Peut-on résumer la saison à venir des Suns par : “la bague ou rien” ?

Le 20 oct. 2023 à 15:39 par Clément Hénot

Suns
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La dernière élimination en demi-finales de conférence a laissé des traces à Phoenix et Matt Ishbia, le proprio des Suns, s’est donné les moyens de ses ambitions en ramenant Bradley Beal et une flopée de role players avides de bague. Avec un tel roster, peut-on considérer toute autre issue comme un échec ?

Bien sûr, cela peut paraître un peu cavalier, on n’est pas sur NBA 2K à empiler les stars et les bons joueurs à plus de 80 de général, mais le message “La bague et rien d’autre” semble être le seul et unique motto du côté de l’Arizona. Après le limogeage de Monty Williams, remplacé par Frank Vogel, champion NBA en 2020 dans la bulle d’Orlando avec les Lakers, mais aussi le recrutement de Bradley Beal pour former un trio dévastateur avec Kevin Durant et Devin Booker, les Suns font leurs armes pour tenter de dominer l’Ouest. On rajoute pas mal de role players à moindre coût, comme Eric Gordon, Bol Bol, Yuta Watanabe, Keita Bates-Diop, Drew Eubanks ou encore Chimezie Metu, arrivés en tant qu’agents-libres, mais aussi Nassir Little, Grayson Allen et Jusuf Nurkic, arrivés dans le cadre du transfert de Damian Lillard à Milwaukee. Mélangez le tout, et vous obtenez un effectif cohérent pour entourer les trois stars dans l’Arizona.

Il y a du talent sur tous les postes en sortie de banc, et ce n’était pas forcément gagné vu la faible marge de manœuvre autorisée par les gros contrats du trio infernal, mais les Suns sont parvenus à ajouter talent offensif, versatilité et potentiel défensif avec brio, le tout sans fracasser leur tirelire. Toutefois, cet enchaînement de recrues représente aussi un grand chambardement dans l’effectif des Suns. La mayonnaise va devoir prendre pour espérer être plus qu’un simple contender pour le titre et ainsi endosser ce costard d’ultime favori pour le trophée Larry O’Brien, dans un monde où les Bucks, les Celtics, les Clippers, les Warriors, les Lakers ou encore les Nuggets, champions en titre, existent. Les rotations, le collectif et le plan de jeu sont encore à construire, il faut intégrer toutes les recrues en espérant qu’il n’y ait pas trop de déçus, et définir les rôles à Phoenix.

De plus, au rayon des départs, Chris Paul n’a pas été conservé et les Suns perdent donc leur chef d’orchestre qui a grandement contribué à remettre les Cactus sur le devant de la scène. Ni Devin Booker, ni Bradley Beal, ni Kevin Durant ne disposent de sa qualité de playmaking et il faudra peut-être s’adapter davantage aux défenses qui vont se resserrer sur eux. Deandre Ayton a également quitté le navire direction Portland, et il faudra bien surveiller l’équilibre de cet effectif, dont le scoring est désormais très axé sur la traction arrière. Bien que Jusuf Nurkic soit désormais dans les parages, son rôle sera bien différent de celui de son prédécesseur, et le Bosnien aura moins de munitions offensives et plus de tâches défensives que le Bahaméen. Il devra tout de même contribuer afin de représenter une menace qui pourra retirer une certaine pression des épaules de son trio.

Du côté du banc, Eric Gordon apportera son scoring et ses shoots de loin, Yuta Watanabe représente également une belle force offensive, Grayson Allen représente la caution vice de l’équipe, tout en étant un très solide 3&D en NBA, qui a remporté le titre en 2021 face aux… Suns avec les Bucks. Keita Bates-Diop et Nassir Little ont tous les deux de belles capacités défensive, et Drew Eubanks et Chimezie Metu assurent la rotation à l’intérieur pour faire souffler l’ancien Blazer, automatiquement propulsé titulaire. Pas mal de compétences indispensables dans l’optique de conquérir un titre NBA sont cochées par ces recrues. Mais une question subsiste pour cette équipe depuis les départs de Chris Paul chez les Warriors et de son remplaçant Cameron Payne, parti chez les Bucks.

Qui sera le chef d’orchestre de cette équipe ?

Les deux seuls meneurs de métier sont Jordan Goodwin, arrivé avec Bradley Beal à Phoenix, et Saben Lee, two-way contract. Très léger en somme. Mais Frank Vogel a déjà déclaré vouloir faire de Bradley Beal son meneur de jeu. L’ancien Wizard est capable de monter le ballon et de créer, mais n’est pas au niveau d’un Chris Paul, et surtout, n’est pas un meneur de formation bien que les postes semblent soient de moins en moins définis clairement dans la NBA contemporaine. Tous les extérieurs ainsi que KD sont capables de monter la balle, mais sans un véritable chef d’orchestre à la baguette, l’attaque des Suns ne devra pas vaciller, et Bradley Beal va devoir s’adapter à ce nouveau rôle, pour être moins scoreur et plus distributeur. Sur quelques matchs pour dépanner, ça peut passer, mais sur le long terme, les Suns pourraient bien avoir besoin d’un spécialiste en la matière.

Sur le papier, les Suns font partie des grands favoris au titre NBA cette saison, et ce trio offensif peut faire cauchemarder pas mal de défenses en NBA. Mais la réalité du terrain ne se limite pas à celle du “papier” et il y a toujours des interrogations à Phoenix, et certains points à solutionner. L’effectif a été remanié, et donc la cohésion doit encore se faire, et surtout, cela manque d’un pur meneur de jeu pour driver tout ça. Matt Ishbia a tenté un pari, voyons s’il sera payant. La fenêtre de tir de sa franchise ne se limite pas à cette seule saison, et d’ailleurs, rares sont les équipes pour qui tout fonctionne dès la première année, mais le but est forcément de gagner le plus vite possible. Les investissements et mouvements réalisés vont en tout cas dans ce sens.