Quid des meilleurs scoreurs actuels par rapport à leurs prédécesseurs ? Qualité des défenses, rythme de jeu, arbitrage, on fait le point

Le 13 déc. 2019 à 09:58 par Alexandre Taupin

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Source image : montage TrashTalk via YouTube

C’est un sujet qui est beaucoup revenu sur la table en ce début de saison : les orgies offensives. La NBA brille par ses attaques de feu et les matchs à 130,140 voire 150 points inscrits sont devenus monnaie courante. Dans cette ligue toujours plus offensive, les scoreurs ont la belle vie et certains affolent clairement les compteurs. Aussi, on a voulu se lancer dans une petite comparaison entre les meilleurs gâchettes du moment et leurs prédécesseurs pour bien comprendre les performances du moment. 

Quatre. C’est le nombre de joueurs qui affichent aujourd’hui plus de 28 points de moyenne depuis la reprise. Ces quatre joueurs sont James Harden, Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic et Kyrie Irving (onze matchs seulement certes pour Uncle Drew). Ils étaient même six la semaine dernière avec Bradley Beal et Trae Young. A titre de comparaison, Michael Jordan (vous devez connaître, pas trop mauvais comme gars) n’a croisé au court de sa carrière que treize joueurs à plus de 28 points sur une saison. Il s’agit de Purvis Short, Larry Bird, Dominique Wilkins, Bernard King, Adrian Dantley, Alex English, Charles Barkley, Karl Malone, Patrick Ewing, Shaquille O’Neal, Allen Iverson, Kobe Bryant et Tracy McGrady. Entendons-nous bien, sur les quinze saisons jouées par MJ, seuls les noms cités à l’instant ont été au dessus des 28 pions sur une année. D’autres l’ont fait pendant son break ou avant/après sa carrière, il ne s’agit que d’un indicateur. Que peut-on en conclure ? Que nous sommes tombés sur une génération de gros malades du scoring et que ceux d’avant étaient pas si forts en fin de compte ? Faut pas pousser mémé dans les orties. Loin de nous l’idée de comparer les qualités techniques ou athlétiques des uns ou des autres, ce serait trop long et notre analyse du jour va au-delà. Nous nous intéressons ici aux facteurs qui favorisent ou défavorisent la capacité à marquer des points. Pour cela, on va partir sur trois grands axes, à savoir : la qualité des défenses, le rythme de jeu et les décisions arbitrales. C’est parti pour le gros dossier.

Premier facteur des points marqués : la défense adverse. On ne vous apprend rien, si les défenseurs nous font le remake de Moise et la mer rouge, il est toujours plus facile de planter. Combien de fois cette année a-t-on vu dans les réactions des fans : “c’est du All-Star Game ce match”, “ils s’en balancent de défendre” etc etc.. C’est un fait avéré, on est actuellement sur une saison très offensive ou plutôt… peu défensive. Quelques chiffres pour illustrer ce propos : Washington, pire défense de la Ligue, encaisse… 122 points de moyenne par match. La meilleure défense aux points encaissés est Denver avec 101,7 points par match. La défense moyenne en NBA (donc l’addition de toutes les défenses, divisé par trente) est à 110,39. Si l’on compare avec d’autres saisons ? Hum. Lorsque Kobe Bryant est à 35,6 points de moyenne en 2005-2006, la défense moyenne en NBA est à 97,17 ! Les 101,7 points encaissés par Denver en 2019 se classeraient d’ailleurs entre la 25ème et la 26ème défense cette année-là. Quand LeBron James marque 30 points en 2007-2008 ? La défense moyenne est à 99,9. Tout cela pour dire que marquer beaucoup de points est une chose mais les marquer face à des défenses resserrées en est une autre. Mais alors, pourquoi les équipes ne défendent plus de la même façon aujourd’hui ? Il y a le style de jeu qui a évolué mais il y a aussi le rythme des matchs qui joue un énorme facteur et c’est notre deuxième axe de réflexion.

Les amoureux de la TTFL ne s’y tromperont pas, on est souvent mieux servi pour des grosses stats lorsque l’on mise sur des équipes qui allient Pace et mauvaise défense. “Pace”, c’est le nombre de possessions par équipe sur un match. Plus tu joues vite, plus tu en as, ça tombe sous le sens. Pourquoi les défenses prennent-elles plus de points aujourd’hui ? Elles sont certes un peu moins hermétiques mais elles doivent aussi subir un rythme plus intense et donc défendre sur plus d’actions, ce qui entraîne inévitablement plus de points encaissés. Dans un sens, cela défend les équipes actuelles sachant qu’avec un rythme moins soutenu, elles se rapprocheraient sans doute des stats défensives vues un peu plus haut, mais d’un autre côté, que donneraient les stats de Kobe 2006 et LeBron 2008 avec la Pace actuelle ? Plutôt effrayant. Pour vous donner une vision plus claire de la chose, observez juste. L’équipe la plus “lente” de la ligue, c’est à dire celle qui joue le moins de possessions par match est les Sacramento Kings (pourtant troisième l’an dernier de ce même classement) avec 97,94. Si l’on retranscrit ce chiffre pour 2008 et 2006 par exemple, ils seraient… quatrième pour 2007-2008 et carrément premier pour 2005-2006. Si l’on remonte même jusqu’aux dernières années Bulls de His Airness, les Kings seraient leader en 1997 et 1998, et largement.  C’est pour cela qu’il est souvent difficile de comparer les époques, le jeu y est différent, les opportunités de marquer aussi. Si un Kobe marque 35 points en jouant à deux à l’heure, qu’est ce que cela donnerait en 2020 avec encore plus de ballons à jouer ? Est ce que Jordan tournerait à 45 points de moyenne ? Nous ne le saurons jamais mais ce qui est certain, c’est que chaque génération connaît des contextes différents, parfois des règles différentes et surtout des arbitrages différents, olala quelle transition.

Qui n’a jamais entendu un ancien joueur NBA se plaindre du côté soft de la ligue actuelle ? A croire que chaque coup de sifflet obtenu coûtait tantôt un bras, tantôt une jambe. “No blood no foul” c’est bien ça ? Du coup, si on les croit sur parole, on pourrait se dire que les joueurs actuels obtiennent tout ce qu’ils veulent et passent presque pour des douillettes. Mais sur le fond est-ce vraiment le cas ? Si l’on nous dit que les fautes étaient plus violentes, ça peut se prouver, il y avait quand même de sacrés clients pour t’allumer mais s’agissant des coups de sifflets c’est autre chose. Cette saison, selon Basket-Référence, les arbitres sifflent entre 38 et 46 fautes par match et accordent entre 39 et 51 lancers francs. Si l’on prend au milieu des années 2000 (2005-2006), c’est 41 à 50 fautes et 47 à 59 lancers ! Pas de quoi se plaindre. Dans les années 90 ? Pour la saison 95-96, 42 à 56 interventions arbitrales et 47 à 67 lancers par match selon la tolérance des hommes en gris. Si vous pensez qu’il y a trop de coups de sifflets aujourd’hui, alors vous risquez de ne pas aimer les matchs old school. On entend déjà ceux qui se plaignent des lancers du Barbu mais imaginez une seconde ce que ça aurait donné avec les anciens quotas. Reste à savoir le degré d’exigence du corps arbitral pour siffler.

Mais alors, que tirer de tous ces éléments ? Que la NBA actuelle favorise clairement l’attaque grâce au rythme mais aussi une certaine passivité défensive. Malgré tout, les joueurs ne sont pas sur-aidés par le corps arbitral quand il s’agit de gonfler les stats comme on pourrait le croire. Certes, les anciens scoreurs étaient désavantagés s’agissant du nombre de possessions mais cela ne les empêchait pas de prendre 30 tirs par match à l’occasion et de bénéficier de davantage de lancers. Est-ce que Harden, Antetokounmpo ou Doncic auraient marqué autant dans l’ancienne NBA ? Impossible à dire surtout que d’autres critères peuvent aussi entrer en considération (domination des pivots, manque de confiance envers les joueurs européens dans les 90’s). Le style de jeu actuel favorise-t-il les feuilles de stats bien noircies ? Oh que oui. Les anciennes gloires auraient-elles sorti des chiffres insensés au scoring comme ceux qui disent que MJ tournerait à 50 points de moyenne aujourd’hui ? Si seulement nous le savions. Toujours est-il que chaque joueur est impacté par l’époque où il joue : domination d’un poste, tirs à 3-points ou rythme de jeu, tous ces facteurs peuvent faire passer un joueur dans une toute autre dimension selon son entrée dans la ligue. Imaginez un jeune Ray Allen ou Reggie Miller drafté en 2019… Oh boy….

Différentes époques, mais même goût pour le bucket ! Ces scoreurs d’hier et d’aujourd’hui ont marqué (ou marquent) toute une génération. Certes, ils n’ont pas connu la même ligue, les mêmes facteurs pour marquer des montagnes de points mais dévaloriser la génération actuelle pour une tendance offensive serait manquer de respect à leurs accomplissements personnels. De la même façon, il ne faut pas oublier les contraintes qui ont pu limiter l’ascension des anciennes gloires à des sommets… toujours plus haut. 

Source texte : Basket Référence


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