L’histoire de Justin Hardy, celle d’un soldat qui n’a jamais voulu capituler malgré la maladie

Le 30 mai 2022 à 19:55 par Loan Rayer

justin hardy
Source image : Youtube

Ceux qui l’ont rencontré n’en sont sortis qu’impressionnés et grandis. Ils ont vu en face d’eux un modèle d’obstination et de persévérance. Cet exemple c’est Justin Hardy, joueur de division 3 universitaire, qui s’est battu pendant plus d’un an contre un cancer de l’estomac irrémédiable, le tout en continuant à jouer au basket à la Washington University. L’histoire unique d’un homme qui a défié toutes les probabilités. Voici le récit de la vie de battant de Justin Hardy, qui après tant de combat a rejoint l’autre monde hier matin.

Justin Hardy est né dans l’Illinois et a grandi avec un maillot des Bulls sur les épaules depuis tout jeune. Et dès qu’il a commencé le basket, il y a mis toute son énergie. Un vrai passionné qui mettait du cœur à l’ouvrage dans chaque projet qu’il a pu entreprendre. La balle orange l’a emmené du côté de la fac de Washington University dans la ville de St. Louis, université du haut du panier de division 3 NCAA. Ses deux premières saisons – avant l’arrivée du COVID – se passent à merveille. L’ailier d’1m95 pour presque 100 kilos est une vraie machine qui bondit sur chaque ballon et qui sait aller claquer de vrais dunks quand il le faut. Pour preuve, voici une vidéo de lui datant de sa dernière année de lycée.

For Justin, let’s make this shot go around the world one more time. #HardyStrong pic.twitter.com/ZIgwzq7Tbj

— Jake Bartelson (@JakeBartelson) May 30, 2022

Alors que sa troisième saison universitaire est annulée, Justin et ses coéquipiers se voient dans l’obligation de se préparer à fond pour la prochaine, qui sera pour lui sa dernière à l’université. Mais un événement fin mars 2021 va bouleverser sa vie. Alors que Justin Hardy se rendait juste à l’hôpital pour d’incessants maux de ventre, les médecins lui découvrent un ulcère perforé. Mais à son réveil de l’opération de cet ulcère, les docteurs ont de bien pires nouvelles à lui annoncer. Justin Hardy est atteint d’un cancer de l’estomac de stade 4, donc très avancé, où aucun traitement n’existe pour le moment. Pour information, la moyenne d’âge des personnes atteintes de ce type de cancer est de 68 ans, le natif de l’Illinois n’en a alors que 21. Aucune chance de gagner face à une telle maladie, et plus qu’un an et demi maximum à vivre selon la science. Cette nouvelle laisse sans voix sa famille et son université entière : un fils, un frère, un coéquipier, un camarade de classe aimé de tous vient de vivre la pire journée de sa vie. Mais Justin voit cela autrement : il “ne peut pas abandonner face à une petite adversité”. Petite ? Oui, Monsieur Hardy est motivé pour passer outre sa maladie et vivre sa vie de la meilleure manière possible. En un peu plus d’un an, il réalisera un stage d’été dans la finance, sera diplômé en décembre avec un semestre d’avance sans pour autant avoir eu une charge de travail moindre, et le plus important : il rejouera au basket.

Pendant l’été 2021, Justin Hardy commence son traitement par chimiothérapie. En septembre, l’ailier qui dépassait presque les 100 kilos lors de sa saison sophomore est devenu un homme de 75 kilos qui peine à se déplacer normalement. Quand il décide de reprendre le basket en octobre, ses coéquipiers sont plus inquiets pour lui que pour leur équipe, Justin Hardy peut à peine monter le ballon au-dessus du cercle. Ce n’est plus leur ailier titulaire d’autrefois. Mais le fan des Bulls va tout mettre en œuvre pour revenir. Les deux premières semaines de préparation physique sont les plus dures pour lui au niveau du mental, et physiquement il ressent une douleur à chaque mouvement. Mais il va y arriver : l’ailier retrouve ses muscles et son poids de forme d’antan. Pesant 92 kilos, Justin reprend les entraînements collectifs tout en continuant les traitements. En novembre, ses efforts paient et il retrouve le cinq de départ après quelques matchs, en suivant ses traitements d’une manière bien précise. Le lundi, c’est direction l’hôpital pour la chimiothérapie. Pourquoi le lundi ? Pour être opérationnel pour l’entraînement du mercredi et le match du week-end, tout simplement. Un calendrier suivi à la lettre qui le permettra de tenir sur la durée en ne ratant aucun match. En décembre, Justin Hardy peut enfin dunker à nouveau et profite d’un match pour égaler son career-high qui date de sa saison freshman : 28 points pour un soldat qui se définit lui-même comme le joueur le moins fiable du pays en ce moment. Ses coéquipiers ne sont pas du même avis, ils ne voient pas leur deuxième meilleur marqueur de l’équipe sur la saison de la même façon. 

“Tous les membres de l’équipe, quel que soit leur âge, le voient comme un super-héros”

– David Windley, coéquipier de Justin Hardy pour le journal de la fac de Washington U.

En février dernier, ESPN décide de rendre nationale l’histoire unique de Justin Hardy grâce à un documentaire qui fera pleurer dans les chaumières. Son combat et sa ténacité ont touché et seront soutenus par plus d’un, notamment par Dick Vitale, commentateur historique du basket universitaire qui se bat également contre un cancer à ce moment-là. La presse américaine reconnaîtra également son combat en le rendant lauréat du Perry Wallace Most Courageous Award lors du Final Four NCAA en avril 2022. Même mois où Justin, acclamé par les tribunes blindées de sa petite fac du Missouri, inscrira ses derniers points. La maladie ayant avancé, Justin a dû faire une croix sur les derniers matchs de la saison, mais il a pu entrer pendant 30 secondes lors de son dernier match à domicile pour scorer un dernier lay-up. Un dernier lay-up pour l’éternité.

Justin Hardy, à défaut d’avoir eu une belle carrière professionnelle, a réussi à laisser son empreinte d’une manière encore plus marquante. Il n’a jamais rien fait à moitié, il a préféré tout donner sur les parquets plutôt que de se laisser envahir par la maladie. “Je vis ma vie peu importe les circonstances” avait-t-il déclaré avant de nous quitter, inspirant tout le monde l’ayant côtoyé de près ou de loin. RIP Justin Hardy.

Source texte : ESPN, St Louis Post Dispatch, Student Life (journal de la fac de Washington U)


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