C’était un 15 décembre : le dîner de cons entre Suns, Wizards et Grizzlies, voici leur histoire
Le 15 déc. 2019 à 09:23 par Theo Boxberger
On le sait, la NBA est propice à créer de magnifiques histoires. Mais elles sont parfois un peu moins belles. Ou elles sont aussi parfois totalement insolites, du WTF comme on l’aime. Car les franchises nous font rêver sur le terrain (sauf les Knicks) mais les coulisses ne sont pas mal non plus…
Ces dernières années de nombreuses histoires en dehors du terrain nous ont fait marrer. On a eu le fameux tunnel du Staples Center, ou encore le trade d’Harrison Barnes en plein match. Et bien justement. C’est sur une histoire de transfert que nous allons revenir aujourd’hui, premier anniversaire oblige. Le vrai-faux échange entre Wizards, Suns et Oursons autour de Trevor Ariza ? Voici la véritable histoire :
Il est prêt de 21 heures, un beau samedi soir à l’approche de Noël dans la capitale des États-Unis d’Amérique, lorsque Ernie Grunfeld prend son téléphone. Ernie est un homme de 64 ans, et cela fait des années maintenant qu’il officie en tant que General Manager des Washington Wizards. Ernie, honnête homme, fait son travail comme il le peut. S’il n’est pas toujours exempt de tout reproche, il essaye de bien faire. Par exemple il n’y était pas pour grand chose dans cette histoire de flingue ramené par son franchise player dans le vestiaire en 2010. Et ce soir-là donc, tracassé à l’idée d’améliorer son équipe, Ernie appelle son homologue fraîchement installé aux Suns, James Jones.
EG : “- Alloooooooooooo !
JJ : – …
EG : – Allooooooooooooo !
JJ : – Ernie, je t’entends mais c’est la dixième fois que tu m’appelles cette semaine. Qu’est-ce que t’as encore ?
EG : – James, écoutes, je suis sur un coup là ! Fais moi confiance cette fois-ci. Dis-moi juste… tu veux quoi ?
JJ : – Bah John Wall.
EG : – Allez sérieux, fais un effort. On est d’accord, tu veux te débarrasser de Trevor Ariza ? Dis-moi ce que tu veux, on s’arrange. C’est pour moi, je régale.
JJ : – Ah oui ! Alors là on discute… Le petit Austin il est dispo là ?
EG : – Et bien ça me fait plaisir que t’en parles parce que justem…
JJ : – Allez, je te le prends. Un petit pick en plus ?
EG : – James, tu vois c’est ça ton problème… t’es trop gourmand, mon garçon. Moi ça fait 15 ans que je suis à ce poste, on ne me la fait pas. Je t’envoie une clope, le Twix de droite, une cartouche Pokémon aussi, mais je ne peux pas faire plus.
JJ : – T’y mets pas du tien aussi là. C’est mort, je deales pas avec toi pour ça. Alors tu me trouves quelque chose, mais je te file pas un joueur expérimenté qui a joué de vrais matchs pour juste ton fils à papa.
EG : – Tu sais ce qu’on va faire ? Moi, j’ai déjà essayé de carotte les Oursons cette semaine. Ils ont l’air open, le jeune Brooks il t’intéresse ?
JJ : – Le bon ? Vas-y, laisse moi tranquille si tu me parles de MarShon.
EG : – Évidemment que je parle du bon. T’inquiètes, j’en fais une affaire personnelle. Je te rappelle dès que je t’ai dégoté Dillon.
JJ : – Oh attends, gratte moi des petits picks là. “
Ni une, ni deux, Ernie met sa main gauche dans celle de droite, formant un cercle. Il souffle dedans tel LeBron James à chaque fois qu’il rate un tir dans le premier quart-temps et cette fois-ci il le sent : il va le réaliser son fameux gros coup. Quinze ans qu’il l’attend ! Chaud bouillant, il compose alors le numéro de Chris Wallace, GM des Grizzlies :
EG : “- Yuuuuuuuuup
CW : – T’as complètement craqué mon pauvre. Il t’arrive quoi encore ?
EG : – Chris, écoute moi bien. C’est bien toi qui m’a appelé pour Kelly. Allez, tu sais quoi ? Il est tout à toi.
CW : – Wow, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu veux quoi du coup ?
EG : – Oh moi ça va, le taff, le taff, le taff. Tu sais ce que c’est toi, hein. Sympa votre saison, au fait.
CW : – Ouais c’est ça, tu voulais pas me parler d’un trade plutôt ?
EG : – Oui, du coup, tu veux pas filer Brooks aux Wizards en deuspi ?
CW : – Sérieux ? J’y crois pas, tu te fous de moi ? Ils veulent que je l’amène moi-même à l’aéroport ? Il est É-CLA-TÉ honnêtement… (Réflexion). Oh et puis 37 points de moyenne en Chine, il est pas si dégueu en vrai, je suis sûr qu’il pourra leur être utile.
EG : – Non tranquille, par contre mets moi un pick dans le package s’il te plaît.
CW : – Ok, mais c’est bien parce que c’est toi, et que tout le monde tente de te la mettre à l’envers depuis des années. Je te file un coup de main là, t’oublieras pas ce que je viens de faire. Mais par contre, t’es sûr qu’ils veulent pas un truc en plus les Suns ? Ça me paraît chelou ton histoire.
EG : – Attends, il m’a demandé un truc en plus, putain… je m’en rappelle plus. Ce que tu fais, c’est que t’ajoutes un truc en plus, histoire qu’ils ne râlent pas, t’inquiètes je m’occupe du reste. T’as quoi en stock ?
CW : – Wayne Selden ?
EG : – Selden.
CW : – Solden ?
EG : – Solden
CW : – Deal ?
EG : – Deal.”
Pas peu fier d’avoir bouclé un transfert avec deux autres équipes, Ernie était bien heureux de ce qu’il venait de produire. Et vraiment, quel bonheur il ressentit à l’idée d’avoir contenté deux collègues. Pour se récompenser Ernie alla manger. Il rappela au préalable le GM des Suns, lui indiquant qu’il lui avait ramené tout ce dont il avait besoin. Mais il y a un “mais”. En fait il y a toujours un “mais”. Les murs ont des oreilles. Ils entendent tout. Ils entendent tout et parfois ils répètent, même. Cette fois-ci c’était sur Twitter, et le mur c’était Adrian Wojnarowski. Dégainant le smartphone, à l’image d’un Donald Trump après une séance du Sénat, le Woj explique alors le trade en cours : Wayne Selden, MarShon Brooks et Austin Rivers arrivent en Arizona, Ariza et des tours de draft vont du côté de la capitale, Kelly Oubre fait ses valises pour le Tennessee. Crédule, James Jones, voyant le tweet passer sur le réseau, envoie un texto au GOAT des transferts de la Ligue. Il l’avertit qu’il s’agit bien de Dillon Brooks qui arrivera dans sa franchise. Il rajoute que ce n’est pas grave, qu’une erreur ça arrive aussi à des gens bien. Le Woj revient alors sur son tweet, et corrige en indiquant que ce sera donc Dillon qui va venir s’éclater au pays des cactus.
Ernie tout juste sorti de son repas, après avoir dégusté son meilleur steak-frites, avait bien mangé, bien bu, il avait la peau du ventre bien tendu. Il sentit soudainement une petite vibration du téléphone. Il le sortit de sa poche et Chris Wallace s’affichait sur l’écran. Il décrocha.
CW : “- C’est-à-dire ? lâcha directement le general manager des Grizzlies.
EG : – De ? répondit un Ernie tout étonné
CW : – De ? De ? De ? répéta Wallace en imitant bêtement Grunfeld. T’es con ou quoi? Je viens d’appeler Phoenix, c’est Dillon qu’ils veulent, pas MarShon. Je peux pas leur lâcher ça hein. Tu veux pas que je leur donne Gasol aussi ? Tu veux Conley, toi ? Puis sérieusement, comment t’as réussi à faire fuiter l’échange ? hurla de haine Chris Wallace envers son interlocuteur. On va passer pour des cons là. Quelle idée de te laisser faire un trade.”
En effet, le mal était fait. James Jones, Ernie Grunfeld, et Chris Wallace passèrent clairement tous pour des cons. Les médias, les gens sur les réseaux sociaux, les autres dirigeants de NBA, tout le monde se moqua du trade avorté entre les trois équipes, nous les premiers. Un échange sera plus tard conclu entre Phoenix et Washington mais il était trop tard. Ils avaient déjà suffisamment abusé de la patience de leurs supérieurs. Bizarrement, six mois plus tard… aucun des trois n’était encore à son poste. Si James Jones ne fut que rétrogradé assistant general manager, les deux autres furent démis de leur fonction.
Et voilà les enfants, c’est donc ainsi que les choses se sont passées lors de cet échange calamiteux. On espère que vous avez saisi la morale de cette histoire : ne laissez pas Ernie Grunfeld faire les choses pour vous, faites-les vous-mêmes. Bonne nuit, et on se retrouve très vite pour une nouvelle histoire.