Les Sixers sont passés près, tellement près : beaucoup de boulot à Philly, mais la base est fantastique
Le 13 mai 2019 à 06:45 par Giovanni Marriette
Les attitudes à la fin d’un match sont rarement trompeuses, et en parlant de rareté… on a rarement vu des joueurs aussi abattus après le son parfois cruel du buzzer. Un Joel Embiid en larmes et réconforté par son magnifique bourreau Marc Gasol, et globalement toute une bande de soldats décontenancés et déçus après une issue qui venait de se jouer à quelques millimètres prêt. Ça bougera probablement cet été à Philadelphie mais une chose est sûre, tout n’est pas à jeter.
La logique a finalement été respectée, face à une équipe de Toronto monstrueuse d’efficacité défensive et diablement opportuniste, opportuniste ne signifiant pas ici le cul bordé de nouilles mais plutôt le sens noble du terme, à savoir une équipe douée pour jouer ses meilleurs coups aux meilleurs des moments. La marque des grandes équipes, la marque des immenses joueurs, ce qu’aucun des leaders de Philly n’est encore, et c’est loin d’être une critique alors respirez un grand coup. L’objectif de ces Sixers était ambitieux, mais force est de reconnaitre que Joel Embiid a trouvé son maître, que Jimmy Butler a trouvé son maître, et qu’il aura manqué au final un ou deux condiments au maximum pour que la recette soit parfaite. Une saison solide, sans plus, un premier tour rassurant, mais une match-up qui ne l’était par contre pas forcément. Malgré tout les hommes de Brett Brown auront joué cette série avec leurs armes, à savoir une bonne grosse dose de talent couplée à pas mal d’inconscience, lorsqu’il aurait plutôt fallu la jouer stratégique. Mais perdre la bataille de la stratégie ne fait pas de vous des bolosses pour autant, surtout lorsque de l’autre coté du terrain c’est une vraie armée et mieux organisée qui vous fait face, une armée avec à sa tête un commandant tout bonnement injouable.
Joel Embiid ? Il se sera battu comme un beau diable mais son inexpérience aura coûté cher face à l’un des meilleurs défenseurs de ces dix dernières années. On en connait un paquet qui se sont cassé les dents avant lui, ne reste plus qu’à trouver un bon dentiste. Jimmy Butler ? Il aura montré lors de ces Playoffs que son relatif anonymat durant la régulière n’était absolument pas inquiétant, Buckets revêtant dès l’entame de la postseason le costume qui lui va si bien, celui de leader offensif, défensif et émotionnel de son équipe. Ben Simmons ? Apprend à shooter frère, et dans quelques années tu compteras sur les doigts d’une seule main les mecs capables de t’arrêter. Un trio finalement au rendez-vous de ces demi-finales, bien que battu à la régulière, un trio qui ne sera peut-être pas reconduit la saison prochaine même si l’on ne peut s’empêcher de penser qu’un Butler inscrit à long-terme dans le projet ne ferait sans doute pas de mal à ses deux jeunes coéquipiers. Quand Jimmy la ferme et joue, Jimmy reste l’une des valeurs sûres de la Grande Ligue alors place à la réflexion, car certains choix s’annoncent comme essentiels.
Mais une équipe qui passe à deux poils de cul d’une qualif en finale de conf ne peut pas se cantonner à un trio et c’est tout un groupe qui a répondu présent sur ces deux dernières semaines. Tobias Harris et J.J. Redick bien sûr, merveilleux compléments aux trois mousquetaires sus-cités, mais aussi Mike Scott ou James Ennis, tour à tour bien utiles en sortie de banc quand celui des Raptors calait toutes les trente secondes. Un combat de 48 minutes donc, sept combats de 48 minutes, et une défaite au final qui s’est joué à de si petits détails, que l’on mettra donc sur le compte du talent et de l’intelligence des vainqueurs plutôt que sur celui des erreurs de Philly. Car des erreurs il y en a eu, mais n’omettons pas qu’en face c’est un cyborg qui avait décidé qu’il ne perdra en aucun cas cette série. Vous avez déjà essayé de raisonner un cyborg vous ? Voilà, nous non plus.
L’heure n’est pas encore à la refonte du roster ou même à la pêche aux free agents, mais on peut en tout cas faire ce constat : les Sixers progressent et sont tombés sur – un peu, un gars – plus forts qu’eux. Pourquoi ne faut-il pas rougir ? Pourquoi, Joel, dois-tu sécher tes larmes ? Car au moins 28 franchises auraient perdu face à ce Kawhi-là. Le problème de la cette nuit ne venait donc pas d’une quelconque faiblesse des Sixers mais bien d’un surplus de talent côté Toronto. Au boulot désormais pour passer cette petite marche de plus, mais la route empruntée semble être la bonne.