Klay Thompson – Rupture du LCA : l’analyse du docteur Q

Le 15 juin 2019 à 07:06 par Quentin Quairière

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Stars, highlights et stats nous font rêver au quotidien en NBA. Mais si tous ces athlètes performent chaque soir sur les parquets, c’est aussi parce que leurs corps si exceptionnels sont surveillés, massés et examinés en permanence. Ainsi, le Dr. Q, étudiant en médecine le jour et supporter NBA la nuit, a installé son cabinet chez TrashTalk pour décrypter et analyser tous les bobos de nos stars de la balle orange. Entorse, déchirure, fracture, luxation… la visite médicale nous permettra de comprendre toutes les blessures de la grande ligue. Aujourd’hui, c’est Klay Thompson qui passe sur la table du doc, suite à une rupture du ligament croisé antérieur (LCA).

  • Professeur-étudiant en première année de médecine, le Dr. Q est un grand passionné du corps humain, qui a lui-même pu tester de nombreuses blessures en étant victime de ce qu’on appelle la malchance sportive. Fasciné par l’anatomie et déterminé à exceller en tant que futur médecin du sport, il a déjà participé à des démonstrations en milieu hospitalier à l’âge de 10 ans et a observé en bloc opératoire à partir de ses 13 ans. Le Dr. Q partagera ainsi son savoir et ses recherches sur TrashTalk, pour en connaître toujours plus sur les blessures du monde du basket.

Alors que du côté de Toronto l’esprit est à la fête après que les Raptors aient remporté le premier titre de leur histoire, les fans de la baie sont en deuil. Les deux derniers matchs de cette série auront été terribles pour les Warriors : rupture du tendon d’Achille pour KD, finales perdues et maintenant Klay Thompson… Le shooteur de Golden State s’est rompu le ligament croisé antérieur gauche pendant le troisième quart-temps. Il reviendra quand même tirer ses lancers-francs, preuve ultime d’à quel point ce joueur est un vrai guerrier.

Pourquoi la rupture du ligament croisé antérieur constitue-t-elle une blessure si courante et si grave chez les basketteurs ? Le LCA forme avec le ligament croisé postérieur ce que l’on appelle le « pivot central du genou ». Situé au centre du genou il s’insère sur le tibia et le fémur. Il limite le déplacement du tibia vers l’avant (tiroir antérieur) ou la rotation interne par rapport au fémur. Il a un rôle majeur dans la stabilité de l’articulation du genou. Ainsi, une torsion excessive, surtout lorsque le pied est bloqué au sol (semelle qui accroche sur le parquet, pied d’un adversaire) peut entraîner une rupture du ligament. A savoir que le LCA se rompt bien plus souvent que son homologue postérieur. Le principal problème est que le LCA ne cicatrise pas : que sa rupture soit partielle ou totale. On peut certes vivre presque normalement sans LCA (avec un bon renforcement musculaire) mais l’opération est inévitable pour quelqu’un pratiquant un sport de pivot comme le basket, surtout à haut niveau.

LCA

Ligaments croisés

Il existe différentes interventions pour réparer un LCA. Nous allons nous intéresser aux deux plus courantes : la « ligamentoplastie au tendon rotulien » ou technique de Kenneth-Jones, et le DIDT ou DT4, l’une de ces variantes. Ces interventions consistent à enlever ce qu’il reste du LCA et le remplacer pour redonner sa stabilité au genou.

Pour le DIDT, le chirurgien utilise les tendons du droit interne (1 des muscles adducteurs) et du demi-tendineux (1 des muscles ischio-jambiers), pour le DT4, il utilise seulement le tendon du demi-tendineux qui est coupé en 4 dans sa longueur et tressé. Ce ou ces tendons sont ensuite fixés au niveau des insertions normales du LCA (l’os est percé de 2 petits trous) et maintenues par des vis. Pour la technique de Kenneth-Jones, le chirurgien va utiliser le tiers médian du tendon rotulien (patellaire), prélevé avec une baguette osseuse de chaque côté : sur la rotule et le tibia. Le tendon ainsi prélevé servira de ligament : les deux baguettes osseuses sont fixées au niveau des insertions normales du LCA et maintenues par des vis.

Quelles différences sont à noter entre ces deux interventions ? Même si les deux techniques montrent de bons résultats, le Kenneth-Jones permet un retour en général dans de meilleures conditions. La greffe os sur os prend plus rapidement que la greffe tendon sur os. Le tendon rotulien guérit bien, et le quadriceps, même s’il est affaibli, est un gros muscle qui retrouvera plus facilement son intégrité que des muscles plus petits comme les ischio-jambiers. De plus, la stabilité est réputée meilleure, avantage à la fois mental et physique. Le DIDT ou DT4, sont en général privilégiés de par un retour un peu plus rapide.

Qu’en est-il des suites de l’opération et du retour à la compétition ? En général, il faut compter 8 à 12 mois pour une reprise de sports de pivot. La marche est possible dès le lendemain (avec des béquilles) et il faudra compter sur de longs mois de physiothérapie avec des exercices de renforcement musculaire et un travail de proprioception (équilibre).

D’autres stars sont déjà passées par là, avec des suites différentes. Zach Lavine se blessait en février 2017 et l’arrière sort d’une très belle campagne sous le maillot des Bulls, avec la même explosivité qu’avant. On pense aussi à Dejounte Murray : le meneur des Spurs s’est blessé avant même le début de la saison, et les fans de Fort Alamo peuvent espérer revoir leur jeune espoir la saison prochaine. Malheureusement, il y a aussi des personnes comme Chris Andersen, qui verra sa carrière se terminer après sa blessure en décembre 2016, alors qu’il avait 38 ans.

La saison est désormais terminée, et le repos sera mérité, d’autant plus pour les joueurs de la Baie. La fatigue s’est faite sentir sur ce dernier run pour le trophée. Alors que KD se rompt le tendon d’Achille après un claquage du mollet, ce sera le LCA pour Thompson, après une élongation aux ischio de la même jambe plus tôt dans la série. Lui aussi free agent, Klay devra négocier avec une équipe tout en sachant qu’il ne reviendra pas avant le All-Star Break …