Monty Williams peut-il refaire des Pistons une équipe qui gagne ?

Le 27 sept. 2023 à 15:34 par Clément Hénot

Monty Williams Pistons
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Les Pistons sont englués dans les profondeurs de la Conférence Est depuis bien trop longtemps. En ce sens, ils ont dégagé Dwane Casey dès la fin de la saison régulière et ont mis les petits plats dans les grands pour dénicher son successeur qui n’est autre que Monty Williams, ex coach des Suns, qui a signé un contrat record.

78 millions sur 6 ans, rien que ça.

Un paquet de joueurs NBA ne peuvent même pas se targuer d’avoir un tel contrat. Le dicton dit “quand on aime, on ne compte pas”, eh bien les Pistons aiment sacrément Monty Williams, le “coach idéal” selon Troy Weaver, GM des Pistons. Williams a tout simplement paraphé le contrat le plus onéreux de l’histoire de la ligue pour un coach. Sachant qu’il dispose de deux player-options pouvant pousser le bail à plus de 100 millions de dollars sur 8 ans. Disproportionné ? Oui et non, car les espoirs que placent les Pistons en leur nouveau technicien sont grands.

Tentons ensemble de justifier ce contrat très lucratif que percevra monsieur Tavares Montgomery Williams Jr. de son vrai nom.

A l’époque où Monty Williams reprend les Suns en 2019, ces derniers sortent d’une saison à 19 victoires pour 63 défaites. Devin Booker fait figure d’arbre qui cache la forêt dans une saison placée sous le signe du tanking. Les Suns montrent déjà un bien meilleur visage lors de la saison suivante mais voient leur élan cassé par la pandémie de COVID-19 qui force la mise en pause de la NBA. Pour la reprise de la saison, le 31 juillet 2020, seules les équipes pouvant encore mathématiquement se qualifier pour les Playoffs sont conviées, et les Suns en font partie bien qu’ils soient très mal embarqués. Mais les Soleils, sous la houlette de monsieur Williams, jouent crânement leur chance et gagnent leurs 8 matches à Orlando, ce qui fait d’eux la seule équipe invaincue dans la bulle. Insuffisant toutefois pour continuer en Playoffs, mais ils terminent avec les honneurs en passant de la 13è à la 10è place à l’Ouest, avec un bilan de 34-39 et surtout en ayant gagné le respect du reste de la ligue. A ce moment là, tout le monde comprend que Monty Williams a réalisé quelque chose de grand et n’est pas du tout étranger à cette série de victoires. Il a tiré le meilleur de Devin Booker et créé un vrai collectif avec une identité de jeu assumée : courir, défendre et jouer ensemble, tout simplement.

La franchise de l’Arizona et son coach capitalisent sur cette fin de saison en boulet de canon en attirant Jae Crowder, véritable cadenas sur pattes, et surtout Chris Paul, devenu indésirable chez les Rockets, pour la saison à venir. Sous l’impulsion de leur(s) nouveau(x) chef(s) d’orchestre, les Suns deviennent l’une des places fortes à l’Ouest et terminent avec un bilan de 51 victoires pour 21 défaites en 2020-21 et Monty Williams est élu coach de l’année. Ils laminent tout sur leur passage au point d’être de retour en Finales NBA, et si ce sont finalement les Bucks qui finissent couronnés, la franchise de Phoenix est officiellement de retour au premier plan après avoir été la risée de la ligue. En deux ans, Monty Williams a donc fait passer l’équipe de 19 à 51 victoires (sur une saison écourtée qui plus est). L’année suivante ? Il réalise la meilleure saison régulière de l’histoire de la franchise avec un bilan de 64-18 et il sera… limogé à la surprise quasi générale en 2022 après une élimination en demi-finale de conférence face aux Mavs.

Cette montée rapide en puissance est ce qui fait toute la singularité du parcours de Monty Williams à Phoenix, et c’est ce qui a convaincu les dirigeants des Pistons à allonger l’oseille pour leur nouveau divin chauve. Ils espèrent à coup sûr reproduire le même modèle même si ce sera forcément très compliqué d’aller aussi vite et aussi bien. Mais à Detroit, il y a aussi du potentiel avec Cade Cunningham comme tête d’affiche. Même s’il a été blessé la majeure partie de la saison 2022-23, il est de retour après avoir joué les sparring partners de Team USA cet été. Le premier choix de la Draft 2021 sera le fer de lance de l’attaque de Motor City et pourrait bien prendre encore une nouvelle dimension sous la houlette du nouveau coach des Suns.

Développer les jeunes, ce sera aussi l’une des missions de Monty Williams à Detroit, lui qui a permis à Deandre Ayton, Mikal Bridges ou encore Cameron Johnson de s’épanouir pleinement à Phoenix et de donner la pleine mesure de leur potentiel. Ici, il pourra s’occuper du cas de Jaden Ivey entre autres, qui a montré des étincelles dans son jeu mais qui doit davantage être cadré. C’est également Killian Hayes qui doit croiser les doigts (et nous aussi) pour que son heure sonne et espérer beaucoup de cette collaboration avec l’ancien coach des Suns, lui qui peine à faire décoller sa carrière NBA. Il fait partie des jeunes à façonner dans cet effectif, et ils sont légion à Moteur-Ville. Marvin Bagley, “l’homme drafté avant Luka Doncic” veut se refaire une santé, James Wiseman veut prouver qu’il n’est pas un bust, Isaiah Stewart veut s’épanouir autrement qu’en cassant des bouches, Jalen Duren est un talent brut, et Kik’s veut retrouver cette force qui était la sienne quand il évoluait encore en Allemagne, au Ratiopharm Ulm. Sans oublier le dernier venu Ausar Thompson, qui a – on vous le donne en mille – du potentiel plein les phalanges également. Le tout chapeauté par les vétérans Bojan Bogdanovic et Joe Harris, on peut (enfin) tenir quelque chose de bon du côté de 8 Mile.

Bien sûr, tout n’est pas encore en place à Detroit et les Pistons pourraient bien vivre une saison sous les 30 victoires, mais ce serait déjà une progression après n’en avoir glané que 17 la saison passée. Monty Williams dispose d’un noyau de jeunes alléchant dont il faudra tirer le meilleur parti. Peut-être que l’effectif n’a pas fini de bouger, Bojan Bogdanovic étant notamment toujours cité dans les rumeurs de transfert. Laissons du temps au nouveau coach pour ramener les Pistons sur le devant de la scène, mais peut-être qu’il lui faudra moins de temps que ce qu’on pense. Comme à Phoenix en somme.