Et si Pascal Siakam était le nouveau visage des Raptors : Spicy P sur la route pour devenir franchise P

Le 08 juil. 2019 à 11:30 par Benoît Carlier

pascal siakam
Source image : YouTube/SPORTSNETCANADA

Maintenant que Kawhi Leonard est parti rejoindre les Clippers dans sa Californie natale, c’est l’heure des questionnements à Toronto. La fête a été de courte durée au Canada et il va désormais falloir trouver un nouveau leader pour montrer la voie. Si la logique et la tradition pointent vers Kyle Lowry, le talent et le contexte penchent plus du côté de Pascal Siakam. Nick Nurse a une décision importante à prendre avant la rentrée.

Il y a un an, le GM des Raptors prenait le plus gros risque de sa carrière de dirigeant. Adieu DeMar DeRozan et Jakob Poeltl, bonjour Kawhi Leonard et Danny Green. Le Nigérian ne disait pas seulement au revoir au meilleur marqueur de l’histoire de la franchise, il brisait aussi une bromance entre ses deux All-Stars de l’effectif pour récupérer deux joueurs déjà sacrés champions par le passé mais à qui il ne restait qu’une année de contrat. Aujourd’hui, on peut dire que la prise de risque a été entièrement assumée et worth it, permettant à Toronto de remporter le premier titre NBA pour une équipe basée hors des frontières du pays de l’Oncle Sam. Mais si cette fin en apothéose a placé tout un pays dans un état d’euphorie collective pendant quelques semaines, la redescente est tout aussi violente. Cette campagne 2018-19 victorieuse fait déjà partie des souvenirs et le roster de Nick Nurse sera sensiblement différent à la rentrée. Moins fort ? C’est déjà une certitude. On ne perd pas le MVP des Finales auteur de Playoffs historiques sans lâcher une larme. D’autant qu’avec le départ de son compère Daniel Vert chez les Lakers contre peanuts, les Dinos se retrouvent légèrement déplumés avec deux starters en moins sans contrepartie pour les remplacer. Malheureusement, il est trop tard pour demander au king du mid-range à la peau grêlée de revenir former un duo étoilé avec Kyle Lowry et la question qui se pose le plus désormais est de savoir qui va prendre les rênes de cette équipe à partir de la saison prochaine.

Le successeur de Dwane Casey sur le banc de la Scotiabank Arena a sûrement déjà une petite idée de la nouvelle hiérarchie à respecter entre ses joueurs. Et avec tout le respect qu’il nous reste pour Marc Gasol après la parade dans les rues de la ville et l’activation de sa player option à 25 millions de dollars cet été, il faudra plutôt regarder du côté des deux autres derniers survivants du cinq majeur pour trouver le nouveau visage de la franchise canadienne. D’un côté, Kyle Lowry est arrivé à Toronto en 2012 et a connu d’innombrables désillusions en Playoffs avant d’atteindre le graal sans son poto DeMar en juin dernier. Le quintuple All-Star a 33 ans et il lui reste une dernière année de contrat avec autant de millions de dollars que de bougies soufflées. Connu pour sa tendance à se transformer en fantôme lors des grands rendez-vous, il s’est décollé cette étiquette au terme d’une saison où il a montré un tout nouveau visage, délaissant un peu le scoring pour se concentrer sur la gestion du jeu et la passe. Après des débuts compliqués en Playoffs avec un Game 1 à 0 point face au Magic, quand la menace d’un nouveau choke mémorable pointait le bout de son nez, K-Lo a dépassé ses craintes pour être un bon lieutenant de Kawhi jusqu’en Finales NBA. A la rentrée, il sera le second joueur le plus âgé de l’effectif après Marc Party Bus mais derrière la jeunesse pousse pour prendre le pouvoir.

Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, c’était bien l’ombre de Pascal Siakam que vous sentiez planer au-dessus de cet article depuis le début. Le Camerounais sort d’une campagne exceptionnelle du point de vue individuel et collectif avec deux nouvelles lignes de palmarès à la clé. Le trophée Larry O’Brien dans une main et celui de MIP dans l’autre, celui qui a failli devenir pasteur valide l’une des plus belles stories de la saison pour sa troisième saison dans la Ligue. Les votants ne s’y sont pas trompés, la progression est phénoménale. From un 27ème choix de Draft en 2016 à des statistiques de All-Star trois ans plus tard en passant par un titre de G League en 2017, voici le destin de Spicy P qui pourrait aller encore bien plus loin que ça dès la saison prochaine. Titulaire indiscutable depuis seulement un an, il était déjà le deuxième meilleur marqueur de l’effectif derrière The Klaw et le troisième rebondeur. Plus fort encore, il a réussi à augmenter ses moyennes en Playoffs où il est clairement devenu le bras droit du futur MVP des Finales. De là à parler de nouveau franchise player à l’aube de sa quatrième saison NBA au sein de l’équipe championne en titre ? La question mérite au moins d’être posée, si ce n’est davantage. Si vous n’avez pas toussé en lisant cette dernière phrase, alors on peut tranquillement passer à la suite. Sinon, on vous propose de vous refaire les highlights de la saison pendant un an en attendant de voir la nouvelle direction prise dans le Grand Nord.

En effet, on se dirige tout droit vers une saison de transition assez étrange au royaume de Drake. Une nouvelle bannière fraîchement accrochée au plafond de l’enceinte se trouvant au pied de la CN Tower, le statut de champion risque d’être difficile à assumer cette année. A l’Est, les Sixers préparent déjà leur revanche à l’instar des Bucks tandis que Brooklyn devient tout d’un coup de véritables prétendants au titre même si on attendra le retour de blessure de Kevin Durant pour prononcer le mot magique. Les Raptors ne vont pas totalement disparaître mais leur roster s’est affaibli et il sera difficile de répondre aux écuries précédemment citées ainsi qu’aux poids lourds de l’Ouest. Néanmoins, ne comptez pas sur eux pour abandonner si facilement, d’autant que Masai Ujiri est peut-être déjà sur un nouveau coup sans nous le dire. N’empêche, ce titre et le départ des deux anciens de San Antonio marque la fin d’un cycle au Canada. Toronto ne sera sûrement pas champion en 2020, c’est une réalité, alors pourquoi pas entamer tout de suite une nouvelle ère avec tout ce que cela implique ? Kyle Lowry a été précieux cette année mais il n’est plus dans son prime et se rapproche tout doucement d’une fin de carrière même si son jeu peut encore lui permettre de briller trois ou quatre ans au meilleur niveau. Au contraire, Pascal Siakam n’a pas encore atteint son plafond qui semble reculer de mois en mois. Laissé aux portes du All-Star Game au profit de son meneur en février dernier, le prochain rassemblement de stars à Chicago pourrait être le bon si Toronto figure dans les premières places à l’Est. Du coup, quid du leadership chez les Raptors ?

A 25 ans, le compatriote de Joel Embiid n’est pas un joueur précoce. Il n’a véritablement que deux saisons et demie dans les jambes et a d’abord dû dominer en ligue de développement avant de percer en NBA. Néanmoins, ses qualités son indéniables et il a déjà cette aura qui semble lui permettre de maintenir un groupe ensemble dans la poursuite d’un objectif commun. Son énergie débordante lui permet d’obtenir de nombreux rebonds improbables et il a démontré sur des défenses resserrées notamment en Playoffs qu’il était capable de s’en sortir en isolation ou dans les systèmes dessinés par son coach. Il a même déjà quelques cartons à son actif dont une pointe à 44 points contre Washington lors d’une absence de Kawhi Leonard. Offensivement, défensivement et psychologiquement, tout à l’air de fonctionner pour le natif de Douala qui tournait à 16,9 points, 6,9 rebonds et 3,1 assists de moyenne cette saison. Bien sûr, le trophée de MIP n’est pas une garantie sans faille, mais les exemples des anciens lauréats de ce trophée à porter leur franchise sont nombreux, même récemment. Désolé Boris et Ryan Anderson, on pensait plutôt à Paul George, Giannis ou encore Victor Oladipo en 2018. Le All-Star Game et le titre officieux de franchise player est la suite logique à une telle récompense et la question ne semble pas d’être si mais plutôt quand Pascalou recevra les clés du camion. Tant que Kyle Lowry rôdera dans les parages, il ne sera peut-être considéré que comme un lieutenant de luxe pour ne pas froisser le point guard, et encore. Mais qui de mieux que Siakam pour reprendre le flambeau dans un an maximum, lorsqu’il faudra représenter la success story à la canadienne en racontant aux plus jeunes les folles soirées de Playoffs 2019 au milieu de son prime de basketteur ? Après une saison comme celle-ci, tous les rêves sont permis au sujet de P.

Les Raptors ont pris un gros coup derrière la tête suite au départ de Kawhi à plusieurs milliers de kilomètres de là. Mais avec Pascal Siakam, ils tiennent un joueur attachant et talentueux capable d’assumer la transition pour continuer à porter très haut les couleurs de Toronto en NBA. Siakam is the limit.


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