On ne reverra plus Al Jefferson en NBA : une retraite bien méritée, pour un intérieur aux mains de fée

Le 02 avr. 2019 à 00:07 par Bastien Fontanieu

Al Jefferson
Source image : NBA League Pass

Loin du circuit NBA depuis un an, Al Jefferson n’avait pas trop donné de nouvelles aux grands médias mais ce dernier a profité d’un récent entretien pour annoncer sa retraite officielle : bon vent, génie du poste bas.

Sacré Big Al. Près du coeur pendant des années, loin des parquets désormais. L’intérieur, qui évoluait en Chine ces derniers mois et avait pu conserver un peu de sa passion pour le jeu, a compris ce qu’il se passait réellement dans la Grande Ligue comme aux joueurs à son poste. Un vieux de la vieille, voilà comment on décrirait Jefferson, qui n’est plus du tout dans la tendance des géants d’aujourd’hui. Pour faire simple, disons que les throwback jouant dos au panier et demandant la balle en isolation ne sont plus trop appréciés en NBA, eux qui ont été remplacés par les grandes tiges montant au plafond (Gobert, Drummond) et les pivots-scoreurs capables d’espacer le terrain (Towns, Embiid). Quand vous ne cochez aucune de ces deux cases et qu’en plus vous avez prouvé n’en avoir pas grand chose à faire de la défense (la quoi ?), avoir une place chez les grands a de moins en moins de sens. C’est ce qu’Al a vite compris, lui qui est passé de joueur majeur à Charlotte en 2014 à nom connu dans les petits papiers en 2019. On ne reverra plus Jefferson parmi les 30 franchises du circuit, puisqu’il a décidé de dire stop à la NBA. Une retraite parfaitement méritée pour un pivot décidément de l’ancienne école puisque Bigal faisait encore partie des rares jouant ayant fait le “jump“, c’est-à-dire le passage du lycée au monde pro sans toucher à la case universitaire. De 2005 à 2018, 14 saisons nous contemplent, à coup de feinte de balle, de turnaround, de petit hook main droite et de belles batailles avec les Zach Randolph, Tim Duncan et autres mammouth de sa génération. Croisant Gary Washburn du Boston Globe dernièrement, Jefferson a pu enfin partager ses souhaits d’avenir.

Je viens de croiser “Big” Al Jefferson, qui a passé une partie de la saison en Chine. Il m’a dit qu’il prenait officiellement sa retraite de la NBA. Il sera présent pour le tournoi de la Big3 League cet été, mais il a tiré un trait sur la NBA. “J’ai pu être à la maison avec les miens à Noël et Thanksgiving pour la première fois depuis le lycée.”

Les plus jeunes qui découvrent la NBA en ce moment ne se souviendront peut-être pas d’Al Jefferson, mais ceux qui ont observé le circuit depuis plus d’une décennie ne pourront oublier la menace que représentait l’intérieur old-school pendant son prime. D’abord à Boston où il effectuera des débuts très intéressants, le géant va ensuite prendre fameusement part au giga-transfert de Kevin Garnett, l’avion de Jefferson l’attendant du Massachusetts pour aller… dans le Minnesota. C’est là-bas qu’il réussira d’ailleurs, physiquement, sa meilleure saison en carrière avec plus de 21 points, 11 rebonds et 1 contre de moyenne en 82 matchs sur l’exercice 2007-08. C’est le prime athlétique d’Al, un joueur qui aura ensuite connu de nombreuses galères avec son corps. Suivra un passage par Utah ou sa paire avec Paul Millsap fera des ravages, les double-doubles tombant comme des perles dans la cité du lac salé. Mais ce qui revient souvent en tête, c’est ce court passage par Charlotte où il emmènera les… Bobcats, sur son dos, jusqu’en Playoffs. Avec un jeune Kemba Walker à ses côtés, Jefferson va frôler le All-Star Game et envoyer 22 points et 11 rebonds de moyenne, de quoi devenir une référence offensive à son poste. Malheureusement, le rêve ne durera qu’un an puisque les galères de surpoids vont gêner Al, la NBA va évoluer vers un modèle plus du tout fait pour les dinosaures du jeu dos au panier, et quelques apparitions chez les Pacers serviront de tour de stade final. Quasiment 1000 matchs plus tard, AJ est enfin au repos, serein, chez lui.

La retraite d’Al Jefferson est comme un symbole. Celui d’un jeu qui ne donne plus sa place aux anciens, aux adorateurs du face-up au poste, aux techniciens possédant de belles mains mais une mobilité douteuse. S’il continuera à mettre des sauces au playground ou dans la Big3 League, l’intérieur ne reviendra plus en NBA. Merci, ce fût fun.

Source : Boston Globe – Gary Washburn


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