Le billet d’Alex : Celtics, âme verte retrouvée et gros client à éviter en Playoffs

Le 09 mars 2022 à 19:56 par Alexandre Martin

Celtics
Source : YouTube / The Celtics Journal

On les a dits à côté de la plaque. On s’est demandé s’il ne fallait pas casser la paire Jaylen Brown – Jayson Tatum. On a douté d’Ime Udoka le coach rookie, du leadership de Marcus Smart, d’Al Horford ou des choix de Brad Stevens le néo-General Manager. Mais, en ce mois de mars 2022, les Celtics sont là et bien là. Ce groupe a une âme, verte. Ce groupe vient de loin et avec une telle dynamique qu’il pourrait devenir un cauchemar pour beaucoup d’équipes en Playoffs. 

Une âme, selon l’une des nombreuses définitions données par Larousse, c’est un “ensemble des manières de penser ou d’agir des membres d’un groupe social et qui le caractérisent”. Les Celtics version 2021-22 forment un groupe dont les manières de penser et d’agir peuvent être caractérisées par une vraie capacité de remise en question et un grand sens du collectif de la part de chacun de ses membres. Deux notions primordiales dans la vie d’un effectif dans le sport de haut niveau et donc en NBA. Deux notions sur lesquelles Boston s’est appuyé pour parvenir à remonter la pente d’une saison qui était tellement mal partie. Car ces histoires d’âme sont bien jolies mais cela reste de la littérature tant que ça ne se traduit pas sur le terrain. Et c’est là que les Celtics ont vraiment réussi… 

…un grand retournement. 

Les hommes d’Ime Udoka ont fini l’année 2021 par une victoire sur les Suns qui ne trompait personne sur le niveau réel proposé sur cette première partie de saison : un niveau moyen voire bas. Avec un bilan de 17 victoires pour 19 défaites et des comebacks subis à plusieurs reprises alors que les verts avaient l’air d’avoir le match en main, Boston n’avait rassuré personne. Surtout pas ses fans. Marcus Smart avait pourtant poussé un coup de gueule publiquement dès le mois de novembre, n’hésitant pas à tirer à boulet rouge sur ses coéquipiers Tatum et Brown. S’en était suivie une réunion entre joueurs pour se dire les choses. Le genre de réunion qui ne peut aboutir à un résultat positif que s’il y a une volonté commune de se remettre en question pour, enfin, se mettre à gagner. 

Au cours du mois de janvier, les Celtics se sont mis à proposer une défense de plus en plus solide avec une attaque qui se règle petit à petit. Plus de mouvement de balle, de meilleures décisions et donc une meilleure efficacité de ce côté du parquet. 15 matchs en janvier, 9 victoires. Le mieux vu sur les planches se reflète de suite dans les résultats et dans le classement où Boston commence son irrésistible ascension. Le dernier match de ce mois de janvier est d’ailleurs une victoire, contre les Pelicans, qui va être le début d’une série de neuf succès consécutifs. Une série de victoires dont la base est une défense de plus en plus complète et étouffante. Une défense de fer. C’est bien simple, depuis le premier janvier 2022, les Celtics ont le meilleur ratio défensif de la ligue avec 105 points encaissés par 100 possessions, ce qui les place assez largement devant les Mavs, deuxièmes avec 107,8 points encaissés par 100 possessions. Et comme, ils ont aussi, depuis le début de l’année 2022, le septième meilleur ratio offensif, rien d’étonnant à ce que les victoires pleuvent. 

Seuls les Suns et les Sixers sont également dans le Top 10 des attaques et des défenses depuis début 2022. Sur l’ensemble de la saison, Boston a le deuxième ratio défensif (derrière les Warriors) mais pourrait tout à fait passer premier au cours du mois de mars tout en continuant de grimper au classement de l’Est. Parce que ces Celtics ont tout ce qu’il faut pour continuer ainsi. Parce qu’ils ont su trouver de la régularité dans l’effort alors qu’ils étaient moqués pour leur irrégularité il n’y a encore pas si longtemps. Parce qu’après avoir donné la sensation de beaucoup tâtonner, Udoka semble avoir plus de certitudes et un groupe qui adhère à ses principes de jeu. Parce que ce retournement dans la saison des Celtics met en avant toutes les qualités d’un groupe dont on ne voyait que les défauts. 

Force est de constater que ce groupe est bien fait, que les choix faits par le front office de Brad Stevens sont bons. Nous avons devant nous une brigade verte bourrée d’atouts magnifiques qui peuvent lui permettre de continuer ainsi sur la fin de saison et de faire de grandes choses à partir de la mi-avril. La défense est “élite”, comme on dit. Elle est prête pour n’importe quelle joute de post-season. Ces types peuvent tout défendre, tous les postes et tout style de joueurs. On a de véritables chiens enragés et vicieux en Marcus Smart et son petit frère spirituel Grant Williams. On a une tour de contrôle aérienne en Robert Williams, voire aussi un peu en Daniel Theis. On a un vieux briscard très expérimenté en la personne d’Al Horford. On a deux stars offensives qui savent défendre et ne rechignent pas à la tâche. L’ajout de Derrick White au moment de la trade deadline colle complètement et des jeunes gars comme Payton Pritchard ou Aaron Nesmith ont montré qu’ils pouvaient rentrer en jeu sans être des points faibles si évidents. Nous voilà donc avec une rotation de dix gars qui a tout pour devenir un cauchemar dès qu’il s’agit d’attaquer. 

Ces types peuvent tout défendre. 

Bien évidemment des attaquants hors-pair comme Joel Embiid, Giannis Antetokounmpo, Kevin Durant ou James Harden pour ne citer qu’eux arriveront toujours à trouver des failles et à profiter de la moindre ouverture mais face à Boston, il faudra transformer car il n’y en aura pas beaucoup. Et puis l’attaque progresse. On n’est pas dans l’élite au niveau collectif de ce côté du terrain mais c’est de mieux en mieux. Cela manque d’un vrai meneur gestionnaire et créatif, c’est indéniable. Ce n’est pas faire offense à Marcus Smart que de dire qu’il ne fait pas partie des meilleurs sur ce point à son poste. White et Pritchard non plus. 

Pour autant, du talent offensif, Boston en a. À travers son collectif d’une part, avec une circulation de balle qui progresse, et surtout à travers son duo de stars. Le trèfle n’a pas quatre feuilles mais il a deux joyaux sur les extérieurs. Malgré quelques soucis de blessures en novembre, en décembre, et une alerte à la cheville récemment, Jaylen Brown envoie plus de 23 points de moyenne à 46% au tir avec un peu plus de 6 rebonds et 3 passes décisives chaque soir. Brown est un problème pour les défenses adverses de par sa puissance physique, sa vitesse et ses qualités techniques. Il est le lieutenant parfait du boss Tatum. 

Jayson Tatum. Il est (encore) en train de passer un vrai cap. Il score, ça on le savait. En grande quantité et quel que soit le type d’adversaire, ça on le savait aussi. Désormais, il se montre capable de tenir la balle, de créer pour lui ou pour les copains, de laisser le jeu venir à lui pour prendre ce qui lui est donné et le bonifier. Jayson tatum est en train de devenir un franchise player de haut vol, sous nos yeux. Ses dix derniers matchs ? 31,6 points à 47% au tir, plus de 7 rebonds, presque 5 caviars. Il est tellement en confiance et sûr de sa force qu’il peut décider de jouer à qui scorera le plus les yeux dans les yeux avec Kevin Durant et… gagner !! A 24 ans, c’est fort. 

Très fort et inestimable pour cette équipe bostonienne construite dans la difficulté, malgré les défaites, malgré les critiques. Une construction qui nourrit le mental du groupe, des leaders au 12ème homme etqui nourrit ce public de passionnés qui envahit le TD Garden chaque soir de match. Sauf gros imprévu ou sale blessure, les Celtics vont arriver en Playoffs avec une dynamique formidable. Il faudra alors, pour tous ceux qui croiseront leur route, ne pas sous-estimer l’âme verte et être prêt au combat. Car eux le seront.