Al Harrington vous passe le bonjour : de joueur NBA à roi du marijuana game il n’y a qu’un pas, et la story est folle

Le 26 févr. 2019 à 10:31 par Giovanni Marriette

Al Harrington
Source image : YouTube

Il est des histoires qui vont plus loin qu’un simple rebond arraché ou qu’un 3+1 du parking. Des histoires qui dépassent le cadre du basket et qui en disent long sur l’histoire de vie d’un homme, sur sa manière d’appréhender les situations, sur sa façon de se saisir les opportunités. L’histoire d’Al Harrington rentre dans cette catégorie, alors oubliez le basketteur un peu freestyle des années 2000 et accueillez sans plus attendre un homme d’affaires, passé maître en sa matière grâce à sa… grand-mère.

Al Harrington. Rappelez-vous. Ailier puissant et scoreur drafté sans être passé par la case universitaire, l’un des cinq seuls joueurs dans ce cas d’ailleurs a avoir joué plus de quinze ans dans la Ligue sans s’être assis dans un amphi (avec Kobe Bryant, Rashard Lewis, Jermaine O’Neal et Kevin Garnett). 13,5 points et 5,6 rebonds de moyenne sur sa carrière, une humiliation par Paul Pierce lors des Playoffs 2003 mais surtout ce bandeau resté dans les mémoires notamment chez les fans des Pacers, là où il envoya du gros skills de 1998 à 2004 et lors d’une courte pige en 2006-07. Plus de 20 points par match avec les Kinicks en 2009, puis la logique descente quand le poids des ans et des opérations (… 14 au total !) se fait sentir, mais au final une carrière pleine, forte de sept campagnes de Playoffs et de plus de 13 600 points en seize saisons et sept franchises visitées. On a connu mieux, on a connu bien pire, mais c’est davantage ce que la vie d’Al Harrington est devenue après sa carrière de basketteur qui nous intéresse aujourd’hui. Car non, tous les NBAers ne deviennent pas soit commentateurs sur TNT soit obèses et fauchés…

Non, car Al Harrington est aujourd’hui un businessman reconnu aux États-Unis, un businessman qui a construit un véritable petit empire dans un milieu peu commun : celui de la marijuana. Autorisée dans 33 états pour une utilisation médicale et dans 10 autres pour se la mettre à l’envers, la vente de marijuana représente évidemment un business très lucratif aux States et ce bon vieux Alain s’est donc infiltré dans la brèche afin d’en faire son activité number one, pour des raisons pourtant, au départ, bien loin d’une quelconque envie de se faire de la maille… En effet, comme nous le rapporte l’excellent papier de Gregg Doyel de l’Indianapolis Star, la genèse de cette histoire remonte à 2011, quand l’ancien NBAer, alors joueur à Denver, décide de venir en aide à sa grand-mère, Viola, atteinte de divers maux. Tremblements, troubles de la vue, la gentille dame vieillit quoi, et Al ne supporte plus de la voir galérer pour lire un simple journal ou effectuer les tâches du quotidien. Al a entendu parler des bénéfices potentiels du cannabis et propose donc à mamie ce que l’on aurait tous proposé : fume donc un joint de beuh, sur un malentendu ça peut passer. Pour Viola c’est hors de question, “elle ne veut pas aller en prison !”, sauf que nous sommes dans le Colorado, terre de Chris Andersen, Allen Iverson, Carmelo Anthony, Marcus Camby ou…. J.R. Smith, et dans le Colorado il est évidemment autorisé de se mettre des gros pilons sur un banc devant le commissariat. Après avoir un peu insisté, l’homme au bandeau finit par en rouler un à sa mamie et, ô surprise, l’appel de Viola dès le lendemain est sans appel : “je suis guérie”.

A l’époque Al Harrington a perdu masse de thune en voulant se lancer dans l’hôtellerie, masse de thune en ouvrant une chaîne de restaurant, et au-delà de la guérison miracle de Viola une lumière vient éclairer sa lanterne, à savoir l’idée lumineuse de se lancer dans le cannabis game, puisque la législation aux États-Unis autorise ce genre de business. Et comment Alou va-t-il appeler sa future multi-nationale quasi cotée en bourse ? Viola bien sûr, back to the basics hein. Pour la grand-mère ça n’a pas bougé, à l’époque son seul souci reste… sa peur d’aller en prison. Mais… zen Viola, ton petit-fils vient simplement de mettre le pied dans la bonne mécanique et au bon moment. Al Harrington n’a jamais fumé, n’a jamais vendu de shit ou de beuh, et c’est un homme convaincu qu’il peut faire le bien qui débarque donc dans l’entreprenariat il y a un peu plus de huit ans, se rendant bien compte que le créneau est grave tendance comme disent les d’jeun’s. Aujourd’hui ? On parle d’un mec qui pourrait bien devenir… milliardaire, qui arpente le pays avec sa casquette ou son bandeau (le bandeau, toujours le bandeau) Viola et qui souhaite à terme investir le marché du sport américain, bien conscient que les vertus médicinales de la marijuana pourraient jouer un grand rôle dans la carrière de biens des sportifs. Et Al se donne la peine de faire passer son message, quitte à arpenter le pays pour défendre son bout de gras :

Vous parlez à un convaincu. Il faut savoir apprendre par soi-même si on veut éduquer les autres. A partir de là j’essaie d’informer les gens, je vais littéralement porter ce message dans tous les états du pays. Je suis très actif, je peux être en déplacement pendant parfois plus d’un mois, c’est toujours difficile quand vous avez une femme et des enfants mais au bout du compte je sais que je suis soutenu dans ma démarche.

Même David Stern, aka l’homme le plus fermé et strict depuis Végéta époque pre-Bulma, avait il y a peu déclaré avoir à moitié tourné sa veste à propos de la feuille préférée de Gérard :

Je suis aujourd’hui à un point où, personnellement, je pense que la marijuana devrait être retirée de la liste des produits interdits.

David Stern qui veut légaliser la Marie-Jeanne en NBA ? Papy n’a plus aucun pouvoir de décision aujourd’hui mais le délire revient peu ou prou à imaginer Raymond Felton ou Boris Diaw se mettre au Weight Watchers ou encore Ty Lawson déclarer que l’alcool c’est mal. Une décla à l’époque synonyme en tout cas d’une grande avancée sur la question et Al Harrington n’y est sans doute pas pour rien, lui qui voulait simplement que sa grand-mère puisse lire tranquillement le Livre TrashTalk et qui se retrouve aujourd’hui à la tête d’une véritable entreprise faisant vivre plus de 70 personnes. Mais l’homme au bandeau sait pourquoi il le fait, il sait d’où il vient, il sait avec ses quatorze opérations que le besoin d’être soulagé peut parfois être plus fort que tout.

Pas demain qu’on verra des mecs s’envoyer des gros pilons avant les matchs mais la procédure de soins ou de rééducation en NBA pourrait bien voir débarquer un jour un tout nouveau genre de médicaments. Ce sera peut-être demain, ce sera plus logiquement dans quelques années/décennies, mais dans tous les cas Al Harrington aura œuvré en ce sens. Et qu’elle se rassure, Viola n’ira pas en prison.


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