Performance all-time : quand Larry Bird (60 points) mettait les Hawks à l’amende

Le 12 mars 2024 à 09:48 par Julien Vion

Larry Bird 11 mars 2024
Source image : YouTube

Le 12 mars 1985, les Celtics affrontent les Hawks en saison régulière. Ce qui aurait pu être une énième victoire anecdotique de Boston tourne à la soirée mythique quand Larry Bird prend le match pour un jeu vidéo. Press start to begin. 

La saison régulière 1984-85 des Boston Celtics est, comme souvent dans ces années-là, une promenade de santé. Un bilan de 41 victoires pour 9 défaites au All-Star break, trois joueurs au match des étoiles (Larry Bird, Robert Parish et Dennis Johnson) et un sentiment de domination totale sur la Conférence Est. Ah oui, Larry Bird, MVP en titre, est en route pour décrocher son deuxième trophée consécutif.

Au milieu de cette promenade, une rencontre du mois de mars reste gravée dans l’histoire pour la performance individuelle de Bird autant que pour le déroulé de la soirée. Larry l’oiseau contre les pioupious d’Atlanta sur les terres actuelles des Pelicans, rangez vos livres d’ornithologie, on vous explique cette soirée de haut vol.

Larry Legend en chasse de records

Le 3 mars 1985, neuf jours avant le match qui nous intéresse, Kevin McHale détruisait les Detroit Pistons en allant chercher le record de la franchise au scoring. 56 pions, l’ancienne marque de John Havlicek (54 points) est effacée des tablettes. Mais l’essentiel ayant été fait, McHale accepte de venir s’asseoir sur le banc avant la fin du match et s’arrête donc à 56 points. Bird prévient :

“Tu devrais continuer à scorer tant que t’es chaud, car si tu n’atteins pas les 60 points, je vais très vite m’en occuper”.

Neuf jours plus tard, chose promise chose due. Les Celtics, forts d’un bilan de 51 victoires pour 14 défaites, font figure de grands favoris face aux Hawks d’Atlanta. Quatre futurs Hall of Famers évidemment titulaires, Larry déterminé : ça sent la boucherie de volaille.

Il faut dire que la bande de Mike Fratello connaît une saison difficile. Malgré l’éclosion d’un Dominique Wilkins dans sa troisième saison NBA, décrocher une place en Playoffs semble être une mission compliquée.

Et pour la douzième fois de la saison, Atlanta joue à domicile… à la Lakefront Arena de New Orleans. La salle universitaire était rarement remplie cette année là, sauf pour la venue de l’armada des Celtics, l’ambiance y est donc très particulière, pas forcément à l’avantage de l’équipe qui “reçoit”.

La rencontre débute et les fans comprennent assez vite que Larry Bird est en grande forme. “Il est incroyable” constatent les commentateurs quand l’ailier commence à préchauffer. 23 points à la pause pour le MVP, mais les Hawks sont étonnamment accrocheurs et se maintiennent à 7 points.

“Il nous a dit à la mi-temps que personne ne pouvait l’arrêter, qu’il suffisait de lui donner le ballon et de se mettre à l’écart. Puis il s’est mis à narguer les joueurs d’Atlanta sur le terrain, ceux sur le banc, leurs entraîneurs et même les arbitres (…) J’ai adoré” – Robert Parish, coéquipier de Bird

Au retour des vestiaires, le show Bird commence. Et quel show.

Bird sur une autre planète, le banc des Hawks se fend la poire

Le numéro 33 propose aux quelques 10 000 fans présents d’étaler sa panoplie de shooteur à mi-distance. Le mot d’ordre de la soirée : ficelle.

Tout est fadeaway, elbow shot et autres pull up en tête de raquette. Bird n’aura inscrit qu’un seul panier à 3-points au cours du match (sur 4 tentatives), mais un nombre de midrange impensables. 32 de ses 60 points sont marqués dans une intervalle de 14 minutes en deuxième mi-temps.

Les commentateurs n’en reviennent pas. “C’est la meilleure performance au tir que j’ai jamais vu dans un match!”, “Ça c’est sûr!”. Et ces exclamations arrivent même avant un circus shot complètement fou pour monter à 54 points. Larry Bird est dans la zone.

Une zone telle qu’à la fin du quatrième quart, l’arbitre siffle une faute d’Antoine Carr, mais Bird s’en fiche royalement et rentre quand même un 3-points sans sourciller. Il ne compte pas, mais provoque l’hilarité sur le banc des Hawks.

Et c’est précisément l’élément qui donne une autre dimension à cette soirée record. À mesure que Larry l’oiseau enchaine les sucreries, le banc de touche d’Atlanta… se tape des énormes barres. Tout au long du second acte, c’est presque comme si Bird portait un maillot rouge. Même dans la dernière minute, alors que les pioupious ne sont menés que de moins de 10 points, ils sautillent dans tous les sens et enchaînent les high five.

(1985) Larry Bird drops 60 points against the Hawks.

Just look at the reactions on Atlanta’s bench. Unbelievable. pic.twitter.com/HJjVwzuWcw

— Timeless Sports (@timelesssports_) September 30, 2017

C’en est trop pour Mike Fratello, le coach des Hawks, qui donnera une amende à plusieurs joueurs du banc pour comportement inacceptable. Se marrer parce qu’un adversaire est trop fort, non mais oh.

Larry se permet même un buzzer dans le dernier quart alors que les Celtics mènent de 7 points, le tout pour valider une seconde-période à 37 pions. Les fans sont abasourdis, et Dominique Wilkins aussi. Il déclare ensuite :

“La façon dont il tirait donnait l’impression d’être dans un jeu vidéo. Ça ne pouvait pas être réel. Mais ça l’était”

Les joueurs quittent le terrain, Bird termine à 60 points à 22/36 au tir. Un 60 tout rond qui reste à ce jour le record en carrière du moustachu. Record de franchise chipé à McHale, il avait prévenu.

Mais qui dit Larry Bird dit évidemment trashtalking à volonté. Et cette soirée spéciale n’en a évidemment pas manqué. Doc Rivers, qui était justement en sortie de banc du côté d’Atlanta, déclarera plus tard :

“Il nous a tous torturés. Il annonçait ses tirs : “Avec la planche”, “À qui le tour ?”, “Comment tu veux le prochain?”” et il les mettait les uns après les autres”

Une constante avec Bird, c’est que les paroles sont souvent suivies des actes. Mettre une équipe à l’amende au sens littéral du terme, il faut le faire. Mais on parle de Larry Bird, alors il ne faut même plus être étonné.

Source texte : Basketball Reference, Basketball Network, NBA.com, Trashtalk, Crescent City Hoops, Boston.com


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