Mais que s’est-il passé sur la dernière action des Nuggets ? Plumlee à l’ouest ? Grant paumé ? Denver crevé ?
Le 21 sept. 2020 à 05:55 par Bastien Fontanieu
Si Anthony Davis repartira avec un maximum de louanges ce lundi suite à son tir de la victoire au buzzer, une question demeure et occupe l’esprit de nombreux observateurs. Comment l’intérieur des Lakers a pu se retrouver aussi seul ? Les Nuggets, en plein fail à deux secondes de la fin du match, vont passer une sacré journée devant le replay de cette action…
Pour une équipe aussi disciplinée et attachée aux principes de son entraîneur, les boys de Denver ont fait froncer un paquet de sourcils cette nuit, sans mauvais jeu de mots. Pas sur l’ensemble de la rencontre, mais sur cette ultime possession. Et parce qu’on aime sortir le scalpel pour trifouiller dans les détails, voici un petit listing de ce qui s’est passé sur cette séquence traumatisante. Plantons le décor sans plus attendre. Jamal Murray vient de réaliser une action défensive de haut-niveau, en contrant le tire de Danny Green ligne de fond. Le banc des Nuggets est debout, tout le monde applaudit le meneur car même s’il n’a pas réussi à sauver la balle, il a tout de même empêché les Lakers de prendre l’avantage au score et la franchise de Los Angeles n’a plus qu’une remise en jeu pour espérer s’en sortir. Au moment où le contre de Murray a lieu, il y a 2,1 secondes sur l’horloge du match.
Il faut savoir que les Lakers n’ont plus aucun temps-mort. Denver en a encore un, mais Mike Malone n’est pas né de la dernière pluie. Il le sait mieux que quiconque, s’il prend son temps-mort tout de suite, cela offre à Frank Vogel la possibilité de dessiner quelque chose sur sa plaquette. Alors qu’en restant silencieux, Malone force les Lakers à devoir improviser ligne de fond. Les Nuggets mènent d’un point, il faut rester concentré et valider cette belle remontée au score avec une dernière défense collective sérieuse.
Le buzzer sonne. C’est celui des remplacements. Pendant qu’Alex Caruso laisse sa place à Rajon Rondo (qui a demandé à Vogel s’il pouvait rentrer en jeu pour justement improviser avec son expérience et sa vision du jeu), Malone décide de faire entrer Mason Plumlee à la place de Paul Millsap. Un choix qui peut en faire douter certains, mais la logique a du sens : évitons une passe lobée proche de l’arceau, on va mettre Plumlee – plus grand – sur Anthony Davis et laisser Jerami Grant en mission sur LeBron. Jokic s’occupe de la remise en jeu (pourquoi pas Bol Bol d’ailleurs, vrai regret après avoir vu Boston envoyer Tacko Fall en épouvantail sur Kyle Lowry au round précédent), Dozier et Murray ont eux aussi leur mission en tête. Première photo :
Jusque là, rien de bien fou. Dozier et Murray sont positionnés de manière à communiquer sur tout type de mouvement, si un joueur ose se pointer dans la raquette c’est bien Jamal qui pourra aider, et Plumlee est collé à Anthony Davis comme prévu. Jerami Grant a peut-être les mains qui suent au maximum, mais il sait qu’il doit défendre de face sur LeBron. Avec seulement deux secondes à jouer, ce n’est pas comme si James allait pouvoir déguster un tacos avant de prendre sa décision. Il n’y a qu’une option envisageable : c’est un catch and shoot dans la foulée. Seulement, quelque chose turlupine Grant.
L’ailier des Nuggets, ici isolé en haut du carré rouge, fait appel à Mason Plumlee. La raison ? Attirer l’attention de son coéquipier, sur le fait que LeBron peut soudainement feinter Grant et se retrouver seul dans la raquette. Une erreur de débutant qui peut se corriger avec une bonne communication, ce qui est le cas ici, puisque Jerami propose à son coéquipier de se déplacer de manière à empêcher LeBron de tenter une épaule dans la raquette. Ne reste pas collé au cul d’Anthony Davis, c’est ton joueur mais garde un oeil sur ma matchup car j’ai un des meilleurs scoreurs de tous les temps en iso devant moi. L’arbitre donne la balle ligne de fond à Rondo, c’est le moment de jouer.
Pendant que Nikola Jokic fait sa meilleure imitation de Vincent Gérard dans les cages de l’EDF, Anthony Davis se déplace et va se rendre disponible pour une passe de Rajon Rondo. En plein dans la raquette, Danny Green a tenté de trouver une position de tir facile mais Dozier a les bras longs et peut détourner la passe, sans parler de Murray qui est dans le coin et peut lui aussi intervenir. On oublie l’option Green, surveillons AD qui va faire son tour du centre-ville en espérant que les intérieurs de Denver s’emmêlent les pinceaux. LeBron ne bouge pas d’un poil et se prépare, plutôt, à poser un écran pour libérer son intérieur. Quitte à ne pas prendre de shoot de la gagne, autant servir de frigo humain et ensevelir le pauvre Plumlee.
A-t-il trouvé un paquet de clopes par terre ? Ou bien s’agit-il d’une improvisation chorégraphique soudaine ? Quoi qu’il en soit, Mason Plumlee pointe son doigt comme pour indiquer à Jerami Grant qu’il va falloir passer au-dessus de LeBron afin de gêner la réception de balle d’Anthony Davis et contester son tir. Comme vous pouvez le voir à l’image, même en hurlant c’est extrêmement pratique comme situation pour Grant, qui en plus d’avoir 4 ans d’expérience de moins que Mason, est déjà collé sur un des meilleurs joueurs de tous les temps, et n’a pas DU TOUT envie de le lâcher pour laisser LeBron couper vers le panier. Là est bien le souci, ce qui faisait peur à Grant et l’avait poussé à attirer l’attention de son coéquipier intérieur quelques secondes auparavant. L’idée ici n’est pas de lâcher Anthony Davis, lui qui vient de scorer les 7 derniers points de son équipe (!). Il faut simplement garder un oeil sur l’ensemble du terrain et ne pas demander de miracle sur switch défensif, car lâcher LeBron à quelques mètres du panier et deux secondes à jouer reviendrait à donner la victoire aux Lakers avec une carte-cadeau de 200 balles chez Micromania pour chaque membre de l’équipe. Pas de switch, chacun sur son joueur… sauf Plumlee.
Le pauvre Mason s’empale sur LeBron, à la plus grande surprise de Jerami Grant qui doit probablement se demander ce que fout Plumlee à ses côtés, et comme par hasard Anthony Davis se retrouve seul. L’homme le plus chaud de la seconde mi-temps, qui venait de planter un énorme step back à trois points à ce même endroit quelques minutes plus tôt, se retrouve esseulé au moment où il reçoit la balle, avec la possibilité de remporter le match au buzzer ? C’est combien sur l’échelle de l’humour ? Après avoir dansé la polka afin de gêner la remise en jeu, Jokic se rend compte du merdier qui a lieu dans son dos et tente de contester le tir de Davis. Trop tard. Le mal est fait, Denver a chié sa dernière possession, Plumlee dans la sauce complète, victoire des Lakers au buzzer.
ANTHONY DAVIS AT THE BUZZEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEER LAKERS WIIIIIIIIIIIIIIIN !!!!! 😱😱😱😱😱😱 pic.twitter.com/G76uGsU4y6
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) September 21, 2020
Comment ça va, Mason Plumlee ? pic.twitter.com/5J2hnyUiEK
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IN-CRO-YABLE ANTHONY DAVIS…..!!!!! pic.twitter.com/HyX8P4bdgZ
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Manque d’expérience, un peu de fatigue, inhabitués de ce niveau de compétition, les Nuggets ont craqué au buzzer. Disons que cela arrive. Mais il va y avoir des regrets, et pas qu’un peu, en voyant Denver être aussi proche de la victoire et tout foirer sur la dernière possession. On aurait aimé voir Bol Bol sur Rondo, on aurait aimé Plumlee connecté sur notre système solaire, mais non. Victoire de Los Angeles, sur un beau foirage défensif au finish !