Le billet d’Alex : Damian Lillard ou pas, les Blazers n’ont plus le choix

Le 07 déc. 2021 à 12:49 par Alexandre Martin

Damian Lillard Blazers bye bye
Source : YouTube / Portland Trail Blazers

Dans la vie d’une franchise NBA, il y a des moments où les propriétaires doivent faire des choix tranchés pour avancer. C’est le cas actuellement de celui des Blazers, le Paul Allen Trust, dirigé par Jody la sœur du défunt Paul. Ces dirigeants ont de grandes décisions à prendre. Ils ont commencé, mais doivent désormais aller au bout des choses afin de se donner les moyens d’assouvir l’ambition suprême de toute équipe : être en position de remporter un titre. Ce que Portland n’a jamais réussi sous l’ère Neil Olshey. 

Aujourd’hui, la confluence de facteurs indiquant un vent nouveau en Oregon est assez indéniable. Il y a quelques jours, Neil Olshey s’est fait virer après dix ans de (bons et loyaux ?) services. Plutôt bons les services, en tout cas pas si mauvais, car même s’il n’y a pas de vrai statut de contender et encore moins de titre, ce sont huit qualifications en Playoffs qui ont émaillé cette décennie (2011 à 2021). Pour le côté loyal, on va dire que l’enquête pour “mauvais comportement sur le lieu de travail” ne va pas forcément dans le bon sens. En attendant, c’est la raison officielle invoquée par les Blazers pour renvoyer Olshey, sans lui payer les deux dernières années de son contrat. A noter que ce renvoi est intervenu seulement quelques semaines après que le président de la franchise, Chris McGowan, ait démissionné. Lui aussi était là depuis 10 ans… 

Le grand ménage ne fait que commencer. Espérons-le.

Côté sportif, c’est Joe Cronin – un ex assistant d’Olshey, expert du CBA et du salary cap – qui a récupéré, en intérim, le poste de General manager. Le moins qu’on puisse dire est que la pression va être forte sur ses épaules. En effet, maintenant que le président et le GM ont été changés, c’est vers l’effectif que tous les regards vont se tourner pour voir quels seront les prochains mouvements initiés par Cronin. Oui, il va y avoir des “prochains mouvements”. Sinon à quoi bon parler “d’espoir que le licenciement de Neil Olshey acte une sorte de nouveau départ”, comme cela est rapporté dans l’article de Sam Amick et Shams Charania hier ? D’ailleurs attention, cet espoir est compréhensible mais il faut vraiment s’en tenir à cette notion de nouveau départ. Que Neil Olshey ait eu une mauvaise influence sur la culture et la mentalité en interne est une raison pour se séparer de lui. Qu’il n’ait pas été à la hauteur des objectifs sportifs des Blazers récemment en est une autre. Mais croire que le virer va suffire à rebondir relèverait plus de l’illusion que de l’espoir. Les Blazers ne doivent surtout pas ralentir ou s’arrêter sur le chemin qui est le leur, celui du grand chambardement.  

C’est d’une équipe bancale dont Cronin hérite. Il doit le savoir évidemment. Une équipe qui vient de perdre six de ses sept derniers matchs, et pas que face à des cadors. Une équipe qui ne sait pas où elle va, si ce n’est dans le mur d’un premier tour de Playoffs. Encore faudrait-il y arriver mais, étant donné qu’il reste une petite soixantaine de matchs à jouer, ne pas y croire du tout serait beaucoup trop manquer de respect au talent des joueurs qui composent, aujourd’hui, le roster des Blazers. De quelle autonomie va réellement bénéficier Joe Cronin pour imaginer des transferts avantageux pour sa franchise ? Quelle va être sa capacité à monter les trades auxquels il pourrait penser ? A-t-il du temps devant lui pour travailler sereinement ? Damian Lillard a laissé entendre qu’il était conscient que les Blazers allaient avoir besoin d’un peu de temps pour trouver leur prochain General Manager. Mais l’ami Cronin est, semble-t-il, déjà considéré comme un candidat légitime pour garder le job de manière permanente. Lillard est-il au courant ? A-t-il donné sa bénédiction ? 

Lillard tiens, parlons-en. 

Tout part de lui, qu’on le veuille ou non. Il est le symbole des Blazers. La question est plutôt de savoir s’il va continuer de s’accrocher ou s’il va demander à partir. Demande qui serait un crève-cœur pour lui-même et un véritable cauchemar pour les fans de la franchise d’Oregon. Pourtant, il faut que ça bouge. D’autant plus que, depuis quelques semaines voire quelques mois si l’on compte les Jeux olympiques, on ne reconnaît plus notre Dame de Portland. Il a passé un été très compliqué avec beaucoup de rumeurs autour de sa situation au sein des Blazers. On lui a prêté des envies d’ailleurs, qu’il a dû démentir alors qu’on a bien senti qu’il n’avait pas du tout apprécié les choix estivaux de son GM, notamment celui du coach. Dans la foulée, il est très mal entré dans cet exercice 2021-22 avec des pourcentages au tir affreux, ses pires en carrière. Une blessure abdominale, qu’il traîne d’ailleurs depuis les Jeux, l’empêche clairement d’être performant mais dans le sillage de son leader, c’est tout le groupe Blazers qui se retrouve exposé. Chauncey Billups est déjà bien tancé, voire contesté, alors qu’il vient tout juste de lancer sa carrière de Head-Coach. CJ McCollum et Jusuf Nurkic montrent leurs limites quand le vrai patron n’est pas dans le coup. Et puis défensivement, c’est un massacre encore et toujours, alors que c’était l’un des reproches fait à Terry Stotts. Comme quoi, l’entraîneur peut aider à progresser, peut mettre des systèmes en place mais il ne peut pas faire de miracles quand un mal est profond. Bref, une défense horrible, la pire de la ligue depuis le début de saison et une attaque qui ne peut pas se reposer sur son sauveur habituel. Résultat : un bilan sous les 50%. Pour un groupe qui a soi-disant tout ce qu’il faut pour rivaliser avec les meilleurs, ça la fout mal. 

Olshey n’a pas voulu voir la vérité en face. Elle est en train d’exploser et Cronin va devoir la gérer. Les Blazers n’ont plus le choix. Ils doivent bouger de manière significative pour éviter qu’un de ces jours ce soit Damian Lillard qui le fasse pour eux. La lassitude commence à s’installer. On a senti un Lillard, certes pas à 100% mais également moins motivé et pas toujours au top en termes de body language. Ce sont des signes qui peuvent paraître faibles mais ils ne sont pas à prendre à légère. On ne peut pas être sûr que Billups ait vraiment le vestiaire et son leader de son côté. Tous ces éléments sont autant de bonnes raisons pour Joe Cronin de faire péter un ou plusieurs gros trades d’ici la deadline (10 février 2022). 

Si vous aimez les gros transferts, vous allez être servis.

Cronin doit faire quelque chose et vu que la patience de son franchise player semble atteindre certaines limites, vu les bruits qui commencent à circuler, le nouveau GM ne va pas pouvoir faire le coup du petit trade malin. Une carte déjà bien trop usitée par son prédécesseur. Donc oubliez les idées d’échange basées sur du Robert Covington ou du Larry Nance Jr contre un jeune et/ou du tour de Draft. Oubliez. Les Blazers n’en sont plus là. Ils ont besoin de grand air. Le grand ménage on a dit, pas encore une fois de petits moves sans réel impact. Ben Simmons est évoqué. Pour le faire venir, il faudra lâcher du solide. CJ McCollum par exemple et ça tombe bien car les contrats collent plutôt bien. A voir les à-côtés que Portland sera prêt à offrir aux Sixers pour appâter l’exigeant Daryl Morey, si tant est que la perspective de ce trade l’intéresse. Selon les sources de The Athletic, toujours aussi bien renseignées, Lillard aurait très envie de jouer avec le meneur-ailier de Philadelphie (oui, va falloir jouer ailier mister Ben). C’est bien, cela peut être un début. Si une telle ouverture existe, il faudra sûrement lâcher beaucoup mais reconstruire autour de Damian Lillard, en le mettant dans les meilleures conditions possibles, n’a visiblement pas de prix pour les Blazers. Le transfert de McCollum est une rumeur qui circule depuis des années. Il est temps pour Portland d’arrêter de vivre dans un cocon de rumeurs et d’en concrétiser au moins une, de se montrer à la hauteur de ses ambitions, d’enfin se construire en champion avec la mentalité qui va avec.

Même en incluant les Playoffs de 2019 lors desquels ils sont allés jusqu’en Finales de conférence (sweepés par les Warriors), quelqu’un se rappelle-t-il d’une saison où les Blazers ont été pris pour un sérieux prétendant au titre sur les 20 dernières années ? Voilà… C’est bien là tout le problème. S’ils veulent enfin être pris au sérieux, les Blazers doivent prendre des risques. Maintenant, car la NBA n’attend pas. Sinon le risque sera donc de voir Lillard filer vers d’autres cieux. Mais ne serait-ce pas d’ailleurs un risque que les Blazers devraient ou devront prendre ? Ne serait-ce pas Damian Lillard qu’il leur faut mettre sur le marché pour obtenir des contreparties vraiment qualitatives ? Ces questions doivent hérisser tous les poils des fans des Blazers mais elles se posent et pourraient se poser encore plus si jamais Daryl Morey ne montre qu’une envie modérée devant un package ayant pour base CJ McCollum ou si la situation avec Lillard s’envenimait. 

Le chemin est encore long, les interrogations sont encore nombreuses. Mais au final, une chose est sûre : Lillard ou pas, les Blazers n’ont plus le choix.