L’agent spécial Wallace : sa mission, la défense du territoire
Le 10 sept. 2013 à 14:28 par Alexandre Martin
Avant-hier, c’était Gary Payton qui était à l’honneur dans le cadre de son intronisation au Hall Of Fame. Aujourd’hui, c’est d’un autre grand défenseur dont il s’agit puisque Ben Wallace fête ses 39 ans. “Big Ben” sera-t-il un jour membre du fameux HOF ?
Franchement, il y a des chances et ce serait amplement mérité tant ce pivot de petite taille pour son poste – annoncé à 2m06, il reconnaissait lui-même ne mesurer “que” 2m02/03 – fait partie de la caste des joueurs qui pèsent lourd, très lourd alors qu’ils ne scorent que très peu (5,7 points par match en carrière, jamais une saison à plus de 10 points). D’ailleurs, aucun scout n’a jamais réellement cru en son potentiel puisque Big Ben est arrivé en NBA, en 1996, sans être drafté. Il a signé un contrat, en tant qu’agent libre, avec la franchise de Washington qui s’appelait encore les Bullets à l’époque. Personne n’a voulu de Ben Wallace lors de la draft ??? En voilà une histoire assez incroyable ! Cette histoire de manque de centimètres aurait été à l’origine de cette “non-draft” ? Possible, en tous cas, le joueur en a toujours été persuadé et a toujours voulu prouver à tous les observateurs qu’ils s’étaient trompés :
“Beaucoup de gens m’ont dit que je ne pourrai pas le faire (jouer en NBA) à cause de ma taille. J’étais déterminé à leur prouver qu’ils avaient tort.” Ben Wallace
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mission est accomplie ! Après des débuts un peu timides à Washington, où il n’était que rarement titulaire, et à Orlando seulement une saison, ou avant ses passages à Chicago (2006 à 2008), à Cleveland (2008/09) ou son retour à Detroit (2009-2012), le pivot à la coupe parfois afro, parfois en tresses, trouve son rythme et met véritablement en avant ses immenses capacités défensives dès sa première saison sous le maillot des Pistons (2000/2001). Car en effet, sur le papier, Ben Wallace était trop petit pour évoluer au poste 5, sa taille était plutôt celle d’un petit ailier-fort voire carrément d’un petit ailier tout court…
Mais il avait une puissance rare (115kg de muscles ciselés), une mobilité et une agilité digne d’un ailier ainsi qu’un sens inné du contre et de l’interception. Le tout agrémenté d’un mental de pitbull enragé qui le rendait insatiable au rebond, toujours prêt à combattre pour empêcher le pivot adverse de prendre position, toujours prêt à distribuer quelques coups pour marquer son territoire, la raquette.
En 6 saisons et 470 matchs de saison régulière sous le maillot de Detroit (de 2000 à 2006), Ben Wallace n’a pas chômé pour défendre son cercle. Interceptant 1,6 ballon (c’est beaucoup pour un pivot), distribuant 2,8 contres (c’est beaucoup quand on mesure à peine plus de 2 mètres) et prenant 12,9 rebonds (c’est beaucoup tout court), le numéro 3 aux larges épaules s’est imposé comme l’un des meilleurs défenseurs de sa génération, un des meilleurs pivots défensif de tous les temps.
Durant cette période, il fut 4 fois All Star, 5 fois sélectionné dans la All-NBA defensive first Team et 5 fois dans les All-NBA Team mais surtout, il fut nommé 4 fois Défenseur de l’année (2002, 2003, 2005 et 2006). Dans l’histoire de la grande ligue, seul un autre joueur a reçu cette récompense également 4 fois, il s’agit de Dikembe Mutombo. En 2002, Big Ben était même le meilleur rebondeur, avec 13 prises par match, et le meilleur contreur, avec 3,5 retours à l’envoyeur en moyenne. Il a été le pilier de la meilleure défense du pays pendant plusieurs saisons et pourtant il ne cherchait jamais à tirer la couverture à lui. C’était ça aussi Ben Wallace, un joueur collectif, un joueur de sacrifice qui ne rechignait jamais à effectuer les basses besognes, ces tâches qui font gagner une équipe.
“Nous sommes tous des défenseurs sous-estimés dans cette équipe.” Ben Wallace à propos des Pistons en 2004
“Je fais les trucs que la plupart des autres gars ne veulent pas faire et j’adore ça !” Ben Wallace après son 4ème titre de DPOY en 2006
Homme de défis, de challenges, Ben Wallace a toujours augmenté ses stats en playoffs poussant jusqu’à plus de 16 rebonds par match lors des campagnes 2002 et 2003 ou à plus de 10 points par match en 2004 et en 2005. En 2003, 2004 et 2005, il fut le joueur à réaliser le plus d’interceptions en playoffs (respectivement 42, 44 et 43). En 2004, il était également le joueur a avoir pris le plus de rebonds aussi bien offensifs (95) que défensifs (233) lors de la campagne qui mena son équipe des Pistons au titre suprême. Et, en 2005, il fut aussi le joueur à prendre le plus de rebonds offensifs (95) ainsi que celui qui contra le plus de tirs (59), contribuant grandement à emmener ses Pistons jusqu’en Finale NBA où ils échouèrent, dans leur quête de Back to Back, face aux Spurs de Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili et de l’assassin Robert Horry.
Un monstre statistique mais surtout donc un monstre défensif. Puissant, dur sur l’homme, toujours motivé, prêt à contrer et à intercepter, ce n’est pas sans raison qu’il s’est fait surnommer “Big Ben”. C’est tout simplement parce qu’il était difficile de lui passer au-dessus ou autour.
Tous les meilleurs pivots de l’époque peuvent en témoigner, marquer des paniers contre Ben Wallace est une mission bien particulière même pour des monstres tels que Shaquille O’Neal, Zo Mourning, Tim Duncan ou encore le Jermaine O’Neal des Pacers. Tous venaient se frotter aux gros muscles du Piston et tous s’y piquaient, repartaient l’honneur meurtri, parfois les bras aussi…
Et oui, un petit pivot de moins de 2m06 se montrait capable de tenir des intérieurs beaucoup plus grands que lui. Dans ce sens, Big Ben faisait penser à Dennis Rodman : petit pour son poste mais qui compensait par de l’énergie, de l’agressivité et un goût prononcé pour le combat. A cette différence près que Wallace était un bien meilleur contreur un tout petit peu moins énorme au rebond. Mais tout aussi chambreur en revanche…
“Encore une fois c’était marrant de voir tous les problèmes rencontrés par Shaq contre un joueur de seulement 2m03.” Ben Wallace en 2004, après une de ses grosses performances défensives face au Shaq.
Une déclaration que le Big Cactus a du apprécier… Une déclaration qui en dit long sur la mentalité de challenger de Big Ben. Alors, Ben Wallace au Hall Of Fame dans quelques années ? Personnellement, je signe des deux mains tout de suite car nous parlons ici d’un joueur dont le nom arriverait très rapidement dans une discussion sur les meilleurs pivots défensif de la NBA (probablement Top 5). Mais est-ce réellement important ? Non pas vraiment. Ce qui est vraiment important c’est que Big Ben a marqué notre sport quasiment sans marquer de points et ça, c’est fort !
Un mix hommage à son passage aux Pistons
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Un mix plus général sur sa carrière
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