Un destin qui fait sa loi en NBA : et si Kobe avait joué à Charlotte ?

Le 08 oct. 2013 à 18:07 par Bastien Fontanieu

A l’instar de Poudlard, qui a fait d’Harry Potter une star fictive incontournable de ces 15 dernières années, la NBA est devenue l’école actuelle de référence pour tracer les destinées des plus grands talents aux mains d’or. Mais si JK Rowling a réussi à rendre son univers épique via des épopées remarquablement organisées autour de sa starlette aux lunettes rondes, David J Stern n’a pas su trouver d’alternatives concrètes aux tragédies vécues par ceux à qui la gloire était promise. Comment ces jeunes peuvent-ils donc s’en sortir quand le destin leur joue des tours ? Coup de pouce magique d’un soir de Draft ou chute terrible à la suite d’un mauvais sort : TrashTalk se rend dans les coulisses d’une Ligue qui ne pardonne pas deux fois.

Et si les destins étaient tous déjà écrits en NBA ? La question, d’apparence idiote à première vue, force son chemin et sa formulation quand on voit les trajets suivis par certaines carrières. En effet, dans le cadre de notre premier client qui n’est autre que Kobe Bryant, pouvons-nous assumer aujourd’hui que l’adolescent arrogant à l’approche du jeu exécrable (à l’époque hein) aurait connu si belle carrière si sa route n’avait pas croisé celle de Phil Jackson ? Le Zen Master, qui a métamorphosé les Bulls de Jordan et les techniques de coaching habituellement prônées dans les 90s, réalisera un boulot mental et spirituel énorme chez le Mamba sur plusieurs années, pour faire de ce dernier l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de notre sport. Que se serait-il donc passé, ce soir de Juin 1996, si Kobe avait plutôt fait sa carrière chez les Hornets qui détenaient ses droits des lors ? Aurait-il connu la même notoriété ainsi que le même succès ? Difficile d’envisager que sa présence dans le débat des meilleurs joueurs de tous les temps serait la même s’il avait eu la malchance de tomber dans un management moins prestigieux, et surtout un marché moins puissant. Il suffit de regarder les carrières de certains grands comme Mitch Richmond, Alex English ou même Dominique Wilkins pour se rendre compte que le statut d’un joueur se joue nettement plus sur la situation collective et le coup de pouce du destin que sur le simple travail effectué entre les quatre lignes du terrain, domination outrageuse ou non.

Essai

Ces questions posées ci-dessus, Michael Beasley et Derrick Coleman avant Kobe peuvent y répondre. L’ex-nouveau futur-ex membre du Heat est arrivé en NBA il y a cinq ans avec un énorme potentiel (et un pochon de weed) en poche. Mais en vaguant ici et là dans cette douce Floride qui torture les malheureux flemmards, et ce sans l’intervention d’un coach d’expérience (Spoelstra faisait ses premiers pas) ou d’une star qui donne l’exemple (Dwyane Wade, parlons-en), Beasley deviendra l’une des plus grosses blagues de ces dernières Draft, loin, très loin même de Derrick Rose que les Bulls hésitaient à drafter, en duel avec le produit de Kansas State, et qui finira accessoirement MVP de la Ligue. Beasley donc, gaucher polyvalent d’exception, aurait pu (dû ?) dominer son poste comme Chris Bosh a su le faire à Toronto par exemple, ou Zach Randolph chez les Grizzlies. Le potentiel était bien là, mais le cadre n’était pas bon pour son développement. Le premier a-t-il pour autant bénéficié d’un grand supporting cast au Canada ? Ses coéquipiers ne payaient pas de mine, mais Bryan Colangelo a organisé un chantier quatre étoiles dans son bureau pour permettre au dino de participer aux PlayOffs et plus tard recevoir un contrat de star a Miami. Le second, après un début de carrière déprimant chez les Jail Blazers de Bonzi Wells et Rubben Patterson, se refera une santé et son propre chemin de croix pour devenir une référence chez les gauchers aux doigts de fées, sur comme en dehors des terrains. Zibo aurait-il vécu tel retournement de situation si ses valises étaient restées dans l’asile de l’Oregon ? Est-ce ici un signe d’espoir pour Beasley ? Difficile une nouvelle fois d’imaginer un changement de carrière incroyable, même si la troupe de LeBron James et Shane Battier devrait réaliser un gros nettoyage en profondeur chez l’ailier qui n’a, pour rappel, que 24 ans (!). Coaching staff, coéquipiers ou General Managers : les éléments qui peuvent donc contribuer à la réussite ou a l’échec des parcours NBA sont divers et variés et peuvent créer un déséquilibre totalement inattendu dans la carrière d’un phénomène.

Essai

Mais si le personnel qui entoure un joueur doit grandement contribuer a son épanouissement, qu’en est-il du rôle attribué à ce dernier par le coach, ainsi que la part de chance qui ne peut être dissociée des parcours de chacun ? Les cas de Kawhi Leonard et Paul George seront ici les plus flagrants, tout comme celui de DeMarcus Cousins. Le premier, à qui fut donné le rôle de stoppeur défensif über-athlétique en attendant que son éveil offensif se réalise chez les Spurs, a proposé deux premières saisons  et une Finale de rêve dans le Texas, les pieds dans l’eau et la confiance totale de Gregg Popovich sous son aile. Bien dans ses pompes et libre de toute pression pour pouvoir développer sa polyvalence, la tarentule des Spurs se régale aujourd’hui, en grande partie grâce aux décisions patientes et mûrement réfléchies de son coach. Si le transfert de George Hill a Indiana n’avait pas eu lieu, Leonard se serait-il autant épanoui dans le vestiaire des Pacers qui comptait déjà de bons arrières aux jeunes jambes ? Paul George justement, qui remplissait le même rôle dès ses premiers pas chez les grands, aurait-il connu telle ascension si Danny Granger ne s’était pas foutu la jambe en l’air ? Il suffit de voir encore une fois les chemins qu’ont pris les Marvin Williams, Adam Morrison et autres Jonny Flynn pour se rendre compte qu’une carrière ne se joue pas que face à son miroir dans la salle de gym ou à l’entraînement, mais aussi dans ce que certains appelleront les Dieux du basket. Aléas de la vie ou rôle prédéfini en fonction du potentiel de chacun, il est intéressant de noter que le moindre petit détail doit avoir son importance et ne peut être laissé de côté. Sinon, on se retrouve avec DeMarcus Cousins, dont les capacités dépassent l’entendement, mais qui vit dans un environnement de loser cumulé avec une attitude de merde. Lui faudra-t-il la gifle paternelle que Kobe a heureusement connu avec Phil Jackson, ou un coup du sort inattendu tel le transfert vécu par Zach Randolph chez les Grizzlies pour voir DMC dominer la Ligue ? Pour anecdote, Zibo avait quand même été envoyé contre Quentin Richardson : on touche là à un hold-up du siècle.

Comme on peut le voir de plus en plus souvent, la NBA accueille aussi bien la crème des basketteurs que l’éventail des personnalités les plus invraisemblables. Et s’ils sont peu nombreux a pouvoir s’offrir une évolution avec l’approche du jeu des Jason Kidd ou Tim Duncan, tous doivent compter sur leur bonne étoile attitrée afin de se retrouver dans la meilleure situation possible, et de ce fait donner le meilleur d’eux-mêmes. Tony Parker chez les Spurs ou Jamaal Tinsley choisit devant lui chez les Pacers : chacun son destin. Un message qui vaut aussi bien pour les jeunes sorciers de la dernière Draft, que pour les vétérans du prochain marché estival, qui devraient nous réserver un festival de sorts inattendus afin de changer leur destin…


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