Flashback : le 16 mai 1999, les Knicks, huitièmes, réalisent l’upset face au Heat, premier

Le 16 mai 2024 à 12:09 par Céleste Macquet

Allan Houston Knicks 14 mai 2024
Source image : YouTube

La saison NBA 1998-1999 ne fut pas comme les autres. Dans une année où un lock-out viendra réduire la saison régulière à 50 matchs, New York se qualifia en Playoffs de justesse. A la huitième place, les orange et bleu s’apprêtaient à affronter le terrifiant Miami Heat, premier de l’Est, emmené par leur coach Pat Riley. Les soldats des Knicks réalisèrent alors l’impossible, et Allan Houston rentra dans la légende. Récit d’un exploit inoubliable.

Les Knicks de 1999 : un collectif loufoque, une régulière étrange

Cette équipe de New York ne fit rêver personne pendant la saison régulière. Il faut dire que l’année fut particulière. Les propriétaires de franchise étaient entrés en grève pour ce qui sera le plus long lock-out de l’histoire de la NBA. La saison ne commence qu’en plein mois de février et ne durera que 50 matchs. Cette équipe de New York, vieillissante, est emmenée par un Larry Johnson qui était déjà sur la fin, un Marcus Camby qui faisait un bien fou en sortie de banc et un Patrick Ewing qui allait sur ses 37 ans, mais qui était encore très sérieux. Ça fait presque deux ans que Pat Ewing n’est plus vraiment Pat Ewing, mais même un Pat Ewing qui n’est plus vraiment Pat Ewing, ça suffit pour faire un très bon titulaire en NBA.

Le problème, c’est que Patoche n’est pas la troisième option de New York. C’est… le meilleur scoreur des Knicks cette saison. Avec un peu plus de… 17 points de moyenne. Eh oui, nous sommes à la fin des années 90, la pace est lente, les contacts encouragés, et les défenses très rugueuses.

Patrick Ewing est donc là, avec ce qui lui reste des Knicks des grandes années. Il n’y a pas eu de All-Star Game en cette année 1999, mais il n’est pas garanti qu’il y aurait eu le moindre joueur nommé All-Star à New York. Il faut le dire, ces Knicks ne sont pas une superbe équipe de basket. Le bilan de 27-23 est quand même très mitigé. La troisième pire attaque de la ligue mais la quatrième meilleure défense. Une des cinq équipes les plus lentes de la ligue cette année, dans une NBA pourtant bien, bien lente. Une escouade morne. Très bof. Mi figue mi-raisin. Entre chien et loup. Capable du meilleur comme du pire. Mais cette équipe a tout de même le droit à sa participation aux Playoffs, et ce n’est pas n’importe quelle équipe qu’ils devront affronter au premier tour.

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— 90s NBA (@NBA90s) March 9, 2022

Miami et New York : les origines d’une haine mutuelle

On l’a dit, la saison est étrange. Le Miami Heat qui se dresse sur la route new-yorkaise n’a que… six victoires de plus qu’eux. Six victoires d’écart entre le premier et le huitième. Bon. Si ce n’était que ça, on serait certes sur une série assez particulière en l’état. Sauf qu’en plus il y a un passif entre les deux équipes. Tout d’abord, Pat Riley.

En effet, le coach du Heat a emmené une équipe jusqu’en Finales NBA cinq années auparavant… les Knicks. Malheureusement, après quatre saisons à New York, il annonce dans un fax à sa franchise qu’il quitte le navire pour rejoindre le Miami Heat en 1996. Riley en voulait aux dirigeants des Knicks de ne pas lui laisser le contrôle des opérations basket. Furieux, les Knicks accusent le Heat de tampering auprès des grosses huiles de la ligue. Plus tard, il sera bien avéré que des négociations ont eu lieu quand Pat Riley était encore sous contrat.

L’année suivante, Knicks et Heat s’affrontent en demi-finales de Conférence. Alors que New York mène 3-1 dans la série, une bagarre éclate entre Charlie Ward et P.J. Brown, ce dernier envoyant carrément le premier au sol. Patrick Ewing, John Starks, Larry Johnson et Allan Houston quittent le banc des Knicks, fous de rage pour se mêler à la baston. A l’époque, c’est synonyme de matchs de suspensions. Non seulement Miami gagne ce match 5, mais ils s’imposent également au Game 6.  Patoche et Houston ratent carrément le Game 7, toujours sous le coup de la suspension du Game 5. Des absences qui coûtent trop cher à New York. Miami remporte la série grâce à ce mauvais coup du Heat.

L’année suivante, c’est au premier tour que les deux équipes se rencontrent… et il y a encore bagarre. On joue toujours au meilleur des cinq matchs au premier tour à l’époque. Miami mène 2-1 face à des Knicks qui ne peuvent toujours pas compter sur Patrick Ewing, blessé. Les Knicks n’ont cependant pas dit leur dernier mot, et remportent le Game 4, non sans proposer un pugilat des familles entre Larry Johnson et Alonzo Mourning. Les deux lascars sont suspendus pour le crucial Game 5, mais des deux absences, c’est celle de Zo Mourning qui fait le plus mal. Les Knicks cognent ce Heat 98-81 à Miami et accèdent au tour suivant.

Le premier à trois matchs gagne

Ça nous fait donc 1-1 entre ces deux équipes en Playoffs, qui se recroisent donc encore au premier tour de cette saison 1999. Comme on se retrouve. Le Heat a encore en tête la déconvenue de l’année passée. Face à ces Knicks huitièmes, en position de faiblesse, le Heat compte  bien faire passer un message dès le Game 1 qui se tient en plus à Miami. Tellement que… New York explose le Heat de 20 points. Miami shoote… horriblement. 27/78 au global et 5/24 de loin, non mais ça va pas la tête ? Au final, ça fait 95-75. Latrell Sprewell envoie 22 points à 9/16 aux tirs en sortie de banc. Le Knick pose les bases pour la suite de ce premier tour. Cette série sera bien la sienne.

May 8, 1999: Latrell Sprewell scores in transition and is fouled by Alonzo Mourning during Game 1 of the Knicks’ first round playoff series against Miami.

Sprewell and Allan Houston each scored 22 PTS in New York’s 95-75 win. Mourning had 27 PTS/8 REB/5 BLK for the Heat. pic.twitter.com/JZ7ltsQMua

— NBA Cobwebs (@NBACobwebs) May 8, 2024

On n’a pas fait les présentations ? Joueur réputé instable, ancien All-NBA First Teamer, Latrell Sprewell était une personnalité spéciale. Bonhomme hyperactif à la personnalité fantasque, capable de planter 49 points sur un match, comme d’étrangler son coach à l’entraînement, il demeure l’un des profils les plus imprévisibles jamais passé par la grande ligue. Dans la mauvaise équipe et la mauvaise situation, il pouvait semer le chaos. Mais au sein d’une franchise new-yorkaise dont les valeurs lui correspondent bien, il pouvait se révéler très, très très, très très très utile. Encore à l’heure d’aujourd’hui, Spree est l’un des joueurs les plus appréciés à New York, l’un de ceux qui a le plus marqué les esprits. Et c’est Steve Kerr, un de ses adversaires dans cette postseason qui en parle le mieux :

“Sprewell ? On aurait dit un personnage de dessin animé” – Steve Kerr

Après cette première manche qui ne s’est pas du tout déroulée comme ils l’espéraient, le Heat se devait de réagir pour ne pas être complètement ridicule, et ce fut chose faite. Victoire 83 à 73. Ce deuxième match à domicile est géré. Alonzo Mourning (26 points à 10/16 aux tirs, 4 contres, 3 interceptions) dégomme tout sur son passage, tandis qu’aucun Knick ne dépasse les 16 points. Mais les New-Yorkais repartent de Floride avec ce qu’ils étaient venus chercher : l’avantage du terrain.

Knicks vs Heat highlights (1999)
Eastern Conference First Rd Gm 2 pic.twitter.com/YAZcsUGCEh

— 90s NBA (@NBA90s) June 25, 2022

Au Game 3 à New York, devinez quel loustic on retrouve à semer la pagaille dans la défense du Heat alors qu’il sort du banc ? Ce bon vieux Spree ! Latrell finit encore meilleur scoreur de New York, et… meilleur scoreur du match avec 20 points. Eh oui, à l’époque, ça suffit. Les Knicks s’imposent sur le score de 97 à 73. Encore une fois, New York gagne très largement face au premier de la Conférence, mais qu’est-ce qu’il se passe à l’Est ? Miami a shooté à 24/70 au tir dont… 4/23 derrière l’arc, décidément, qu’est-ce qui leur prend ? On aurait bien inséré un emoji pour illustrer le délire, mais si vous savez, celui qui vomit.

Encore une fois, le Heat fait le coup de l’équipe à réaction – ce qui n’est en général pas bon signe – et s’améliore au Game 4. 87-72 pour le dernier match à New York, avantage du terrain récupéré, non mais. Cette fois-ci, c’est les Bockers qui sont horribles au tir et finissent à moins de 37% au global sur le match. Cette série est définitivement particulière dans ses pourcentages au tir, d’où la théorie Jordan Poole 2019 et la machine à remonter le temps. Tout se décidera donc au match 5 à Miami, la victoire signifiera la qualification.


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