Andrew Wiggins est absolument énorme cette saison : on a envie d’y croire à nouveau, le mec est quand même n°1 de Draft, merde
Le 13 nov. 2019 à 15:01 par Giovanni Marriette
Parmi les belles surprises de ce début de saison ? Les Wolves, étonnants quasiment chaque soir depuis la reprise et pour l’instant forts d’un bilan positif, celle-là fallait la voir venir. Merci Karl-Anthony Towns, évidemment et on en a déjà beaucoup parlé, mais merci également à… Andrew Wiggins ! Point d’exclamation obligatoire et révélant notre / votre air ébahi car, oui, c’est bien à un joueur de quali All-Star auquel on a affaire depuis quinze jours. Et beh…
Andrew Wiggins a beau être un n°1 de Draft, il n’en reste pas moins que son nom a aujourd’hui plus souvent été associé à des punchlines qu’aux félicitations du jury. A sa décharge ? Une arrivée pas vraiment sur les chapeaux de roue, avec un trade arrivant très vite après sa Draft puisque LeBron James ne semblait alors que peu enclin à partager les rênes de sa franchise avec un nouveau Roi. Direction le Minnesota donc, pas plus de soleil mais encore plus de brouillard, et une réputation déjà un peu entachée alors que le pauvre n’avait pas encore touché le moindre ballon en NBA. Le besoin également de prouver vite, très vite, histoire de ne pas s’embourber dans l’aspiration gênante créée par un autre n°1 de Draft un an plus tôt, lui aussi Canadien, lui aussi drafté par les Cavs et ça commence à faire beaucoup de coïncidences : Anthony Bennett. Heureusement le niveau purement basketballistique d’Andrew Wiggins est à des années lumières de celui de Bennett (même ma grand-mère peut battre Bennett au HORSE), mais malgré tout le rookie déçoit. Un peu moins de 17 points de moyenne, une sélection de tirs hasardeuse et surtout l’impression que le gamin pourrait faire tellement plus. Attitude parfois nonchalante, grosse perf le lundi et bouse infâme le jeudi, et on est donc parti pour… cinq ans de montagnes russes, sur le terrain mais également dans le cœur des courageux fans des Wolves.
Car si les deux saisons suivantes Andrew montrera de réels progrès, en attaque et en défense, l’arrivée de Jimmy Butler à l’été 2017 sera finalement le déclic qui va transformer Andrew Wiggins en Androu Biguine, espèce d’avatar ayant gardé les aptitudes physiques de l’original mais ayant abandonné toute trace de fighting spirit et de désir de progresser. Andrew joue à l’envers, Andrew n’envoie pas des briques il les brise carrément, et très vite on se demande un peu partout sur la planète basket si le mec ne serait pas déjà devenu useless, périmé pour utiliser le jargon du yaourt. Wiggins montre pourtant parfois le bout de son nez, souvent face à OKC, étrange, et entretient donc toujours chez les fans cette légende qui dit que sommeillerait en lui un All-Star endormi, n’attendant finalement que le baiser d’un beau prince, pas Jimmy Butler donc, pour devenir celui qu’il est censé être. Le départ de celui dont on ne doit plus prononcer le nom sera d’ailleurs l’occasion à l’été 2018 de croire à nouveau en la (re)naissance du gamin (il n’a finalement que 24 ans) mais une fois de plus ce satané sale gosse décevra, multipliant les soirées ratées en attaque et poussant même le bouchon encore plus loin en adoptant un body language souvent inadapté pour le sport professionnel. Traîner les pattes, jouer à contre-sens sur l’autoroute des défaites, se prendre pour Kobe alors qu’on est Kyle Singler, voilà donc où en était Andrew Wiggins il y a quelques mois, et on arrive à un fanbase qui ne comporte alors plus qu’une douzaine de personnes sur Terre, famille comprise. Les rumeurs (et les envies) de trade reprennent de plus belle, vas-y prends-moi Wiggins et donne-moi deux boîtes de cassoulet William Saurin, ça m’aidera à chier sur ses pompes quand je le recroiserai.
Dur dur, dur de passer de 23 à 16 points de moyenne et de voir son impact et sa cote baisser comme si on avait 40 ans alors que l’on n’en a que 24, dur de voir son collègue Karl-Anthony Towns tirer toute la couverture à lui (en même temps, quel monstre celui-là), dur dur de voir qu’une partie de ses fidèles commence à évoquer son nom… en sortie de banc, au bénéfice de Josh Okogie, de Clotaire Bidart ou Françoise je n’sais qui.
Faille spatio-temporelle, quelque chose s’est passé. On ne sait pas quoi mais quelque chose s’est putain de passé
Nous sommes donc le 13 novembre 2019, il est 15h34 et Andrew Wiggins est l’un des, allez, vingt meilleurs joueurs de la Ligue. Faîtes pas chier on a pas compté, mais vous voyez au moins l’idée. Les stats de Wiggo au bout de dix matchs ? 25,5 points, 4,8 rebonds, 3,3 passes et 1,1 contre, meilleurs chiffres en carrière dans ces quatre catégories. Son adresse ? 47,3%, le gonze n’avait évidemment jamais fait mieux. Les raisons ? On va y venir mais commençons par hurler ceci : qu’est-ce que ça fait du bien de voir Andrew Wiggins évoluer enfin au niveau auquel… il semblait être capable d’évoluer. Quel bonheur pour les yeux de retrouver ce pur athlète saignant comme un jeune premier, courir sur chaque possession comme un mec en retard (poke Docteur Payre, tu te reconnaitras), quel bonheur finalement de se dire qu’Andrew Wiggins s’est peut-être enfin transformé en… Andrew Wiggins. Parce qu’au-delà des chiffres, déjà effrayants s’il en est (40 pions contre les Fake Warriors, 33 hier à Detroit, quasiment 30 de moyenne sur novembre), c’est bien dans l’attitude que l’ancien prospect de Kansas détonne. Une vraie présence, l’envie de faire briller son bro Charles-Antoine et plus globalement de servir ses coéquipiers, et déjà ce rôle d’exemple, de vétéran dans l’approche alors qu’il n’a, on le disait, encore que 24 ans. Et comme par enchantement que se passe-t-il ? Les Wolves gagnent, comme c’est étrange. Pas forcément face à de grosses cylindrées (quoique, le Heat, les Nets en opener) mais déjà une surprise quand on sait que pour beaucoup les Wolves faisaient partie du wagon des derniers cités dans pas mal de previews d’avant-saison. Quoiqu’il en soit et quoiqu’il arrive désormais, à Minny on pourra toujours se dire qu’on a gagné six des dix premiers matchs de la saison et que contre toute attente (faîtes pas genre hein)… les Loups possèdent aujourd’hui deux joueurs de calibre All-Star Game. On vient donc de prononcer Wiggins et All-Star Game dans la même phrase, après ça on peut donc aisément passer au paragraphe suivant.
La suite ? Bah c’est quoi la suite justement ? Andrew Wiggins peut-il évoluer toute la saison à ce niveau-là de performance ? Est-ce, en fait… son vrai niveau, après cinq saisons à se construire dans les moqueries et/ou l’attente désespérée de ses fans ? Premier élément de réponse, pour l’une des premières fois de sa carrière Andrew Wiggins donne le sentiment d’être bien dans ses pompes et d’être bien… coaché. On connait tous à peu près l’ambiance régnant dans le Minnesota à la fin du mandat de Flip Saunders, on connait tous les skills de coach d’un Sam Mitchell qui a du depuis se réorienter dans la pâtisserie ou l’encadrement mais de portes et fenêtres, et on sait aussi le genre de guéguerre qui cancérisait le vestiaire à l’époque des Timberbulls. Aujourd’hui le duo Ryan Saunders / Andrew Wiggins, le trio Saunders / Wiggo / KAT même, semble sur la même longueur d’ondes, et le groupe construit par le front-office est sans doute capable de rivaliser à l’Ouest, mais si et seulement s’il est porté par deux vrais leaders. Car le roster 2019/20 de Minnesota drivé par deux All-Stars c’est oui et c’est même très excitant, mais ce même roster drivé par un Towns stratosphé…troseul et un Wiggins qui construit des barres d’immeuble dans tout le pays c’est non et c’est direction la treizième place.
Pour résumer ? Début de saison idyllique et aucune raison de voir Andrew stopper sa belle ascension. Au delà des chiffres c’est dans la caboche que ça se passe et de ce côté-ci tous les feux semblent au vert. Prochain objectif ? Tenir plus de dix matchs, prendre les rencontres les unes après les autres et surtout avec la même envie. Parce que clairement, le talent lui, il est bien là. Allez, rendez-vous en janvier pour parler d’un mois de décembre à 17 points et 34% au tir, désolé on n’a pas pu s’en empêcher.