La finale des Jeux Olympiques 2008 entre les États-Unis et l’Espagne, l’un des plus beaux matchs de l’histoire

Le 24 août 2023 à 08:08 par Loan Rayer

Espagne USA JO 2008
Source : Youtube

En France, disons qu’on n’a pas trop de souvenirs du tournoi de basket masculin des JO de Pékin en 2008. Normal, on n’était pas là. Mais cette année-là il y a bien une rencontre à garder en mémoire : la finale entre l’Espagne et Team USA. Match reconnu encore 15 ans plus tard comme l’un des plus beaux matchs de basket jamais joués. 

24 août 2008. Après un gros petit déj, tout le monde peut allumer sa télé. Le match que tout le monde attend est de retour pour son acte II, parce que oui, on avait déjà eu le droit à un Espagne – États-Unis en phase de poule de ces mêmes JO de Pékin. Team USA avait tout simplement écrasé les Espagnols avec un beau 119-82, un score peu rassurant mais ce jour-là on est en finale des Jeux Olympiques, alors l’Espagne va hausser son niveau de jeu, c’est la Roja quoi !

L’ogre espagnol

En effet, la Roja à cette époque, ce n’est pas n’importe quelle sélection internationale. La meilleure équipe internationale du monde, il n’y a pas d’autre mot pour définir cette team qui écrase tout sur son passage. La Familia est alors championne du monde en titre (2006) et finaliste de l’EuroBasket 2007, où elle a été déchue en finale par une Russie incroyablement clutch. De quoi vous donner une idée du monstre que ces douze joueurs et leur basket collectif impeccable représentaient sur un terrain de basket.

Et pour former une vraie équipe de rouleaux compresseurs, il faut ZE références du basket espagnol mais surtout à l’international. On commence par le Big Three de NBAers : Pau et Marc Gasol accompagnés de Juan Carlos Navarro. Ajoutez à cela les stars d’EuroLeague Felipe Reyes et José Calderon, mais aussi deux garçons plutôt prometteurs qui évoluent alors à Badalone : Rudy Fernandez qui a fini meilleur marqueur de Liga ACB avec plus 19 points de moyenne et qui vient d’être drafté par les Blazers, et un petit meneur de 17 ans promis à une grande carrière : Ricky Rubio. À côté de ces stars, des roles players qui puent le QI basket et le scoring à tout va. Cette équipe pourrait-elle donc aller enfin au bout lors de ces Jeux Olympiques ? Pas si sûr, car les USA ont décidé de revenir en force.

La Redeem Team américaine

Léger flashback en 2004, pas la meilleure année pour être Américain, mieux valait être Argentin. Un Manu Ginobili rentré dans la légende qui a permis à l’Albiceleste de décrocher la plus belle médaille d’or, celle des JO sur ses terres originelles d’Athènes. En 2006 ? Rebelote. Pas la meilleure époque pour se poser et kiffer devant un match de Team USA. Une seconde élimination en demi-finale en deux ans qui n’arrangera rien. Tout le monde pense la même chose à l’époque, “la domination américaine a pris fin, youhou vive l’Europe”. Rappelez-vous qu’on disait que le Tour de France 2023 était fini au bout de 5 étapes il y a un mois, bref, sur le vieux continent on est doué en conclusions hâtives. À Beijing en tout cas, les Américains arrivent avec une armada qui ferait reculer des armées.

Dans cette équipe américaine on a de la jeunesse, avec la quasi-totalité de l’équipe qui a moins de 30 ans. On retrouve dans ce groupe de jeunes hommes le Banana Boat complet : LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony et Chris Paul. À leurs côtés, Deron Williams et Carlos Boozer, Chris Bosh, Dwight Howard, Michael Redd et Tayshaun Prince. Pour encadrer toute cette bande ? Il fallait du lourd et pour cela Jason Kidd fera l’affaire. Et pour la mener jusqu’à la médaille d’or, qui d’autre ferait mieux ce job que… Kobe Bryant ? Le Black Mamba était l’homme parfait pour remettre de l’ordre dans les esprits des joueurs passant leurs étés avec Team USA, instaurer de la rigueur dans le travail mais aussi cette envie de se donner à fond lorsqu’on joue sous les couleurs de son pays. L’arrivée sur le banc en 2006 de Mike Krzyzewski, mieux connu sous le nom de Coach K, était aussi synomyme de changement de dynamique. Les USA veulent revenir au sommet, et cette finale en est l’occasion.

Une finale de légende

Parlons enfin de ce match. Pas de chips posées sur la table basse mais plutôt des Coco Pops à cause du décalage horaire. Et ces céréales vont macérer dans le lait pendant longtemps car tout le monde reste bouche bée devant les premières minutes de la rencontre. Le talent des joueurs américains et le collectif efficace des Espagnols se rendent coup pour coup pendant tout le premier quart-temps. Les pourcentages de réussite au tir atteignent les 60% pour les deux équipes, et ce en affrontant pourtant des défenses serrées et redoutables. Du côté de la Roja, Ricky Rubio profite de la blessure de José Calderon pour montrer toute l’étendue de son talent sur la plus grandiose des scènes. Fin des 10 minutes : 38 à 31 pour les USA, rangez les Coco Pops, ramenez-moi le popcorn !

En début de second quart-temps, les États-Unis commencent à jouer vite et veulent contrôler le tempo du match. Les hommes de Coach K comptent même près de douze points d’avance. À ce moment là, on pense déjà que c’est fini pour l’Espagne. Pour rappel, la Familia s’était pris une belle rouste déjà en phases de groupe. Mais les garçons reviennent, sous l’impulsion de JuanCa Navarro, des frères Gasol et bien sûr du meilleur ennemi de la France Rudy Fernandez. Les équipes rentrent au vestiaire à 69-61, cela pourrait limite être un score de match de poule.

En seconde période, la dynamique change. La défense prend le dessus sur l’attaque et sa réussite folle : le pourcentage de Team USA reste près des 60% mais celui de l’Espagne se rapproche presque dangereusement des 50%. Oui, dans le cas de cette rencontre, le mot dangereusement peut être utilisé. Le troisième quart-temps permet aux US de prendre un point de plus d’avance. La Roja décide de passer en défense de zone au début de dernier quart pour rattraper ses dix points de retard, mais les États-Unis passent une vitesse de plus lorsque qu’un des leurs se fait attaquer. Aujourd’hui, les alley-oops pour Rudy Fernandez qui coupent en ligne de fond sont monnaie commune, mais quand ce dernier se transforme en poster sur la tête de Dwight Howard… ça fait mal !

2008 Flashback: CP3 & Kobe get mad after Dwight Howard gets dunked on by Rudy Fernandez http://t.co/O97Uf9PyNh pic.twitter.com/WDO1ZeYGSL

— Ballislife.com (@Ballislife) July 30, 2015

Après cela, les Espagnols reviennent peu à peu. A 3 minutes et 13 secondes de la fin du match, Team USA mène 104-99. Toujours cette défense de zone qui enquiquine les États-Unis et la balle ressort pour Kobe Bryant à 3-points. Kobe aurait pu shooter dès la réception du ballon, mais le Black Mamba en a décidé autrement. Autant mettre fin à tout espoir de remontée des hispaniques au plus vite. Jab-step vers la droite pour envoyer Rudy dans les orties, et boom la faute tombe… et le tir aussi ! 3+1 ! Kobe cale son doigt sur sa bouche en regardant Fernandez dans les yeux, la plus belle célébration du tournoi qui envoie les Espagnols dans leurs derniers retranchements.

Clutch three from Kobe in the 2008 Beijing Olympics Gold Medal game vs. Spain. 🔥🔥 pic.twitter.com/d20jNA2dRX

— Hoop Central (@TheHoopCentral) October 7, 2020

Pour l’Espagne, Rudy Fernandez finira la rencontre avec 22 points. Les frères Gasol cumulent 33 pions à eux deux, et Juan Carlos Navarro a inscrit 18 points et a délivré 4 passes. En tout pour la Familia, six joueurs finissent à plus de dix points. Pour les USA, la prouesse personnelle dépasse le collectif espagnol sur la feuille de stats. Le meilleur marqueur du match avec 27 puntos en autant de minutes de jeu est Dwyane Wade. Kobe inscrit 20 points avec 6 caviars en bonus. LeBron James et Carmelo Anthony finissent la finale respectivement à 14 et 13 points. Cinq joueurs pour les États-Unis dépasseront la marque des dix points, le dernier étant Chris Paul (13).

Score final : 117 à 108, Team USA reprend enfin sa place sur le toit du monde. L’Espagne, elle, ne passe pas loin de l’exploit mais paie l’écart pris au premier quart-temps. Mais au final, le vrai gagnant de cette rencontre reste le basket-ball. Le triomphe d’un basket collectif sans fioriture individuelle et avec une réussite au tir presque parfaite.

Quatre ans plus tard à Londres, on aura le droit à la même affiche en finale, pour un tout aussi beau match de basket mais sans la perfection de celui de Pékin.

Petits conseils pour vos soirées TV :

  • La Familia (Prime Video) en skippant l’épisode 3 « Pour les Français »
  • The Redeem Team (Netflix)

Sources : FIBA, ESPN