La fidélité, nouveau défaut en NBA ?

Le 05 juil. 2013 à 18:00 par Leo

Alors que l’industrie sportive s’apparente à une sphère de plus en plus lucrative, générant toujours plus d’intérêt(s) et d’audience, en témoignent les derniers chiffres recensés de ces Finales 2013 avec des pics dépassant les 20 millions de téléspectateurs, elle n’en est pas moins devenue une source d’influence indéniable des comportements et des principes éthiques en société. Ainsi, semblables à des leaders d’opinion moraux, à des icônes symboliques concentrant nos aspirations et nos attentes dont le parcours envoûtant petits et grands au quotidien est envié, les joueurs NBA détiennent toute notre admiration, comme étant les porteurs de nos sentiments les plus démesurés quant à ce sport collectif tant aimé, tant désiré. Notre passion se voit alors rythmée par leurs moindres faits et gestes, par leurs plus beaux accomplissements comme par leurs échecs les plus cuisants. Mais s’il y a bien une chose d’ordre impardonnable que le fan ne peut accepter et supporter, c’est bien lorsque le joueur adulé brise le lien privilégié qu’il jure d’honorer avec une équipe, avec une institution forgée par le poids et les défis imposés par l’Histoire.

Un Conflit Émotionnel

C’est à ce croisement des genres qu’une éternelle interrogation divise et enflamme les consciences: au point le plus critique, au tournant irréversible de sa carrière, l’intéressé en question doit-il rester à tout prix ou bien changer d’horizon afin d’atteindre son but tant espéré ?

“Faire confiance est une preuve de courage, être fidèle un signe de force.”

Cette citation d’une romancière engagée du XIXe siècle montre qu’un tel choix reflète une certaine faiblesse d’âme ou, au contraire, propulse le sujet vers d’autres sommets, lui procurant une rage virulente, une motivation nouvelle car différente, à éliminer tout obstacle, tout adversaire sur son passage.

Pour apporter de la couleur à notre propos, l’exemple éloquent de LeBron James semble (et demeure encore aujourd’hui) le plus frappant, le plus révélateur de cette façon de faire qui anime les conversations de la “planète Basket” aux quatre coins du globe. Désormais double vainqueur NBA avec deux titres successifs de MVP des Finales à la clé, le talent de ‘l’Iron King” n’est aucunement à prouver. Cependant, une amertume à présent récurrente vient recouvrir chacun de ses exploits avec la même persistance, telle l’ombre d’une communication tumultueuse mise en exergue lors de son départ controversé des Cleveland Cavaliers. En réalité, ce qui paraissait incarner l’expression vérifiée d’une maladresse, d’une faute aussi bien humaine que professionnelle au regard de la victoire des Mavericks de Dallas en 2011, s’est révélé être à posteriori une puissance novatrice, remplie de bonnes intentions et permise par l’engouement nourri des fans du Miami Heat, qui l’a poussé à se remettre en cause et parvenir à l’emporter sur ses démons les plus envahissants.

Tout ceci pour illustrer qu’une source d’inspiration peut en remplacer une autre, que ce n’est pas un processus fermé ou restrictif. Bien qu’opposés et antonymes, du passage de l’amour à la haine, ces sentiments décrits, pleinement vécus appartiennent au même cycle, à la même entité qui structure et régule nos sens devant le jeu produit sous nos yeux. Autrement dit, le principe conceptuel de fidélité subit les lois de son époque, de la vision subjective et moderne de son temps plus précisément.

Une Conception Évolutive Comme Miroir De La Société

Plus qu’une simple question de jugement personnel, ce questionnement pointe, par ailleurs, du doigt une rupture significative par rapport aux décennies antérieures au moyen de la marque explicite de l’évolution des mœurs, de l’approche du jeu et du concept NBA en lui-même.

En nous rabâchant continuellement que “la NBA est un business”, en voyant le jeu macabre dans lequel les différents directeurs des opérations sportives des 30 franchises répertoriées se complaisent, sans honte ni pudeur, lors des périodes de transferts, la liaison essentielle avec le public semble se rétrécir d’année en année, si bien que l’argent s’impose comme le facteur de réussite n°1 au mépris des principes existentiels qui doivent, normalement, être placés au premier plan. On assiste alors abasourdis au déstockage complet d’un organisme, comme par exemple celui des Boston Celtics il y a peu, sous prétexte d’une reconstruction massive pour le bien fondé d’une dynastie en envoyant deux Hall-Of-Famers indispensables, à savoir Kevin Garnett et Paul Pierce, jouer les constellations dans une toute récente galaxie oligarchique des Brooklyn Nets, qui se moque ouvertement des nouvelles directives égalitaires mises en vigueur par la ligue. En d’autres termes, l’amour cultivé par les supporters en devient presque secondaire face, en conséquence, à la volonté égocentrique et narcissique de joueurs prêts à tout pour mettre toutes les chances de leur côté afin de se sentir victorieux, surpuissant sur l’estrade dressée à la mi-juin, au sortir du dénouement toujours aussi dramatique et spectaculaire des Finales NBA.

En outre, non pas que cet aspect dérange car il est fondamentalement propre à l’univers sportif et à la liberté caractéristique de la carrière d’un joueur, mais c’est bien la manière dont les mouvements et les dérives sont décrites qui est remise en cause; quoi de plus répugnant que cette danse de séduction, de cette pseudo-hésitation à la Dwight Howard, de cette tendance à la langue de bois qui heurtent les espérances les plus nobles des fans qui n’existent que pour et par leurs héros ?

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D12 ou “La Diva aux grands pieds” qui énerve son petit monde comme il faut…

En définitive, notre argumentaire ne serait rien sans mentionner le fait que tout ceci repose sur un compromis, un dualisme inévitable entre morale et matérialisme. La solennité et la loyauté des années “Jordan”, “Ewing”, “Magic” ou encore “Duncan” plus récemment, paraissent de nos jours bien éloignées de l’ère purement individualiste, mercantile dans laquelle nous vivons et nous vibrons, plus que jamais ironiquement, pour la NBA et ses matches divins. Bien que le règne souverain de David Stern arrive à son terme, la dynamique cyclique qu’Adam Silver s’apprête à embrasser n’en sera pas moins centrée sur la gestion d’un empire luxueux qui donne davantage de crédit au plus opportun, au plus audacieux qu’au plus vertueux, sportivement parlant.

Morale: on ne gagne plus rien à être fidèle, alors pourquoi le rester ?


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