Déjà 35 perf’ à plus de 40 points cette saison : une campagne historique au niveau du scoring, un peu moins en défense

Le 12 déc. 2019 à 15:08 par Adrien Cortot

James Harden
Source image : NBA League Pass

Une fois n’est pas coutume, James Harden a encore planté 55 points hier soir. Même si on n’arrive pas à être blasé devant de telles mixtapes offensives, la performance du barbu est loin d’être isolée et on dénombre même 35 pics individuels au-dessus des 40 de fièvre en seulement deux mois de compétition cette saison. Entre admiration pour ces mutants et grincement de dents du côté des amateurs de défense, ce chiffre affolant pose de réelles questions sur la Ligue.

Non, ce n’est pas le fruit d’une hallucination de votre cerveau due à une overdose de chocolat avant Noël. Normalement, vous n’avez ouvert que la moitié des cases de votre calendrier de l’Avent Kinder, sauf si vous avez pris un peu d’avance par gourmandise. En tout cas vous ne rêvez pas, 68 jours après le début de la saison régulière, on dénombre déjà 35 démos à 40 points ou plus en comptant les trois d’hier (Devonte’ Graham, Kemba Walker et donc le MVP 2018), soit presque une tous les deux jours. C’est au point de se demander si on est bien toujours dans une ligue de basket ou si on ne se trouve pas plutôt dans une prison spécialisée pour les pyromanes. Pour commencer, on a décidé d’identifier les suspects avec vous. Le premier porte une barbe proéminente et vient de claquer 55 points sur la truffe de Cavaliers pas plus tard qu’il y a quelques heures. On ne le présente plus, il s’agit de James Harden. On peut ne pas l’aimer avec ses voyages incessants sur la ligne (quoi que il nous a fait mentir hier), cependant on doit reconnaître qu’il n’y a pas plus chaud que lui sur la planète lorsqu’il s’agit de mettre des ballons dans un panier depuis quelques années. En effet, sur ce début de la saison il compile déjà neuf matchs à plus de 40 points dont une pointe à 60 unités contre les Hawks. Le second individu de ce classement est un peu plus surprenant : Bradley Beal possède quatre matchs à 40 puntos et plus depuis le début de la saison. C’est quand on regarde le roster des Wizards qu’on comprend mieux en se demandant qui d’autre peut bien scorer quand Davis Bertans ne se prend pas pour Joe Harris. Après lui, viennent deux joueurs ex-æquo : Luka Doncic et Anthony Davis, avec chacun trois soirée de grosse fièvre. Suivent ensuite les deux jeunes talents que sont Devin Booker et Trae Young avec deux sorties à plus de 40 pions (comme quoi Young sera toujours derrière Luka…). Bon, on a fait un listing des pyromanes récidivistes, on passe maintenant à ceux qui n’ont pris feu qu’une seule fois depuis le début de la saison. Outre les décérébrés du dessus, on retrouve ainsi des gars comme Andrew Wiggins, Brandon Ingram, Buddy Hield, Damian Lillard (60 points quand même, sacré incendie là aussi), Pascal Siakam, Giannis Antetokounmpo, Zach LaVine (coucou les Hornets), D’Angelo Russell, Kyrie Irving, Kemba Walker et le plus surprenant de tous : Devonte Graham. Que des mecs comme The Beard, le Greek Freak ou AD nous claquent des matchs à 40 points ok, mais de là à ce qu’un sophomore que presque personne ne connaît fasse un match pareil, ça peut faire tiquer un peu.

En effet, ces performances nous font nous interroger. Comment se fait-il qu’en l’espace de deux mois un mec avec une apostrophe à la fin de son prénom puisse claquer 40 pions quand on sait qu’un joueur comme Steve Nash n’a atteint ce total qu’à deux reprises durant toute sa carrière ? Là, on a quelques pistes. En effet, depuis quelques années, la NBA s’est totalement tournée vers les tirs à trois points, parfois même à outrance quand on voit certains pourcentages d’équipes (coucou les Pelicans et les Rockets). On a donc vu tous les intérieurs se reculer derrière l’arc un à un et devenir de vrais snipers pour continuer d’exister à la manière de Brook Lopez pour ne citer que lui. A l’inverse, les véritables postes 5 sans shoot commencent à se faire rares au plus haut niveau. On voit ce phénomène même avec des joueurs dont le jeu n’est pas du tout adapté à la longue distance et qui se forcent à shooter de loin pour suivre le rythme, à l’image d’un Ben Simmons (bon lui il essaie juste) ou d’un Giannis. Une autre explication possible de ce phénomène relativement récent concerne peut-être les défenses et plus particulièrement toutes les largesses offertes aux stars adverses ces derniers temps. Comme la saison dernière, on voit de plus en plus de matchs de régulière terminer sur des scores de All-Star Game. Entre le manque d’envie de certains et le niveau catastrophiques d’autres, on se demande qui entre certaines défenses NBA et les plus beaux morceaux de gruyères ont le plus de trous. Et parce qu’il faut bien tirer sur quelqu’un, on va regarder quelle défense a pris le plus de matchs à 40 points sur le truffe et… roulement de tambours… les Timberwolves, on ne vous félicite pas. En résumé, compilez des défenses à la ramasse et des paniers à trois points qui pleuvent de tous les côtés et de tous les joueurs, et vous obtenez des cartons offensifs et des incendiaires qui se font plaisir (heureusement que Klay est blessé sinon on aurait eu droit à un incendie général dans le pays). Bienvenue donc dans une ligue où les matchs à 40 points deviennent monnaie courante. C’est dommage en vrai parce que ce qui fait qu’on adore ces coups de chaud, c’est leur rareté. Alors oui, ce genre de box score fait du clic et on adore voir ça, c’est pas le problème. Mais ce qu’il y a de bien avec ces performances, c’est avant tout leur caractère exceptionnel, le fait qu’elles sortent du lot. Là, vu comment c’est parti, c’est devenu presque tellement banal que ça ne va même plus nous surprendre de voir des gars comme Patty Mills ou Mario Hezonja claquer 50 points dans un match.

Certes, on adore ces pyromanes, mais on commence sérieusement à se demander si on ne devrait pas commencer à relativiser ce genre de performances qui deviennent presque banales dans une NBA moderne où le trois points à outrance et le manque de défense deviennent progressivement la norme. Comme on en veut toujours plus, maintenant il va falloir en planter 50 points commencer à nous surprendre un peu. Allez les gars, réveillez-vous et levez un peu les bras, sinon les nostalgiques du basket du passé vont refaire surface.