Le 29 mai 1997, John Stockton envoyait les Rockets en vacances sur un game-winner de folie

Le 29 mai 2024 à 12:13 par Céleste Macquet

John Stockton Jazz 29 mai 2024
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On considère souvent Michael Jordan et Hakeem Olajuwon comme les deux gros monstres des années 90. Hakeem n’a certes pas le palmarès de Jordan, mais le pivot se plaçait tout de même là dans la hiérarchie des nineties. Certains prétendent même que le 23 des Bulls en avait une frousse bleue. Quoi qu’il en soit, les deux monstres ne se sont jamais croisés en Finales malgré huit apparitions de rang en cumulé entre 1991 et 1998. Pourquoi, vous demanderez ? Eh bien en partie à cause de ce diable de John Stockton.

Où étiez vous lorsque les Greg Ostertag et autres Adam Keefe arpentaient les raquettes de l’Utah en conquête d’un premier titre NBA ? Une époque lointaine que certains regrettent tandis que d’autres y sont parfaitement indifférents. Ces années 90, où l’ère des Mehmet Okur et autres Carlos Boozer n’avait pas encore commencée, furent la grande période du Utah Jazz, qui atteignirent les sommets de la Conférence Ouest en bâtissant autour de leur duo John Stockton – Karl Malone.

Après dix saisons de collaboration, le Utah Jazz de Jerry Sloan réalise sa meilleure saison régulière avec l’exercice 1996-1997 qu’il conclura avec 64 victoires et un Karl Malone élu MVP. Pour faire suite à une fin de régulière canon où ils compileront 31 victoires en 35 matchs, les montagnards balancent les Clippers par la fenêtre en trois matchs, écartent les Lakers de Shaq et Kobe en cinq, avant de s’attaquer aux Rockets. Les fusées sont propulsées par le très puissant Hakeem Olajuwon, déjà deux fois champion NBA. Après deux victoires à la maison, le Jazz voit leurs adversaires revenir à 2-2 dans la série avant de parvenir à remporter le très crucial Game 5 à domicile. Les Rockets vont devoir gagner le Game 6 pour espérer valider un ticket pour les Finales, sans quoi ils seront éliminés.

Houston a mené la plupart du temps sur ce Game 6. Ils sont devant, 94 à 84 alors qu’il reste un peu plus de 3 minutes dans le match. C’est le moment que choisit John Stockton pour enclencher le mode “laissez moi faire et regardez ce qu’il se passe”. Il commence par mettre deux lancers francs avant de faire une brillante passe pour Bryon Russell qui décoche une flèche à 3-points sur la possession suivante. Wanna do it again ? Sur l’action d’après, John Stockton refait 2/2 aux lancers avant d’envoyer un caviar pour un 3-points de… Bryon Russell. Et hop, le Jazz est à -4. Stockton file au lay-up sur l’action suivante, et alors que Clyde Drexler cherche à faire remonter l’écart, le meneur au physique de matheux lui chipe la balle pour aller remettre un lay-up qui remet les deux équipes à 98 partout. Egalité.

Les Rockets repassent devant sur la ligne des lancers francs, mais Johnny y va de son jump-shot pour ramener tout le monde à 100 partout. Temps mort Houston. Clyde Drexler a un tir pour repasser devant. Raté. Rebond Karl Malone. Temps mort Utah. 

Mbon. Alors que les coachs donnent leur consigne pour la dernière action qui va s’ensuivre, on a du mal à voir comment le Jazz va réussir à passer devant avec à peine deux secondes restantes. On spécule, on spécule. Mais qui va prendre ce dernier tir ? Karl Malone est un immense scorer mais pas spécialement le type de joueur à qui l’on veut donner le ballon dans un moment clutch. Bryon Russell qui a bien sanctionné dans ce quatrième quart va être tenu à l’œil par la défense Texane. Ce n’est donc pas non plus la solution de rêve. Il reste bien l’option Antoine Carr pour le Jazz mais il est probable que Jerry Sloan ne préfère même pas y penser.

Oui, la balle pourrait tomber dans les mains de John Stockton, mais ce n’est pas un meneur gestionnaire d’à peine 1m85 qui va faire flipper l’armada des Rockets. Il faut pas déconner. Après tout, le binôme de Karl Malone n’est que le Robin de son Batman. Pas même la deuxième option offensive du Jazz cette année. Oui le type est un peu chaud sur cette fin de match, mais ce n’est pas un joueur orienté scoring au fond. Avec à peine 14 points de moyenne en carrière à l’époque, ce n’est pas à lui qu’on filerait une balle de match. En plus regardez le. On dirait un comptable.

Non, le mieux ce serait encore que Jeff Hornacek prenne ce dernier tir. C’est la deuxième option du Jazz cette saison, et il est plus que capable de décocher un gros game winner.

En toute logique, le Jazz va se foirer et les Rockets, plus deep et à domicile vont assurer en prolongations pour arracher un Game 7. On aime bien ce Jazz qui peut tout de même compter sur un duo de Dream Teameurs… mais les Rockets ont un duo de la sorte eux aussi, et ils ont un double MVP des Finales chez eux par dessus le marché. Le Big 3 Charles Barkley – Clyde Drexler – Hakeem Olajuwon est lourd dans cette série, avec 61,2 points, 24,3 rebonds et 10,8 assists en cumulé. Du très lourd. C’est ce trio qui doit rejoindre Michael Jordan, Scottie Pippen et Dennis Rodman en Finales NBA, c’est logique.

Le temps mort du Jazz est fini. Bryon Russell va effectuer la remise en jeu. Il reste deux secondes et huit dixièmes au chronomètre. Karl Malone pose un écran de talonneur qui emmerde deux joueurs et la balle parvient à John Stockton qui n’a plus qu’à se décaler sur la gauche pour se retrouver complètement démarqué à 3-points. Charles Barkley fait un contest de poivrot en catastrophe, mais il part de trop loin. Bien trop loin. Chaud comme un radiateur électrique réglé au maximum qu’on aurait oublié de débrancher avant de partir trois semaines en vacances, le meneur ne tremble pas. Son shoot fait ficelle et les siens exultent. Le petit bonhomme est directement impliqué sur les 19 derniers points du Jazz. C’est ça être très clutch. Le buzzer a retenti. Le Jazz est qualifié pour ses premières Finales NBA.

May 29, 1997: John Stockton hits a three at the buzzer for a 103-100 G6 win over the Rockets giving Utah a 4-2 WCF series win. pic.twitter.com/WTI41lNQi6

— This Day In Sports Clips (@TDISportsClips) May 29, 2020

Des années plus tard, la plupart des supporters ont oublié Greg Ostertag et autres Adam Keefe, mais ce game winner de John Stockton pour décrocher les premières Finales NBA de l’histoire du Jazz, il est inoubliable. Pas la franchise la plus respectée dans la ligue, loin d’être le duo de franchise player le moins clivant de l’histoire, mais cette équipe du Utah Jazz de John Stockton et Karl Malone a quand même été du bon côté de l’histoire par moments. Même si ce ne sont pas les moments dont on parle le plus souvent.