Rudy Gobert et Donovan Mitchell dans le dur : leçon donnée par Houston, il y a du pain sur la planche cet été
Le 25 avr. 2019 à 05:37 par Bastien Fontanieu
Fraîchement éliminés par les Rockets au premier tour des Playoffs, Rudy Gobert et Donovan Mitchell auront besoin de quelques jours pour décompresser. Mais une fois le repos validé ? Il faudra retourner bosser, car il y a du pain sur la planche pour les deux jeunes leaders du Jazz.
C’était la phrase qu’on ne cessait de répéter à l’abri des regards, lorsque les phases finales démarraient il y a un peu moins de deux semaines. Shit, Utah a vraiment eu un tirage de merde. Oui, Utah s’est tapé un tirage clairement défavorable, en se positionnant à l’un des pires spots de cette fin de saison régulière : affronter Houston, sans l’avantage du terrain. Vu la dynamique des Rockets et les antécédents entre ces deux franchises, notamment une série de Playoffs totalement gérée par James Harden et compagnie l’an dernier, on pouvait aisément tirer la gueule à Salt Lake City. Même chose dix jours plus tard, maintenant que le Jazz est en vacances, on peut faire la même grimace. Et bien au-delà de ce tirage, on peut observer les performances de certains et se dire qu’il y a du monde à envoyer chez le dirlo du coin. Quin Snyder, par séquence, a semblé enfermé dans ses dispositifs offensifs alors que des vétérans auraient pu l’aider balle en main. Joe Ingles et les snipers du Jazz auront été trop maladroits pour ne serait-ce que tenir le regard avec Houston. Cependant, la loi reste la même dans ces vallées du printemps orange. Si les fleurs sont distribuées tout au long de l’année aux leaders ? Alors les doigts de ces derniers doivent être tapés en premier quand ça ne va pas. Et en l’occurrence, Rudy Gobert et Donovan Mitchell sont appelés à la barre. De base, donc numériquement parlant, la production a été moindre en comparaison avec la saison régulière. Le pivot français, qui a pourtant fait son boulot en défense, n’a pas pu dominer sa matchup face aux intérieurs de Houston. Trop souvent malmené sous les arceaux, rarement capable d’imposer son envergure en attaque, Rudy a souvent donné l’impression de nous amener quelques années en arrière, quand son jeu offensif était encore bien limité. Hormis un Game 1 intéressant et un Game 3 en mode mur humain, Gobert était loin de ses standards. Et lorsqu’il a fallu prolonger la série, c’est plutôt Capela qui a gonflé les muscles et pris aisément le dessus sur le tricolore. Une série qui peut être soulignée dans les détails d’un point de vue défensif, mais ne peut couvrir le manque d’apport en attaque. Rudy peut faire mieux, Rudy doit faire mieux pour que son équipe passe un cap.
Et même chose, évidemment, pour Donovan Mitchell. Pauvre sophomore, qui est sorti tête baissée sans serrer la main de ses adversaires, ce que la NBA ne s’empêchera pas de lui faire remarquer certainement en cette fin de semaine. Il faut dire que Donovan avait quelques raisons pour quitter le terrain avec un menton pointé vers le torse. Avec une dernière performance à 4/22 au tir, 0/9 à trois points, 5 lancers francs provoqués, 5 balles perdues, 1 passe décisive et environ 0 impact dans le money time, l’arrière était au fond du trou. Le débat peut exister, mais peut-être qu’au pire moment, puisqu’il s’agissait d’un match éliminatoire pour le Jazz, Mitchell a sorti sa pire feuille en carrière. En jeune carrière, et c’est ça qui est intéressant à souligner dans ce cas précis. Après des débuts tonitruants en NBA, le phénomène a immédiatement été labellisé future star de la Ligue, sosie de Dwyane Wade, monstre sacré et maillot bientôt retiré à en lire certains. Oui, au bout d’un an seulement, Donovan Mitchell était adoubé et propulsé à des hauteurs indécentes. Avait-il fait le boulot pour mériter tel traitement ? En sortant le Thunder avec la manière (coucou Damian), évidemment. Mais s’agissait-il d’un nouveau cas d’impatience venant des observateurs, ne laissant pas à ce jeune joueur la possibilité de se faire son propre chemin avant que tout ne lui soit donné ? La réponse, on l’a obtenue sur cette série. Visé par la défense des Rockets, et donc incapable de se défaire du marquage des vétérans d’en face, Mitchell a trop peu pesé sur la série. Un Game 3 intéressant, un quatrième quart-temps de Game 4 génial, épicétou. La bonne nouvelle, c’est qu’en tant que joueur de deuxième année, l’arrière va pouvoir prendre une bonne leçon, bosser et revenir encore plus fort dans un an. La mauvaise nouvelle, c’est que si certains veulent immédiatement le ranger dans la case Monta Ellis plutôt que celle de Dwyane Wade il y a un an, il devrait y avoir des surprises pour la saison 2019-20. Quoi qu’il en soit, les leaders du Jazz que sont Donovan et Rudy doivent se mettre au boulot et viser plus haut. Que leur management les équipe avec des coéquipiers encore plus forts et intéressants, mais que ce duo montre avant tout qu’il y a eu deux stops face aux Rockets en Playoffs, et que l’année prochaine ce sera une toute autre affaire, quel que soit l’adversaire.
Cela ne fait que deux ans qu’ils jouent ensemble, ils vont donc avoir du temps pour grandir et se développer. Cela tombe bien, ils en ont besoin, de temps. Mais que cette leçon donnée par Houston serve, qu’elle soit utilisée cet été pour bosser, apprendre, et revenir encore plus fort la saison prochaine. Rudy Gobert et Donovan Mitchell en ont les moyens, à eux de dessiner l’avenir du Jazz.