Julius Erving : Dr. J, une superstar, un précurseur au style et au talent inimitables

Le 22 févr. 2023 à 17:27 par Louis-Emmanuel Navarro

Julius Erving 18 février 2023
source image : YouTube

Il est un grand nom de la NBA. Plus que ça même : Julius Erving est une icône. Parmi les précurseurs de la Grande Ligue, celui que l’on surnomme le Docteur a écrit une véritable page d’histoire, et son empreinte est encore présente aujourd’hui. 

L’élégance, la grâce, des gestes venus de nulle part, un maillot souvent bleu, un numéro 6 et une coupe afro… voilà comment décrire Julius Erving, “Dr J.”, celui qui a popularisé le dunk dans la Grande Ligue. Inventeur du jeu moderne, aérien, spectaculaire, l’ailier est aussi l’un des tous meilleurs joueurs de la NBA à la fin des années 1970. Le basket champagne, c’était lui.

Né à New York, à Roosevelt Island, le 22 février 1950, Julius Winfield Erving II est le fils d’une femme de ménage, assez pauvre, et résidant au quartier de Hempstead. Dans la ville qui ne dort jamais, Julius Erving se fait un nom, un surnom, et va se forger une légende, pas sur les parquets mais sur… le bitume. Et oui, le fulgurant athlète n’a pas tapé dans l’œil de facs et fait donc ses gammes sur le mythique playground de Rucker Park. Ici, Erving casse tout et devient une véritable légende du streetball new-yorkais et national. Le surnom de “Dr J.” est né, comme l’expression “le docteur opère ce soir”, signifiant que l’ami Julius était de sortie sur l’asphalte.

“Ils l’appelaient avec différents noms, comme Little Hawk (Petit Aigle), The Claw (La Griffe), Black Moses… Il est allé voir l’annonceur qui commentait le match et a dit : ‘Je ne suis pas Little Hawk, c’est Connie Hawkins. Si tu veux m’appeler d’une certaine façon, appelle moi The Doctor’.” – Don Ryan, son coach d’enfance

À Harlem, l’homme à l’afro a gagné le droit d’avoir son propre surnom. Le voilà désormais très populaire et scruté de tous. Il rayonne face aux meilleurs spécialistes lors de pickup games. Devant un public toujours plus nombreux pour le contempler, Julius Erving devient une superstar dans le domaine. Suffisant pour attirer l’œil d’universités.

En route désormais vers la NCAA, pour enfin lancer sa carrière. À 18 ans, il rejoint l’Université du Massachusetts, où il progressera dans tous les autres domaines, mais où il ne peut pas faire valoir ses talents, le dunk étant… interdit. En deux saisons dans la ligue universitaire, The Doctor tourne à 26,3 points et 20,2 rebonds. Oui oui, vous ne rêvez pas, cette ligne de stats a bien existé et c’est totalement fou. Deux ans de folie, qui lui vaudront une place dans le monde professionnel en… ABA, la ligue concurrente de la NBA.

C’est donc au sein de l’American Basketball Association qu’il s’éclate, cette ligue plus spectaculaire que sa grande sœur, en débarquant aux Virginia Squires en 1971. Le virevoltant ailier fait des débuts tranquille, avec 27,3 points, 15,7 rebonds et 4 passes de moyenne. Au calme.

Il s’entraîne ensuite avec les Hawks mais quelques détails salariaux l’empêcheront alors d’intégrer la Grande Ligue. En 1972, il repart donc pour une saison chez les Squires. Erving domine soir après soir et termine meilleur scoreur de la Ligue. En 1974, il remporte le Slam Dunk Contest (concours qui sera repris par la NBA plus tard) plus que légendaire, où Erving écrira une page de l’histoire du dunk. Mais la franchise, en difficulté financière, est contrainte de vendre sa pépite aux New York Nets, toujours en ABA. Il en profite pour remporter deux titres de champion et trois fois la récompense de MVP. Toujours tirer le meilleur de chaque situation, les Nets jouant de surcroit à… Hampstead, fief de Julius. En cinq saisons dans la ligue concurrente, le docteur tourne à 28,7 points, 12,1 rebonds et 4,2 passes, y’a pire, et dans le même temps Erving devient une véritable icône, à la manière d’un Kareem Abdul-Jabbar.

En 1976 vient alors la fusion des deux ligues. Les New York Nets déménagent dans le New Jersey et doivent vendre les droits de leur star aux Philadelphia Sixers. Le Doc et la NBA se rencontrent enfin.

Son arrivée aux Sixers propulse la franchise parmi les meilleures de la Ligue. Désormais, The Doctor n’est plus qu’un dunkeur mais une véritable superstar, polyvalente. Mais plusieurs années passent et Julius Erving n’arrive pas à faire gagner sa franchise. En 1979, il s’incline d’un rien face aux Lakers. En 1981, il gagne le trophée de MVP de saison régulière et devient le premier joueur à remporter cette récompense dans les deux ligues. Le Graal arrivera finalement deux ans plus tard, en 1983. Les Sixers, qui ont vu Moses Malone les rejoindre la saison précédente, s’installent comme de vrais favoris au titre. Et s’ils ne font qu’une bouchée des Playoffs, ils font face, encore, aux Lakers en finale. Cette fois-ci, Philly ne laisse pas passer sa chance et fini champion. Dr J remporte enfin ce trophée qu’il convoitait tant.

L’un des meilleurs scoreurs de la Ligue, un MVP, un multiple All-Star. Mais que manque-t-il à Julius Erving pour devenir une vraie légende ? Un move légendaire pardi. Il arrivera le 5 janvier 1983. Lors d’un affrontement face aux… Lakers, Dr. J va littéralement pulvériser le cercle sur une contre-attaque. Erving récupère un ballon qui traînait, et malgré la pression de Michael Cooper, The Doctor va l’effacer en un rien de temps. En deux dribbles, l’homme à l’afro saute et effectue ce mythique mouvement de balancier avec son bras. Le Cradle Dunk “Rock The Baby” est né. Julius Erving vient de devenir une icône, un nom dont on se souviendra des années, des décennies durant.

“Je suis resté la bouche grande ouverte. Il a vraiment fait ça ? Je me suis dit : ‘Que devrions-nous faire ? Mettre la balle en touche ? Lui demander de le refaire ?’ Cela reste le plus beau move que je n’ai jamais vu sur un terrain. Le plus beau de tous les temps.” – Magic Johnson

À 33 ans et après avoir remporté l’un des seuls trophées qui lui manquait, Julius Erving est un peu en retrait. Il est moins dominant même s’il reste All-Star, l’heure est à l’avenir chez les Sixers. Le Doc le sait, et il mettra un terme à sa carrière quatre ans plus tard, à la fin de la saison 1986-87. Son maillot, son numéro 6, sera évidemment retiré à Philadelphie.

C’est peut-être bien parce que ça commence à dater, mais Julius Erving ne reçoit pas assez de crédit. Ceux qui l’ont vu jouer, ceux qui l’ont côtoyé sur les terrains, savent de qui nous parlons. Un précurseur, le symbole de l’émergence d’une ligue, une influence sur plusieurs générations… mais aussi un mélange d’inventivité, de grâce et de puissance. C’était tout ça Julius Erving. L’inoubliable Doctor J.


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