Flashback : Magic Johnson rookie et pivot en Finales NBA, une perf ALL-TIME (42 points, 15 rebonds et 7 passes)
Le 16 mai 2024 à 12:19 par Robin Wolff
Le 16 mai 1980, Earvin “Magic” Johnson s’est définitivement révélé aux yeux de la NBA. Le rookie s’est illustré sur la plus grande des scènes – les Finales NBA – en envoyant 42 points, 15 rebonds et 7 passes décisives contre les Philadelphia Sixers pour permettre à son équipe de remporter le titre. Le plus fou, c’est qu’il a réalisé cette performance en démarrant la rencontre au poste de pivot.
Le match entier est disponible sur la chaîne YouTube de la NBA :
Parmi les grandes qualités essentielles à une pratique d’un sport à haut niveau, la capacité d’adaptation est souvent oubliée. Pourtant certaines disciplines sont construites dessus. Prenez le tennis, vous devez sans cesse changer votre plan de jeu, en fonction des qualités et défauts de votre adversaire, de la surface, du vent ou encore du soleil. Le basket-ball n’échappe pas à la règle. Vous devez faire en fonction de la tactique défensive adverse, de l’état de forme de vos coéquipiers ou encore tout simplement des joueurs présents sur le terrain. En 1980, Paul Westhead a eu une idée de génie en lançant son rookie Magic Johnson au poste de pivot, lors du dernier match de la saison, une adaptation forcée certes, mais qui a payé.
Alors comment en est-on arrivé là ?
Deux jours plus tôt, le 14 mai, Kareem Abdul-Jabbar, le leader des Los Angeles Lakers, s’emploie pour donner l’avantage à son équipe lors de ces Finales. À 2-2, le Game 5 est capital et le pivot légendaire aux lunettes rondes le sait. Il joue 41 minutes et score 40 points pour permettre une victoire pourpre et or sur le score de 108 à 103. Problème, dans cet effort, l’ancien des Milwaukee Bucks s’est blessé à la cheville au cours du troisième quart-temps. Avec l’adrénaline, il a été en mesure de terminer la rencontre, mais il doit faire forfait pour le Game 6 et devrait même être absent pour le Game 7 si ce dernier venait à être nécessaire.
Heureusement, Magic Johnson a tenu à ce que ce ne soit pas le cas.
Au moment de prendre l’avion pour Philadelphie, le meneur rookie veut faire passer un message à ses coéquipiers. Il s’assoit à la place de Kareem Abdul-Jabbar histoire de faire comprendre qui était le nouveau leader et s’adresse à chacun de ses partenaires : “N’ayez pas peur, E.J (Earvin Johnson) est la.” Dans certains vestiaires et avec certains rookies, cette attitude ne serait pas passée, ici Magic se heurte à quelques ricanements de sympathie, tout au plus.
Mais même ces rictus vont rapidement disparaître du visage des autres Lakers… et encore plus de ceux de leurs adversaires. Avoir Magic Johnson au poste 5 dès l’engagement permet à son équipe d’écarter un petit peu la défense des Sixers. Caldwell et Bobby Jones, les deux intérieurs homonymes de Philly doivent se dégager de leur cercle et cela fait grandement baisser leur efficacité. Souvent, le futur meneur du Showtime les déborde de vitesse et même lorsqu’il y a des loupés, l’absence des Jones permet aux visiteurs de complètement dominer la bataille du rebond.
Sur l’intégralité de la rencontre, les Lakers vont capter six prises de plus que leurs adversaires et vont même gratter un total impressionnant de 17 rebonds offensifs. Comme quoi, jouer plus petit n’est pas toujours une garantie de perdre en qualité sur cet aspect du jeu.
Cela témoigne néanmoins de la différence d’état d’esprit entre les deux équipes. Portés par Magic, les coups de butoirs jaunes et violets s’enchaînent et si à la mi-temps le score est de 50-50, le troisième quart-temps remporté 33 à 23 par les visiteurs sera fatal aux coéquipiers de Julius Erving.
C’est surtout grâce à son agressivité que le rookie domine le match. Quelque soit le poste qu’il occupe, il attaque sans cesse la défense adverse et terminera la rencontre avec 14 lancers francs tentés … pour autant de réussis. C’est aussi du fait de cet état d’esprit qu’il parvient à terminer meilleur rebondeur de la rencontre avec 15 à lui tout seul.
Mais ce serait un raccourci de n’accorder du crédit qu’à son mental tant sa technique a également éblouie ce match décisif. Magic Johnson se laisse aller à des hooks et à des finitions proche du cercle plus impressionnantes les unes que les autres. Le pivot d’un soir termine la partie avec 42 points, 15 rebonds, 7 passes décisives et 3 interceptions à 14/23 au tir. Plus jamais dans sa carrière, il n’inscrira autant de points lors d’un match de Finales NBA et il ne dépassera cette marque qu’à trois reprises en Playoffs (44 points contre les Warriors en 1981 et 43 points à deux reprises contre les Suns en 1990)
Mais dans ce Game 6 de 1980, un autre héros est trop souvent oublié. Jamaal Wilkes livre lui aussi une performance exceptionnelle avec 37 points et 10 rebonds à 16/30.
Les Lakers s’imposent finalement 123 à 107 après un dernier quart-temps maîtrisé et remportent le titre pour la première fois depuis 8 ans. Sur les huit saisons suivantes, Magic Johnson et ses coéquipiers en gagneront 4 autres. Une domination monstrueuse sur la décennie pour une des plus grandes dynasties de l’histoire, celle du Showtime.