dan Majerle dans les années 90 ou ceux de Steve Nash et Amar’e Stoudemire plus récemment – serait-elle en train de redevenir une forteresse quasi imprenable ? Loin de moi l’idée de tirer des conclusions aussi hâtives, le Front Office des Suns ne mise d’ailleurs clairement pas sur les résultats de cette saison mais plutôt sur la prochaine draft avec 4 choix dont 3 au premier tour. Mais ce début de saison inattendu pose quelques questions.

Bledsoe assume, Plumlee étonne

Jeff Hornacek et ses hommes seraient-ils d’humeur badine ? Auraient-ils envie de faire tourner en bourrique le nouveau General Manager, Ryan McDonough, déjà tout excité à l’idée de pouvoir récupérer un voire deux jeunes joueurs avec un énorme potentiel en juin 2014 ? On ne sait pas si ces joueurs vont pouvoir continuer sur ce rythme de victoires mais une chose est sûre : un collectif se dégage déjà de cet effectif. Pourtant, quand les Suns, qui n’avait fait aucun transferts majeurs pendant l’été, ont échangé un de leurs meilleurs joueur, Marcin Gortat, contre Okafor, un pivot blessé jusqu’en janvier voire février prochain, tous les observateurs y ont vu les signes évidents du renforcement de la stratégie d’une équipe qui “tanke” dur et qui compte bien tout faire pour avoir le meilleur positionnement possible au moment de choisir à la prochaine draft.
Quand Jeff Hornacek a annoncé qu’il allait faire jouer Goran Dragic et Eric Bledsoe côte à côte sur les deux postes d’arrières dans le 5 de départ, beaucoup ont exprimé leurs doutes quand à cette association qui a finalement plutôt bien fonctionné sur les deux premiers matchs avant que le Slovène ne se blesse à la cheville lors du déplacement à Oklahoma. Et d’ailleurs, depuis ce match et en attendant que le Dragon revienne, c’est Gerald Green qui est titularisé au poste de 2 aux côtés de Bledsoe. Green, qui n’est pour beaucoup qu’un sur-athlète mais pas un vrai joueur de basket, semble avoir fait de gros progrès sous la houlette de son nouveau coach et dans ce collectif jeune et enthousiaste. Certes ces choix de tirs ne sont pas toujours très opportuns mais il en rentre. Green apporte 13 points par match à 48% au tir dont 47% derrière l’arc. En plus, il semble s’épanouir dans le jeu d’attaque rapide des Suns où son physique lui sert énormément lors des contre-attaque.

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Si Green est une bonne pioche de la part de Phoenix, Bledsoe l’est aussi, encore bien plus… L’ex-Clippers est venu dans l’Arizona pour jouer plus de minutes, pour avoir des responsabilités. Il les a ! Et il les assume. Le meneur tourne à 20,3 points à 50,6% au tir, 7,5 passes décisives, 4,5 rebonds et 2 interceptions par match depuis le début de saison. Il a déjà bien marqué les esprits avec son game winner à 3 points contre le Jazz le 1er novembre dernier. Il n’a que 23 ans, son potentiel athlétique était déjà connu, nous découvrons aujourd’hui sa qualité de passeur, son aptitude à mener une équipe et à bien défendre.Seul bémol et non des moindres, Mini-Lebron perd plus de 4 ballons par rencontres depuis que ses minutes ont explosé. A lui de corriger le tir au fur et à mesure que la saison avancera. En tous cas, l’avenir s’annonce radieux pour Bledsoe qui après seulement 10 jours de compétition semble déjà le seul joueur capable de contester le titre de MIP à Anthony Davis.

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Si Bledsoe et Green s’avèrent être de bons choix de la part de McDonoug et Hornacek, les deux nouveaux patrons sportifs des Suns nous ont aussi carrément sorti des surprises. La plus grosse d’entre elles est bien évidemment le pivot Miles Plumlee. Après le départ de Gortat et l’arrivée d’un Okafor out pour longtemps, Jeff Hornacek devait faire un choix quand au joueur qui débuterait les matchs au poste 5. Le coach rookie a surpris tout son monde en donnant sa chance à Miles Plumlee qui est sophomore et ce, avec le soutien de son GM. Mais quelle surprise ! Le grand pivot blanc à la coiffure de premier de la classe n’a joué que 14 rencontres l’an dernier aux Pacers pour un temps de jeu famélique de moins de 4 minutes par match. En 6 rencontres avec Phoenix, en tant que titulaire donc, Plumlee a déjà joué 3 fois plus de minutes que pendant sa saison de rookie. Il tourne à 12,3 points, 9,2 rebonds et presque 2 contres par match !

Hornacek : tel joueur, tel coach

Je connais pas mal de coachs NBA qui aimeraient avoir un tel apport de la part de leur pivot. Un certain Scott, notamment, du côté d’Oklahoma, doit regarder ce genre de performances de pivot d’un œil envieux… Mais encore fallait-il avoir le nez pour voir ce que pouvait apporter Plumlee et le le courage de prendre ses responsabilités de coach pour le mettre titulaire. Du coup, on se demande ce qu’il va advenir d’Alex Len, drafté en 5ème position en juin dernier et qui n’a joué que 10 minutes, étalées sur deux rencontres, depuis le début de la saison. On peut cependant comprendre qu’Hornacek n’ait pas envie de trop modifier des rotations qui fonctionnent. Titulariser Channing Frye pour étirer les défenses grâce à la menace à 3 points qu’il représente est une option qui a également le mérite d’avoir les deux frères Morris sur le banc et de pouvoir en faire rentrer un des deux ou les deux à tout moment pour apporter points et rebonds si nécessaire. Markieff (Morris) notamment s’est particulièrement illustré ces derniers temps. Contre Denver, il sortait d’un gros double double (23 points et 12 rebonds) lors de la défaite de justesse à San Antonio, et bien, il a réitéré l’opération en apportant cette fois-ci 28 points à 10/13 au tir avec 10 rebonds ! En voilà, une belle rotation intérieure !

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Sur les extérieurs, Hornacek a donné sa chance à PJ Tucker, faute de mieux, mais pour l’instant, Tucker fait le job correctement même si ce poste 3 reste le point faible des Suns. Avec son activité faite d’une dizaine de points, de rebonds et d’interceptions, PJ Tucker apporte son écot au collectif des Suns et plus particulièrement en défense. Car si LA grosse surprise côté joueur est bien Miles Plumlee, LE gros changement amené par Hornacek est bien évidemment sur le plan défensif d’un point de vue collectif. Cette équipe de Phoenix n’encaisse que 96 points par match, ses “runs” sont issus de stops défensifs exploités par la suite en phases offensives. Les arrières sont rapides et difficiles à déborder en dribble, sur les ailes, Tucker et les frères Morris se battent sur les écrans, au poste bas et au rebond pendant que sous le cercle, Plumlee, avec parfois un des frères Morris ou Channing Frye, effectue un gros chantier tous les soirs. Une équipe de Phoenix capable de s’appuyer sur sa défense quand elle en a besoin, ça c’est nouveau ! Lors de la victoire à l’extérieur sur le parquet des Pelicans ou avant-hier face aux Nuggets, la défense des Suns les a tenu dans le match avant qu’ils ne reprennent leurs esprits en attaque et accélèrent pour aller chercher le W.

Joueur Jeff Hornacek était un arrière scoreur appliqué extrêmement efficace au shoot, bon intercepteur et bon passeur. Un joueur d’équipe qui comprenait parfaitement les systèmes et la nécessité de jouer collectivement pour gagner des matchs. Ces traits de caractère se retrouvent dans son équipe. Quelques soient les joueurs sur le parquet, les Suns font tourner la balle en attaque et se donnent à fond en défense. Le simple fait de constater ça doit déjà donner le sourire aux nombreux fans de cette franchise importante du paysage NBA et doit les conforter dans le choix de leur direction de faire venir un coach rookie pour la reconstruction.

Car oui, attention, Phoenix est une équipe en reconstruction. Il serait surprenant que les “soleils” gardent ce rythme de 66% de victoires sur la longueur de la saison régulière. Il serait même surprenant de les retrouver en playoffs car l’effectif parait tout de même limité en talents. En revanche, après ces premiers matchs, plus personne ne les voit comme une proie facile contre laquelle on vient pour prendre tranquillement une victoire. Aujourd’hui, les franchises NBA sont prévenues : pour battre Phoenix cette saison, il va falloir jouer dur, s’appliquer en attaque et courir pour se replier en défense sous peine d’être puni par les Beldsoe, Dragic et autre Green. Phoenix ne fait plus rire, encore une victoire pour Hornacek…


Tags : Suns
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