La France a battu l’équipe F de Team USA ? Peut-être bien, mais la France a surtout battu Team USA tout court

Le 12 sept. 2019 à 10:02 par Giovanni Marriette

Grincheux
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Sitôt le quart de finale d’hier terminé, le flot de larmes de joie et d’explosions de bonheur des Français s’est rapidement retrouvé confronté à un autre genre de débat. Et si jamais cette victoire était une victoire… au rabais ? Si, finalement, ce n’était pas une perf si folle que de taper cette équipe faite de bric et de brac, à des années lumières d’un roster composé des meilleurs joueurs américains ?

Avant toute chose : un constat. Non, cette équipe des États-Unis ne faisait rêver personne, à part peut-être quelques fans des Celtics et le collectif de soutien à la famille Plumlee. On était tous d’accord pour le dire, c’était peut-être cette année ou jamais. 2020 sera une toute autre histoire, on sait le goût de nos cousins ricains pour les Jeux Olympiques, et puis après… demain c’est loin. Ce qui nous intéresse aujourd’hui ? Ce foutu match d’hier, le 11 septembre 2019, date qui restera à n’en pas douter dans les mémoires franco-américaines. Peut-on avoir le droit de se gargariser d’une victoire face à une nation amputée de ses… 50 meilleurs joueurs ? Oui ? Non ? Doit-on profiter de l’instant présent en se félicitant d’avoir fait tomber un ogre qui n’était pas tombé depuis 13 ans et 58 matchs ? Ou alors, peut-être, aurait-il fallu déclarer forfait avant le match ? Le débat existe bien sûr, pas sur le forfait hein n’abusons point, mais le débat existe sur le réel “statut” de cette victoire. Est-ce un exploit “sportif” ? Pas forcément, car cette Équipe de France était tout simplement meilleure que son adversaire, tout comme l’Espagne, l’Australie, la Serbie ou l’Argentine l’étaient probablement aussi cette année. Est-ce quand même un exploit ? Assurément. On parle de l’une des plus grandes dominations dans l’histoire du sport avec un grand S, on parle d’une nation qui roulait sur le monde depuis 2006, on parle d’une planète basket dont le complexe d’infériorité face aux Américains l’empêche de vivre depuis presque… toujours. L’ennemi était blessé, absent, moins bon, moins là, un peu prétentieux peut-être, mais l’ennemi reste l’ennemi, sportivement j’entends. Et cet ennemi… les Français ne se sont donc pas embarrassés à “trop” le respecter, cet ennemi les Bleus l’ont affronté comme si c’était n’importe quel ennemi. Certains ont argué – à juste titre – qu’hier n’était peut-être “que” la victoire d’une équipe de NBA face à une autre équipe NBA ? Arguons également que dans trente ans les pages de la FIBA rapporteront que l’EDF a battu Team USA après treize ans d’hégémonie, rien d’autre.

Si la France avait perdu face à Team USA version remasterisée ? Les critiques les plus folles se seraient abattues sur le ciel bleu. Après cette victoire ? On se demande ça et là si cet exploit en est vraiment un. La conclusion ? La France était tout simplement plus forte que les États-Unis, et pas sûr qu’il ne faille pas en être fiers. Depuis tout temps le pays de l’Oncle Sam est en avance basketballistique sur le reste du monde, depuis tout temps il le regarde de haut, et aujourd’hui comme il y a treize ans, d’irréductibles gaulois ont contesté ces dérangeants constats. Est-ce que ça veut dire que la France du basket est meilleure que l’Amérique du basket ? Évidemment que non, mais hier c’était le cas. Car les absents ont toujours tort et si l’Équipe de France n’a pas effacé hier un siècle de règne américain, elle a au moins prouvé à la planète basket que pour vaincre… les États-Unis devaient prendre au sérieux n’importe quelle compétition. Et puis, ah oui, pensons également à rendre hommage aux vainqueurs plutôt qu’à essayer de comprendre les vaincus ! Un double DPOY en titre, statut au passage assez historique en NBA, un récent MVP de l’Euroleague, petite compétition de campagne, l’un des leaders offensifs d’une équipe de Playoffs, un mec capable il n’y a pas si longtemps de lâcher des five by five en NBA (regardez, ils ne sont pas si nombreux)… et huit autres soldats qui n’ont rien de nains dans le monde de Gulliver. Même Gregg Popovich, qui s’y connait un peu il nous semble, a reconnu que ces Bleus-là étaient une vraie équipe de basket, alors… amen ? Hier les Américains savaient à peine prononcer Ntilikina et appelaient Axel Toupane Alex, disons qu’aujourd’hui ils ont (peut-être) appris à écrire leur nom correctement.

Victoire face à l’équipe F ? Victoire quand même. La vraie Team USA en aurait probablement mis 40 aux Bleus ? Les gens dont vous parlez n’étaient pas là hier. La France a battu Team USA dans une compétition internationale, c’est écrit comme disait Cabrel, et une victoire c’est une victoire. Alors laissez-nous être fiers et, bordel, laissez-nous être heureux.