[Draft] Dennis Schroeder : le futur diamant allemand ?

Le 23 juin 2013 à 17:27 par Bastien Fontanieu

Plus les années passent, plus la NBA regorge de jeunes joueurs internationaux au potentiel excitant. Serge Ibaka, Marc Gasol, Danilo Gallinari et Evan Fournier sont des exemples parmi tant d’autres qui prouvent que le basketball est bien un sport pratiqué partout dans le monde, et notamment en Allemagne. Après le sacre de Dirk Nowitkzi en 2011, de nombreux scouts se sont rendus chez nos voisins de l’Est pour y trouver certains diamants rares… Est-ce le cas de Dennis Schroeder ?

Profil

> Âge : 19 ans. Il va falloir être patient pour devenir meneur titulaire.

> Position : Meneur. Sorte de mix entre Rajon Rondo et Jrue Holiday.

> Equipe : Braunschweig. Brunswick en Français, c’est en Basse-Saxe.

> Taille : 189 centimètres. Suffisant pour un meneur.

> Poids : 75 kilos. Il va falloir vite aller à la salle.

> Envergure : 205 centimètres. Son grand point fort.

> Statistiques 2013 : 11.9 points, 3.3 passes, 43.6% au tir dont 40.2% de loin, 0.9 interceptions et 2.5 balles perdues en 25 minutes de jeu.

Qualités principales

Dennis Schroeder, avant même de commencer quelque analyse qui soit possible sur son jeu, est un formidable athlète. Sorte de mélange entre Jrue Holiday, Rajon Rondo et Kemba Walker, sa qualité première se situe dans sa vitesse. Capable de changer de rythme avec une facilité remarquable, ses isolations après avoir switché sur un joueur plus grand en pick-and-roll sont de véritables démonstrations de technique. Très habile avec la balle, il peut aussi bien décider de rentrer tête baissée pour marquer comme lire les écrans pour trouver ses partenaires démarqués : en conférence de presse, le garçon s’est lui-même comparé à Rajon Rondo pour sa vitesse, son envergure, et sa patience derrière le pick-and-roll. Nul ne doute qu’il peut bombarder les vidéos du lutin vert, on a vu pire comme joueur auprès duquel s’inspirer…

Floaters, finition main droite comme gauche, avec la planche ou plein filet, il utilise déjà des techniques d’ancien comme la protection avec son genou d’appui pour empêcher le contre des arbres de la raquette. Mais ce qui étonne le plus chez le jeune homme et qui fait souvent allusion à Rondo, c’est sa tendance à garder son défenseur derrière lui sur PNR pour pouvoir effectuer la passe au meilleur moment. Entre son intérieur qui roule et qui se voit nourri d’une passe lobée ou un ailier qui serait esseulé suite à une aide défensive, le jeune Schroeder sait faire preuve de beaucoup de patience pour geler la défense adverse et prendre de bonnes décisions. Et pour continuer dans le registre Rondo, Dennis sait effectuer des passes lasers à deux comme à une main, de la droite comme de la gauche après avoir filé en ligne de fond à la façon d’un Steve Nash.

Vous pensiez qu’on vous laisserait ainsi sur la comparaison Schroeder / Rondo ? Ce qui a permis à l’allemand de devenir un des meilleurs prospects de cette cuvée se trouve dans sa propre moitié de terrain : sa dalle est tellement impressionnante et communicante que le garçon adore se retrouver en isolation défensive sur le meneur adverse. Véritable peste en homme à homme, il sait aussi bien se battre sur des écrans que de prendre la pression tout-terrain dès la remise en jeu. Ajoutez à cela une envergure renversante pour son poste, et vous obtenez une menace constante qui sait gérer ses fautes et pourrir la soirée de ses opposants.

Concernant son tir extérieur, des progrès sont à réaliser mais le jeune homme se débrouille déjà très bien pour son âge puisqu’il est passé à 40% à distance cette saison et qu’il tourne dans les 85% sur la ligne des lancers. Mais la tendance qui attire le plus de franchises ces dernières années se trouve dans la date de naissance des jeunes, et Schroeder fait briller les yeux des General Manager de la NBA : avec un physique de joueur de NBA dans la mentalité d’un meneur européen, son potentiel est immense et on peut déjà voir les bases établies par le superbe système de formation germanique. Discipline, rigueur et droiture : pas de place pour les fainéants dans la tête du garçon.

Défauts majeurs

Le premier sujet d’inquiétude avec Dennis, c’est son tir. Fabuleux passeur pour son âge, sa mécanique est presque comique  et il continue sa ressemblance avec Rondo au point d’avoir le même problème que le All Star lors de son arrivée dans la Grande Ligue : 30% en sortie de dribble, Schroeder aura droit à plusieurs mois de défense laxiste en sortie d’écran et il devra apprendre à sanctionner quand la plupart prendront sous le PNR plutôt qu’au-dessus. De plus, la NBA possède les meilleures analyses vidéos et le plus grand nombre de meneurs athlétiques et d’expérience, ce qu’il découvrira rapidement dès ses premiers mois dans la Ligue. Tony Parker n’est pas devenu un Hall of Famer en puissance en quelques mois, il est passé par de nombreuses phases de doute et de boulot acharné sous la poigne du très exigeant Gregg Popovich afin de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Dennis Schroeder aura-t-il la même force de volonté et le même staff ?

Du coup, à cause de sa maladresse en sortie d’écran, tout le jeu offensif qu’il tente d’installer peut se retrouver coincé. En effet, non seulement les meneurs adverses passeront sous les écrans, mais en cas de switchs les plus grands pourront prendre un à deux bons mètres de distance pour éviter la pénétration : le garçon doit vite apprendre à mettre ses tirs avec régularité, sous peine de devenir un menace sporadique. Rajon Rondo a eu la chance d’être rapidement entouré de trois légendes dans son équipe et d’un excellent coach, mais les quelques mois précédent ce grand changement dans Boston, le numéro 9 des Celtics était sur le viseur de toutes les critiques : même départ en carrière pour notre voisin allemand ?

Nous parlions précédemment de sa capacité à réaliser des passes extrêmement difficiles et impressionnantes en sortie de PNR pour nourrir ses coéquipiers démarqués : sa capacité à ne pas réussir les plus faciles pourra rendre de nombreux coachs fous de rage. Plus de 20% de ses possessions offensives ont terminé avec une balle perdue sur sa dernière saison, un rendement beaucoup trop élevé dans une Ligue qui paye automatiquement les pertes par des points faciles. Un peu nonchalant à la façon d’un Jrue Holiday, sa technique doit s’améliorer s’il ne souhaite pas finir sur le banc après quelques minutes de jeu car des défenseurs expérimentés et ayant bien analysé son jeu se régaleront à lui piquer la gonfle.

Enfin, de nombreuses questions résonnent quand les franchises NBA regardent l’attitude du jeune homme. Discret, nonchalant, pas très autoritaire : la Grande Ligue est bondée de joueurs aux égos surdimensionnés, qu’un meneur de jeu doit être capable de gérer d’une possession à l’autre. Peut-il être le leader d’une franchise ? Sera-t-il capable d’exécuter les décisions de son coach à la perfection sans qu’un intérieur le chope par le col pour lui donner la leçon ? La NBA est une jungle difficile et intransigeante envers ceux qui manqueraient de cojones. A Schroeder de se forger un caractère de leader, capable de calmer ses troupes comme de les surmotiver. Si ça passe, le ciel est la limite. Sinon, un meneur remplaçant dans une franchise au jeu rapide.

Conclusion

Chaque profil de la cuvée 2013 est réalisé à titre personnel. Schroeder ne peut pas être plus proche de Rajon Rondo dans ce qu’il présente à son entrée dans la cour des grands. Excitant balle en main, menace constante en pénétration comme dans sa lecture du jeu, il souffrira forcément dès ses premiers mois à cause de sa faiblesse dans le tir et son manque de leadership, mais le potentiel est immense. Si le jeune allemand a droit à la même combinaison chance / patience qu’un certain Tony Parker, on pourrait voir naître la version mixée de Rajon Rondo et Jrue Holiday sous nos yeux dès Octobre prochain.

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