La métamorphose d’Aaron Gordon à Denver : l’ex feu-follet dunkeur du Magic est devenu champion NBA

Le 13 juin 2023 à 12:13 par Clément Hénot

Aaron Gordon
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Aaron Gordon a parfois galéré dans sa carrière NBA, notamment au Magic, sa première équipe. Mais aujourd’hui, il est au sommet de la ligue avec les Nuggets après avoir aidé ses coéquipiers à remporter le premier titre de son histoire. Retour sur un chemin sinueux jusqu’à la consécration ultime.

Qu’il est loin le temps où AG n’était considéré que comme une bête de foire avec des qualités athlétiques démentielles mais avec un QI basket au ras des pâquerettes. Aujourd’hui, l’ailier-fort est un membre essentiel du champion en titre, beaucoup mieux utilisé et surtout épanoui à Denver. Pourtant tout n’a pas été simple, lui qui a connu six coachs en six saisons à Orlando. Jacque Vaughn, James Borrego, Scott Skiles, Frank Vogel, Steve Clifford et enfin Jamahl Mosley, paye ta stabilité chez Mickey…

“C’est intéressant de voir que dans mes six premières années à Orlando, j’ai eu six coachs différents… On a beaucoup travaillé. Je suis juste très heureux d’être dans une organisation qui avance dans le bon sens et joue de la bonne façon. Je profite juste du moment.” – Aaron Gordon

Dans une équipe du Magic moribonde qu’il a rejoint via la Draft 2014 en 4ème position, une sélection qui était considérée comme rapide par certains observateurs. Aaron Gordon était majoritairement utilisé comme un ball-handler qui devait créer pour les autres et pour lui-même, porter le ballon et finir ses propres actions lui-même. Dans ces deux domaines, le Marsupilami est loin d’être exceptionnel, donc forcément, ses qualités n’étaient pas mises en avant et son potentiel était indéniablement limité et mal exploité en Floride. On se souvient même de Frank Vogel qui le comparait à Paul George, impossible de savoir si le nouveau coach des Suns préparait un spectacle de stand-up, agissait sous la torture ou encore a perdu un pari avec un pote, mais cette citation est 100% vraie. Il prolonge même pour 76 millions sur 4 ans en 2018, signe de la confiance que lui témoigne son ancien front-office à l’époque.

Pendant ses années en Floride, AG pouvait au moins se taper des kifs de temps à autres aux concours de dunks. Lui qui nous a offert un duel d’anthologie avec Zach LaVine en 2016, puis en 2020 avec Derrick Jones Jr. (2017 n’ayant jamais existé), avec une fin polémique à chaque fois. Nombreux sont ceux qui estiment que l’ailier-fort, qui évoluait sous les couleurs du Magic à l’époque, s’est fait voler à deux reprises par les jurys. En 2016, Aaron Gordon a lâché ce que l’on peut considérer comme le plus gros dunk de l’histoire en sautant par-dessus une mascotte en faisant passer le ballon sous ses jambes, mais a dû se contenter d’un 47 pour le deuxième dunk de la “prolongation” en voyant Zach LaVine filer vers le 50.

En 2020, il passe après un 48 de DJJ et doit donc faire 49 pour l’emporter. Il s’élance par-dessus Tacko Fall et réussit son dunk du premier coup, non sans s’appuyer un peu sur le géant pivot sénégalais. Tout le monde s’attend à un 50, mais il récolte de nouveau un 47, chiffre maudit pour le joueur. Et en coulisses, il se murmure que les juges souhaitaient s’entendre pour donner 48 à AG, et donc avoir un nouveau dunk, mais l’un d’entre eux n’aurait pas suivi cette directive. Parmi les 9, on retrouve Scottie Pippen, le regretté Chadwick Boseman, et… Dwyane Wade, ancienne gloire du Heat, équipe dans laquelle évoluait… Derrick Jones Jr. à l’époque.

A reminder that Aaron Gordon was part of the biggest robbery in dunk contest history pic.twitter.com/alIE4SbVs1

— Tyler Conway (@jtylerconway) January 30, 2020

Aaron Gordon dunked over 7’5” Tacko Fall and still lost the dunk contest #robbery
pic.twitter.com/5UdwlPkK4q

— The Wildcaster (@TheWildcaster) February 16, 2020

Est-ce que Flash a voulu avantager Miami plutôt qu’Orlando dans cette finale ? Possible qu’on ne le sache jamais, mais les complots vont bon train après cet épisode. Aaron Gordon, quant à lui, est écoeuré du Slam Dunk Contest et assure qu’il n’y participera plus jamais, il va même jusqu’à composer une diss-track à l’encontre de D-Wade, sobrement intitulée “9 out of 10”. La rancune est tenace on dirait, et le flow est assez aléatoire, il faut bien le dire. Le voltigeur devient même la risée de la ligue, à force de ressasser sa défaite et de se donner ainsi en spectacle, ce qui montre qu’il est très affecté par cet épisode. Mais qu’il se rassure, car le meilleur reste à venir.

Aaron Gordon dropped a Dwyane Wade diss track, “9 out of 10.” 😂pic.twitter.com/kbudzEN4bl

— Hoop Central (@TheHoopCentral) April 27, 2020

En 2021, alors que le Magic décide de fracasser son bouton rouge synonyme de reconstruction en envoyant Nikola Vucevic à Chicago et Evan Fournier à Boston. Le marsupial émet le souhait de partir auprès de sa direction en voyant que cette dernière décide de sortir les chenilles, et son voeu est exaucé. Aaron Gordon est envoyé à Denver, à qui la polyvalence plait, en échange de Gary Harris, RJ Hampton et un futur premier tour de Draft (2025). Et là, Air Gordon va découvrir la stabilité et la cohérence. Il arrive dans une équipe qui a le même coach depuis 2015, qui travaille dans la même direction depuis longtemps, qui bâtit quelque chose de solide et surtout, qui dispose d’un certain Nikola Jokic pour diriger tout ça.

Denver and Orlando have agreed on the Aaron Gordon deal, sources tell ESPN. Among the players on the way to Orlando: Gary Harris.

— Adrian Wojnarowski (@wojespn) March 25, 2021

Chez les Pépites, pas besoin de jouer les superhéros, Aaron Gordon est plutôt utilisé off ball, où il est bien plus utile, et avec le meilleur playmaker de la ligue à la baguette, tout devient vite très facile. AG assure ses stats, se concentre sur ce qu’il fait de mieux, et joue plus juste. Il a également un gros impact au niveau défensif, où il n’a fait que prouver qu’il était bien de la trempe de ceux qui s’occupent du meilleur joueur adverse, que ce soit à l’intérieur ou dans le périmètre. Celui qui a longtemps été considéré comme un joueur à l’intelligence basket restreinte s’est parfaitement fondu dans une équipe stable, et a apporté ce qu’il pouvait manquer à cette escouade depuis le départ de Jerami Grant en 2020, à savoir de la défense et du jeu sans ballon. En bref, il est tombé dans l’environnement parfait pour lui, et il représentait la pièce qui manquait au puzzle des Nuggets pour arriver au graal, une opportunité que ne pouvait tout simplement pas lui offrir le Magic en l’état.

Deux ans et demi de travail depuis son arrivée dans les rocheuses, qui aboutissent aujourd’hui au titre NBA.

Aaron Gordon, instrumental to Denver’s championship run 🙌 pic.twitter.com/NIsZdrV31X

— NBA (@NBA) June 13, 2023

Les plus fous iront jusqu’à dire qu’Aaron Gordon tient même sa vengeance sur Dwyane Wade et son fameux 9 au Slam Dunk Contest 2020, après avoir vaincu son équipe de (presque) toujours en Finales NBA. Aaron Gordon avait même déclaré avoir choisi le numéro 50 à son arrivée dans la Mile High City car il estimait mériter 50 à ses fameux tomars ne lui ayant ramené “que” 47 points de la part des juges. Il n’aura jamais ces trophées de vainqueur du concours de dunks, mais il en a un bien plus prestigieux que n’ont pas Zach LaVine ou Derrick Jones Jr., et qu’il n’échangerait certainement pour rien au monde. Aaron Gordon a réussi à se défaire de son image peu glorieuse de poulet sans tête pour devenir un mec apprécié par ses coéquipiers, son coach et ses supporters. Il a bien gagné le droit d’aller célébrer ça avec ces derniers, dans les rues de Denver, torse nu façon Gérard Smith.

Aaron Gordon outside with the fans right now celebrating the Nuggets Championship 🐐 pic.twitter.com/wStSb7zHpp

— Tedd Buddwell 🏀🏈 (@TedBuddy8) June 13, 2023


Source texte : FanSided, Sports Illustrated


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