Les Trailblazers n’iront pas en playoffs cette année. C’est la deuxième saison consécutive que Nicolas Batum et ses coéquipiers vont pouvoir profiter de vacances prolongées ou plutôt de vacances anticipées. Pourtant le potentiel ne manque pas dans l’Oregon, n’oublions pas que Nicolas Batum n’a que 24 ans, LaMarcus Aldridge 28 ans et Damian Lillard, le futur rookie de l’année seulement 22 ans !
Du talent, de la jeunesse, des promesses.
Notre frenchie a démarré la saison en boulet de canon tournant à 16,3 points (à 43%), 6 rebonds, 5 passes, 1,5 interceptions et 1 contre par match pendant les mois de novembre, décembre et janvier. Les Blazers étaient alors positionnés dans les 6 meilleurs bilans à l’Ouest. De quoi faire taire tous les sceptiques, les aigris incapables de comprendre pourquoi Portland s’est aligné, l’été dernier, sur l’offre de Minnesota afin de garder son ailier. Il est vrai qu’avec ce contrat de 45 millions sur 4 ans, Nic’ se devait de prouver qu’il pouvait devenir le lieutenant de LaMarcus Aldridge.
“Est-ce qu’il peut répondre aux attentes qu’implique ce contrat ? Nous pensons que oui. » Neil Oshley, General Manager des Blazers.
Aldridge, le franchise player de Rip City, réalise, lui, une saison conforme à ses standards de All Star avec 21,1 points (à 49%), 9 rebonds et 1,2 contres par match pendant que Damian Lillard évolue à un niveau très impressionnant pour un rookie puisque, sans même parler de sa «cluchitude» rare pour un joueur aussi jeune, sa ligne de stats est à faire pâlir bon nombre de meneurs évoluant depuis des années en nba : 19,1 points, 6,5 passes et 3 rebonds par match. Vous avez dit R.O.Y ? Oui, sans aucune contestation possible.
Ajoutez à ces trois-là, Wesley Mathews, un arrière costaud et bon shooteur derrière l’arc, un JJ Hickson qui tourne en double double et vous avez un cinq majeur qui tient sérieusement la route. Alors, comment cette équipe, avec ce cinq de départ si équilibré et plein de talent, n’a-t-elle pas réussi à maintenir son niveau et se qualifier pour les playoffs ? La réponse tient en trois mots : Pas De Banc ! Car, si le cinq majeur est solide, athlétique, adroit, tout simplement talentueux, on ne peut pas en dire autant des remplaçants, loin de là…
Hormis Eric Maynor qui, arrivé en cours de saison, a apporté un vrai plus sur les rotations aux postes d’arrières, le reste du banc des Blazers n’est pas à la hauteur. Il faut dire qu’on y compte déjà 4 rookies : Victor Claver, Meyers Leonard, Will Barton et Joel Freeland. Ces joueurs ont peut-être du potentiel mais ça ne s’est pas trop vu cette année. Sinon, sur le banc de Portland, on trouve des joueurs comme Jared Jeffries, très volontaire mais aussi très limité ou comme Sasha Pavlovic qui n’a quasiment pas rentré un shoot depuis son passage à Cleveland…
Que faire ?
Vous l’aurez compris les options du coach Terry Stotts sont très réduites lorsqu’il s’agit de faire souffler un de ses titulaires. Alors quand l’un d’eux, voire plusieurs, se blessent, le rendement de l’équipe s’en ressent fortement. La fatigue fait partie des paramètres clés en nba et les blessures finissent forcément par survenir lorsqu’un coach est obligé de tirer sur ses hommes forts sans pouvoir les faire tourner suffisamment. Du coup, ce Portland, trop souvent émoussé, a laissé filer bon nombre de matchs à sa portée en s’affalant dans les dernières minutes ou en ratant totalement des premiers quarts-temps lors de rencontres en back to back.
Là où des équipes comme Boston, San Antonio ou encore Chicago ont les moyens de tenir malgré de grosses blessures sur des joueurs clés, Portland a sombré. Terry Stotts n’a peut-être pas le génie de coachs tels que Doc Rivers, Greg Popovich ou Tom Thibodeau mais il faut reconnaître qu’il ne dispose pas non plus du même roster.
Un bon exemple : Il y a quelques semaines, un mince espoir subsistait encore à Portland. Les playoffs n’étaient pas totalement hors de portée mais LaMarcus Aldridge s’est blessé et a manqué quelques matchs au pire moment. Avec leur franchise player sur le flanc et un Batum affaibli par une blessure récurrente à l’épaule, Terry Stotts et ses joueurs ont subi une série de six défaites, annihilant ainsi toute chance de réaliser un gros come back et d’arracher la 8ème place à l’Ouest. Les Blazers ont même fini la saison avec 13 défaites d’affilée…
Il faut tout de même voir le côté positif de cette situation. Paul Allen, le propriétaire de la franchise, et Neil Oshley, le General Manager, savent ce qu’ils doivent faire durant la prochaine intersaison. Ils doivent tout mettre en œuvre pour étoffer leur roster. Le marché des Free Agents va fourmiller de joueurs capables de venir renforcer l’effectif de Rip City et si cela implique de laisser filer le très bon, mais pas assez défensif, JJ Hickson afin d’avoir de la marge salariale et bien tant pis !
En cas de départ (fort probable) de Hickson, les Blazers devront enrôler un pivot, du moins un intérieur avec un profil défensif. Ce sera donc soit un Agent libre, soit un rookie. Car à moins de faire un échange incluant un de ses titulaires, Neil Oshley n’a pas vraiment de quoi appâter les franchises susceptibles de fournir un bon intérieur défensif. En ce qui concerne la draft, on ne sait pas encore quel choix aura Portland pour la prochaine cuvée. Sauf énorme coup de chance, ce sera trop juste pour pouvoir choisir Nerlens Noel qui est annoncé très haut.
Le Rose Garden mérite mieux
Le pivot de Kentucky aurait pourtant le profil idéal. Ensuite, il y aura quelques intérieurs intéressants parmi lesquels choisir. Comme éventuellement Alex Len ou Cody Zeller, peut-être pas assez «défensifs dans l’âme» mais les deux sont talentueux. Annoncés plus bas, autour de la 15ème place, des joueurs comme Kelly Olinyk ou Georgui Dieng ont le profil poste/taille recherché. En clair, Portland peut tout à fait faire le choix de ne pas garder JJ Hickson, prendre un pivot à la draft et s’appuyer sur la Free Agency pour compléter le roster. C’est une option.
Une autre option peut consister à faire une belle offre sur un joueur comme Emeka Okafor ou Samuel Dalembert qui sont agents libres sans restriction cet été et qui ont clairement des profils très complémentaires avec LaMarcus Aldridge. A voir combien demanderait ces joueurs qui gagnent aujourd’hui autour de 10 millions l’année pour le Wizard et autour de 7 millions pour le Buck… Dans ce cas, Neil Oshley pourrait choisir un rookie pouvant jouer, par exemple au poste 2 ou au poste 3 voire aux deux, ce qui serait très bien pour le banc. Et ensuite compléter tout ça, en fonction des moyens financiers, avec des joueurs libres à choisir, entre autres, parmi les Wesley Johnson, Nick Young, Trevor Ariza, Ronnie Brewer, Chris Andersen, Tyler Hansbrough ou encore Mareese Speights.
Quoiqu’il en soit, les Blazers doivent pouvoir s’appuyer sur un groupe de 10 joueurs sérieux pour espérer exister dans cette jungle qu’est la conférence Ouest.
Rien que pour avoir le plaisir de revoir des séries de playoffs dans ce superbe écrin qu’est le Rose Garden. Rien que pour entendre à nouveau ce fabuleux public rugir de bonheur, ces messieurs Allen et Oshley doivent se secouer et construire une équipe digne de ce nom…