Le prochain contrat TV de la NBA et son impact sur la Free Agency : grosse hausse du salary cap prévue en 2025, gros deals signés en 2022 ?

Le 29 juin 2022 à 19:11 par Nicolas Meichel

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Nous sommes à la fin du mois de juin. La Free Agency est sur le point de commencer, et des billets verts sur le point d’être dépensés. Chaque année à cette période, de très gros contrats sont signés entre les joueurs et les franchises NBA. Ce sera une nouvelle fois le cas à partir de ce jeudi 30 juin et lors des premiers jours de juillet, certains contrats risquant même de vous donner le tournis. Mais avec le nouveau contrat TV de la NBA qui se profile et un salary cap qui devrait ainsi grimper sensiblement aux alentours de 2025, ces nouveaux deals paraîtront bien moins gros dans quelques années.

L’impact d’un nouveau contrat TV sur le salary cap 

Le salary cap (ou plafond salarial) est au cœur de la structure financière de la NBA. Pour la saison 2022-23, il est estimé à 123,6 millions de dollars, qui représente la “limite” des dépenses (en salaire annuel des joueurs) pour les franchises de la Grande Ligue. Bien évidemment, c’est une limite qui peut être dépassée à travers un certain nombre d’exceptions, certaines équipes étant carrément dans la luxury tax, fixée à 150 millions pour la saison à venir. Le montant du salary cap dépend directement des revenus récoltés par la NBA – le fameux Basketball Related Income (BRI) – et c’est justement à ce moment-là que les droits TV rentrent en jeu : pour faire simple, plus le nouveau deal télévisé est gros, plus les revenus de la Ligue explosent, plus le salary cap grimpe, plus les salaires des joueurs sont élevés. D’après les dernières estimations qui datent d’il y a quelques mois (via CNBC), le nouveau contrat entre la NBA et les chaînes TV pourrait monter jusqu’à… 75 milliards de dollars sur neuf ans, et commencerait à partir de 2025 après l’expiration du deal actuel. À titre de comparaison, le dernier contrat télévisé signé par la NBA avec ESPN/Turner en 2014 était d’un montant de 24 milliards sur la même durée. On est donc potentiellement sur une somme trois fois plus élevée qu’il y a huit ans. Au niveau du salary cap, on pourrait ainsi atteindre les 170 millions de dollars dès 2025 si l’on en croit Forbes, qui se base sur des estimations réalisées par une source proche de la Ligue. Néanmoins, suite aux extrêmes de l’été 2016, où la hausse spectaculaire du salary cap (de 70 à 94 millions en un été) a provoqué la signature de contrats impensables (bonjour Timofey Mozgov et ses 64 millions sur quatre ans) et permis l’arrivée d’un certain Kevin Durant aux Warriors, il est possible que la NBA mette en place une hausse progressive de son plafond (année par année à partir de 2025), même si cela sera décidé lors des négociations entre proprios et joueurs. En tous les cas, peu importe comment, le salary cap va augmenter sensiblement à l’avenir, et ça pourrait directement impacter le comportement des dirigeants dès la Free Agency 2022.

Comment fonctionne le salary cap en NBA ?

Surpayé aujourd’hui ne veut pas forcément dire surpayé demain

Quand vous associez la future hausse du salary cap au fait que la période COVID semble désormais derrière nous, et que la NBA reste sur une saison “normale” où elle a retrouvé toute sa puissance financière avec notamment la présence des fans en tribunes, on peut dire que le contexte actuel est plutôt propice à la signature de gros contrats. Autant pour recruter un joueur que pour le prolonger. Si l’on prend par exemple le cas de Bradley Beal, éligible à une extension de 248 millions sur cinq ans cet été, on en connaît certains (dont un fan des Suns qu’on ne citera pas) qui sont assez froids à l’idée de lâcher un tel deal sur Bealou. On peut le comprendre, car déjà l’arrière des Wizards reste sur une campagne pas top à Washington cette année (23,2 points et 6,6 passes de moyenne à 45,1% au tir dont 30% à 3-points, ses chiffres les plus faibles depuis 2018 en dehors des assists), et ensuite parce qu’on a vu ces dernières saisons que ce type de contrat pouvait assez rapidement plomber une franchise et la limiter fortement dans sa marge de manœuvre pour construire autour. Des raisons de se méfier donc. Mais quand on y regarde de plus près et qu’on prend en compte la future augmentation du salary cap, ça pique un peu moins. On vous explique tout ça avec des chiffres. Si les Wizards prolongent Beal pour le montant indiqué plus haut, son nouveau contrat commencera à 42,7 millions de dollars en 2022-23 (source Bobby Marks d’ESPN), soit 35% du salary cap. Son salaire montera ensuite d’année en année pour atteindre les 54 millions en 2025-26 et 56,4 millions en 2026-27. Le montant reste évidemment colossal – surtout que Bealou aura dépassé la trentaine à ce moment-là – mais avec un cap à 170 millions au lieu de 120 (ou un peu plus car il va continuer d’augmenter progressivement entre 2022 et 2024), tout de suite c’est pas tout à fait la même histoire. Alors comme dit plus haut, pas sûr qu’on assiste à une telle explosion du cap d’une année sur l’autre, mais il est clair que le deal que signera potentiellement Beal cette année pèsera moins dans les comptes des Wizards en 2025 ou 2026 qu’en 2022 ou 2023.

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. On pourrait citer aussi celui du jeune pivot Deandre Ayton, éligible une extension de cinq ans et 177 millions de dollars avec les Suns cet été. Actuellement, au vu de la manière avec laquelle sa saison s’est terminée à Phoenix, on n’a pas forcément envie de lui donner un tel deal, et les Cactus semblent plutôt d’accord avec ça. Mais les 39 millions de dollars qu’il peut potentiellement gagner en 2026-27 avec une telle extension piqueront bien moins avec le nouveau salary cap, surtout si Ayton – 23 ans aujourd’hui – est un All-Star dans son prime à ce moment-là. Tout ça pour dire que les joueurs surpayés d’aujourd’hui ne seront peut-être plus les joueurs surpayés de demain. Certains pourraient même se transformer en “bon contrat” dans la nouvelle conjoncture économique de la Ligue, en comparaison aux deals qui seront signés à partir de la Free Agency 2025. Ces derniers vont pousser encore plus loin la barre des salaires, un contrat max pouvant potentiellement atteindre les 350 millions de dollars sur cinq ans (!) si l’on se base sur les estimations de Forbes dans le cas d’un salary cap à 170 millions de dollars. Un peu comme en 2016, on imagine que les joueurs vont tout faire pour se positionner en tant qu’agent libre en 2025 ou 2026 histoire de bien remplir leur compte en banque

Quand vous verrez des sommes astronomiques tomber lors de la Free Agency 2022, ou l’année prochaine lorsque plus d’équipes devraient avoir du salary cap, n’oubliez pas qu’elles seront légèrement ou fortement amorties à partir de 2025 et l’arrivée du nouveau deal TV. À partir de là, la norme va changer et les anciens contrats ne seront plus réellement alignés avec le nouveau plafond salarial de la NBA. De quoi pousser les dirigeants à dépenser pas mal lors des deux-trois années à venir. 

Sources texte : CNBC, Forbes, ESPN