Lorsque deux rappeurs, aussi talentueux qu’ils peuvent l’être, jouent les premiers rôles dans un long-métrage cinématographique, on craint souvent le pire, très loin de s’imaginer un live dantesque au House of Blues. Néanmoins, tourné par Sanaa Hamri (Shameless, Desperate Housewifes) en 2010, Love and Game, du titre original Just Wright, dispose d’une fraîcheur non désagréable, élaborée grâce à l’efficacité du duo Queen Latifah-Common, qui nous rend ouvertement coupable d’un honnête sourire en coin tout au long d’un film assez fade, un peu trop policé à notre goût.
En effet, on regrette le manque d’engagement de la part du réalisateur quant à l’orchestration des scènes de jeu où Scott McKnight (Common) martyrise sans contestation et avec une facilité déconcertante les défenses adverses à l’écran. Par ailleurs, un enchaînement pourtant bien aéré des séquences donne lieu, au contraire, à des rebondissements extrêmement prévisibles et superflus, à mesure que l’on s’immisce dans la psychologie des personnages et que l’on progresse, sans encombre, dans la trame narrative. Ainsi, l’intrigue amoureuse qui en découle, mettant en scène une préparatrice physique, Leslie Wright (Queen Latifah), cultivant une passion renversante pour ses Nets du New Jersey et s’éprenant de la superstar McKnight, objet de toutes les convoitises, faillit dans son entreprise d’originalité, dans le sens où elle reste dans la lignée générique de ces productions hollywoodiennes pré-mâchées.
Cependant, la présence très appréciée de plusieurs de nos icônes quotidiennement familières telles que Dwight Howard, Dwyane Wade, Rashard Lewis (et oui…), Rajon Rondo, confère une précision vitale au récit, le situant au cœur d’une réalité sportive fidèlement retranscrite. De même, la couverture médiatique enveloppant la NBA demeure, elle aussi, bien représentée avec les apparitions réjouissantes et successives de Marv Albert, Mike Fratello, Reggie Miller, Ahmad Rashad et Jalen Rose. En un mot, l’intérêt essentiel de Love And Game réside dans la description proposée des dérives et des vices concentrés autour de l’univers impitoyable du basket-ball professionnel américain. Le film offre donc un avis relativement conscient et alerte des conséquences néfastes d’un matérialisme de plus en plus pressant et tristement accolé à la NBA, incarné en l’occurrence par l’atout charme de cet opus, la troublante, sublime et espiègle Morgan Alexander (Paula Patton).
En somme, un film plutôt sympathique, rafraîchissant et réaliste de notre temps qui se laisse déguster, tant il respire une simplicité à respecter dans son travail de moralisation dont on vous laisse, dès lors, découvrir la bande-annonce.