Les Playoffs 2019 de Kawhi Leonard : entre exemplarité, détermination, excellence et tout simplement all-time
Le 26 mai 2019 à 07:27 par Bastien Fontanieu
Il aurait pu lever le pied, mais non. Au lieu de ça, au lieu de ralentir le rythme, Kawhi Leonard a été énorme pour qualifier ses Raptors en Finales NBA. Un Game 6 de patron, qui vient ponctuer des Playoffs 2019 de catégorie historique. Oui oui, historique.
Quand on vous compare à Michael Jordan, et que tout le monde se lève devant vos performances, vous devez certainement faire quelque chose de bien. Kawhi, à sa façon, doit probablement prendre tout ça avec légèreté. Il doit probablement célébrer cette qualification en Finales NBA avec l’enthousiasme d’un raton-laveur en début d’hibernation, et cela n’étonnera personne. Il est comme ça, Leonard. Il a peut-être quitté bizarrement les Spurs, mais il a surtout rappelé, en l’espace de quelques semaines, pourquoi il faut le considérer comme un des trois meilleurs joueurs au monde… si ce n’est le meilleur pour certains. Et en même temps, comment en vouloir à ceux qui placeraient le kid de Californie devant LeBron et KD, au moment où ces lignes sont écrites ? Personne ne peut prendre à Kawhi le trophée de meilleur joueur de ces Playoffs 2019, la discussion a été rangée dans un tiroir avec cette fin de série contre Milwaukee. KD, blessé, Curry, pas aussi polyvalent des deux côtés du terrain, LeBron, devant son frigo. Giannis et Embiid ? Et bien justement, tous les deux ont fini dans l’assiette de Leonard, avec un peu de laitue et des tomates cerises en accompagnement. Depuis le premier soir, et avec quelques exceptions situées ici ou là, Kawhi a offert des Playoffs d’une rare qualité, explosant largement la simple feuille statistique alors que celle-ci est déjà fichtrement éloquente en faveur de l’ailier des Raptors. Plus de 30 points, 8 rebonds et 4 passes de moyenne, quasiment en 50-40-90 au tir ? Mouais. C’est là qu’il faut comprendre toute la dimension de ce printemps 2019 offert par Leonard, l’immensité de son oeuvre, de ce qu’il réalise et donc élève encore plus son dossier parmi les plus grands de l’histoire. On part, avant tout, sur les bases d’un joueur qui n’a participé qu’à 9 rencontres l’an dernier, donc qui a basically passé une année off.
Ce même joueur vient de permettre à une franchise, et à un pays tout entier, de découvrir ses premières Finales NBA. Avec la pression d’une free agency imminente, Kawhi a pris sa nouvelle équipe, n’a rien pressé, et a décidé de les emmener sur le toit de la NBA. Peu importe le résultat final contre Golden State, les Raptors vont avoir ce qu’ils n’ont jamais eu : une bannière de champion de l’Est. La dimension all-time est déjà là, c’est un peu comme si KD signait aux Clippers cet été et les envoyait en Finales NBA en 2020. Mais c’est en fait le parcours, surtout, qui nous impose de devoir secouer notre tête. Par où doit on commencer, peut-être les 45 points en Game 1 face aux Sixers ? Ou alors, non, les 39 points au Game 4 face à la même équipe, sachant que Toronto ne pouvait pas rentrer au bercail en étant mené 3-1 dans la série ? On ne sait plus où donner de la tête, alors rentrons dans le plus lourd, le plus impressionnant. Et, évidemment, ce shoot légendaire rentré au Game 7 afin de qualifier les siens au tour suivant. Il en serait resté là et aurait été éliminé dans la foulée, bon, ça aurait été dommage mais on aura donné rendez-vous l’année prochaine. Au lieu de ça, Kawhi va se reconcentrer au bout de 2 matchs face aux Bucks, et exécuter un plan imparable. Je suis le meilleur défenseur extérieur de la Ligue, donnez-moi le meilleur joueur de la saison en face. Et boom, Giannis tombe sur un os très long avec des tresses parfaitement dessinées. Dès que les Raptors ont décidé de mettre Kawhi sur Antetokounmpo, la série a basculé. Quatre matchs, quatre victoires, et tout ça pendant que l’autre joue sur un jambe. Zéro réaction, il faut gagner coûte que coûte. Milwaukee va donc s’en prendre 36 en double-prolongation, avec 52 minutes de jeu dans les pattes. Avant de laisser les copains prendre le relais, tout en continuant à défendre dur, et en mettant la pression sur les Bucks. Game 5 ? Juste 9 passes décisives, comme pour montrer qu’il sait aussi trouver les partenaires démarqués, notamment les nains qui se prennent pour Steph Curry. Game 6 ? Des rebonds de grand prince, un poster monstre sur Giannis, le regard noir qui fait appel à la mort, ces mitaines surdimensionnées qui lui servent de machines pour shooter. Jusqu’où ira Kawhi, en fait…?
Orlando, Philadelphie, Milwaukee, la Conférence Est à ses pieds dès sa première année d’arrivée et des Finales NBA attendues avec impatience : peut-être qu’on ne réalise pas assez ce que Kawhi Leonard est en train de faire. Pour Toronto, pour la Ligue, ce qu’on est en train de voir est juste… all-time.