Melo en franchise player, titre compatible ?

Le 12 juil. 2013 à 09:27 par Gaetan

Après la terrible désillusion en demi finale de conférence et une défaite face à la défense imperméable des Pacers, l’heure est de poser une question, la vraie question que très peu se pose à New York. Melo peut-il emmener les Knicks au titre “by himself” ? Un ajout de star est-il indispensable ?

Quand en Floride, le Heat gagne le titre c’est avec un Big Three et deux véritables stars. Cette année aura une nouvelle fois donné raison à Lebron James et à “The Decision” qui avait vu le King rejoindre Miami et délaisser des fans transis dans l’Ohio. Le constat qu’avait dressé à l’époque LeBron selon lequel il ne pouvait gagner un titre seul peut être mis à l’ordre du jour. On ne se demande évidemment pas si Melo peut gagner un titre un jour, l’interrogation réside dans la capacité de Melo à gagner un titre en tant que franchise player. Melo est il capable d’aller au bout avec ses Knicks, son équipe ?

Un Big Three des billets verts, mais sur le terrain ?

 

Carmelo Anthony, Amar'e Stoudemire et Tyson Chandler, les Knicks tiennent leur Big Three

Carmelo Anthony, Amar’e Stoudemire et Tyson Chandler, les Knicks tiennent leur Big Three

Lors de l’arrivée de Tyson Chandler lors de la free agency 2011, on nous a laissé penser que les Knicks détenaient leur Big Three. Avec dans son roster les présences de Amar’e Stoudemire, de Carmelo Anthony et de Tyson Chandler donc, les Knicks détenaient trois stars de la ligue, trois très bons joueurs qui se sont avérés incompatibles. Tout d’abord les blessures à répétition de Stoudemire ne lui ont pas permis de montrer toutes les capacités qu’il avait su démontrer autrefois dans l’Arizona. Ses genoux sont en carton et son contrat non assuré plombe les finances new yorkaises. Bilan des courses : 29 matchs joués cette saison, insuffisant… De son côté, Tyson Chandler est un très bon joueur, très utile. Un des meilleurs défenseurs, protecteurs de la raquette, il est cependant limité offensivement. Il abat certes un travail impressionnant sur les deux bords du terrain gagnant des possessions en prenant de nombreux rebonds offensifs ou en stoppant les attaques adverses. Mais vaut-il 14 millions de dollars la saison ?

Finalement le Big Three n’en est un que sur un plan financier. Les trois hommes qui culmineront à 58 millions de dollars pour la saison prochaine empêchent les Knicks d’avoir la moindre marge de manœuvre lors des free agencies depuis deux saisons. Comment en est-on arrivé là ?

Revenons trois ans en arrière. Après avoir raté LeBron James lors de la free agency 2010, New York avait besoin de signer du bling bling, du clinquant pour calmer l’ardeur des fans harassés. On fait alors signer le Stoud. Mais on ne réfléchit pas trop. On n’assure pas le contrat, ceux que les Knicks sont encore en train de payer très cher… Malgré les progrès observés pendant les premiers mois de la saison et un Stoudemire en pleine forme, on a besoin de signer quelqu’un d’autre, une autre superstar pour concurrencer le néo Big Three à Miami et celui déjà formé à Boston. Carmelo Anthony débarque alors pour signer dans son club de cœur, là où il a toujours rêvé de pouvoir réimporté son talent. Lui le natif de Brooklyn revient dans sa ville. En partance de Denver, il rejoint une équipe alors en pleine ascension qui se voit totalement détruite et coupée dans son élan. Mais cela ne suffit pas… Lors de la free agency 2011, on prend ce qu’il y a de mieux de disponible. A New York, on est pressé, on veut tout, et tout de suite. Et c’est ainsi qu’arrive Tyson Chandler, joueur le plus “glamour” présent dans cette free agency. Fraîchement titré avec Dallas, le pivot débarque à Manhattan pour former un pseudo Big Three…

Ces trois joueurs plombent les Knicks et plus particulièrement le duo Melo-Stoud incompatible sur les terrains. Avec leurs gros contrats, ils empêchent les new yorkais d’avoir la moindre marge de manœuvre. Sur les rives de l’Hudson ne peuvent alors que signer des joueurs dont la date de péremption est plus que proche ou des refoulés de la ligue en recherche de lumière, prêts à tout pour trouver une place dans un roster. Les rives de l’Hudson, c’est pas mal pour jouer au basket, non ?

Woodson : coach d’iso pour joueurs d’iso

 

De l'iso, encore de l'iso, toujours de l'iso

De l’iso, encore de l’iso, toujours de l’iso

Aujourd’hui, l’équipe new yorkaise est bâtie autour de Carmelo Anthony, il est l’unique star de l’équipe, l’homme qui doit faire la différence, porter son équipe. La question que l’on pose est donc : est-il véritablement capable de gagner un titre seul ?

Clairement non. Du moins, cette réponse est devenue catégorique après les PlayOffs auxquelles nous venons d’assister. La défaite face à une équipe d’Indiana dont la défense fait frémir le moindre joueur en mal de pourcentage, aura prouvé une chose, les Knicks sauce Woodson sont ultra limités. Après avoir peiné pour finir le travail face à des Celtics bien diminués et plus très verts, New York ne s’est pas vraiment montré digne des espoirs qui pouvaient être placés en eux suite à leur belle seconde place de la conférence Est. Comment gagner un titre quand les seuls plans, les seules stratégies mises en place sur un plan offensif, sont l’isolation. On a pu voir que Smith n’avait peut-être pas (encore ?) les épaules pour assurer un rôle d’option offensive numéro 2. On a eu même l’étrange impression lors de longues séquences que Melo était le seul joueur capable d’inscrire des paniers, de créer. Et c’est bien là que réside le problème pour les new yorkais.

Quand on propose à Melo de faire de l’iso, le bonhomme ne peut être que content et heureux de pouvoir bouffer la balle 20 secondes par possession. Melo n’a besoin de personne pour scorer, c’est un fait. Cependant scorer est une chose, gagner en est une autre. Aussi fort et talentueux soit-il, cela ne suffit pas pour aller au bout. Anthony ne peut pas gagner un titre à lui tout seul. C’est le constat qu’avait fait LeBron avant lui, et c’est le bilan qu’il doit tirer de ces PlayOffs. La question que l’on est alors en droit de se poser est : Woodson est-il l’homme de la situation?

Parce que c’est bien connu, Woodson est un coach défensif, grand fanatique de l’isolation sur un plan offensif. Donc avec Melo, J.R. et Stoudemire dans son effectif, il est servi. Sera-t’il cependant capable de tirer les conséquences des résultats récents et de prendre les décisions qui s’imposent ? À savoir arrêter de chercher une iso pour Melo une possession sur trois et pour J.R. une possession sur quatre. Cela n’a pas suffi cette année, et cela ne suffira pas plus à l’avenir. A Woodson de trouver des solutions pour proposer autre chose, ajouter des cordes à l’arc new yorkais. En est-il capable ?

Dans l’ombre de LeBron

 

Dans l'ombre de LeBron

Depuis ses débuts et son arrivée en NBA, Melo aura toujours été dans l’ombre de LeBron, et on est en droit de se demander s’il le restera à jamais. Dominant dans cette ligue, LeBron est parti pour durer et c’est peut-être là que réside le plus gros problème de Carmelo Anthony. Est-il capable de descendre le Heat à lui tout seul ? On ne peut qu’en douter… Qui plus est sachant que le Heat ne sera pas la seule épine dans les futures Melo M10. Indiana continue de progresser, les Bulls vont récupérer D-Rose, et Brooklyn est en train de construire une armada russe impressionnante. Tout ça sans parler de l’Ouest…

Jusqu’à présent, nous nous sommes concentrés sur les forces en présence autour de Melo. Mais nous ne nous sommes pas encore interrogés sur sa capacité à être lui, un champion en puissance. Si l’on regarde uniquement les stats, il est loin au niveau du pourcentage et de l’efficacité des autres grandes stars de cette ligue. Melo n’apporte pas assez pour faire gagner son équipe. Comment pourrait-il réussir là où LeBron a échoué ?

 

Si à Manhattan, on continue de tout miser sur le même cheval, l’avenir ne semble pas plus radieux qu’il ne l’a été ces 40 dernières années. 1973, voilà l’année depuis laquelle les Knicks sont à la poursuite du titre. Avec Melo en tant que go-to player, il semble impossible pour New York d’aller toucher le Graal. Qu’en pensez-vous ? A vous la parole.