Gregg Popovich pourrait raccrocher cet été après plus de vingt ans de banc : c’est l’heure de préparer les mouchoirs
Le 18 janv. 2019 à 18:30 par Florian Benfaid
Nous aimerions qu’il soit éternel, mais le temps finira par le rattraper un jour ou l’autre. A bientôt 70 ans, Gregg Popovich a confié à notre confrère Marc Stein du New York Times qu’il n’était pas encore sûr de prolonger l’aventure dans le Texas la saison prochaine. Son contrat de cinq ans, paraphé en 2014, se termine cet été et pourrait être son dernier… Les yeux deviennent embués.
On le sait, Popovich est un monument du coaching NBA. Ses chiffres et records donnent de sacrés maux de tête. Jugez-en par vous-même. L’entraîneur de 69 ans est quintuple champion NBA en 1999, 2003, 2005, 2007 et 2014 et n’a perdu qu’une seule Finale, en 2013 (coucou RayRay). Ce qui nous donne au moins un titre lors de trois décennies différentes. Seul Phil Jackson peut se targuer d’en avoir fait autant. L’ami Pop’ a également été nommé trois fois coach de l’année, en 2003, 2012 et 2014. Là aussi, c’est un record que seuls Don Nelson et Pat Riley ont établi avant lui. De plus, le technicien des Spurs a pu diriger à quatre reprises les meilleurs joueurs de la Conférence Ouest au All-Star Game. Au niveau des statistiques, c’est tout aussi monstrueux. Popovich est devenu il y a quelques jours le troisième coach le plus victorieux de l’histoire en saison régulière. A l’heure où nous écrivons ces lignes, son bilan est le suivant : 1784 matchs, 1223 victoires et 561 défaites. Ce qui nous donne 68,6% de succès en carrière, la sixième meilleure moyenne all-time. Plutôt pas mal. En Playoffs, le gourou texan est le troisième coach ayant remporté le plus de joutes printanières, avec 167 victoires en 277 rencontres (60,3% de succès, pour ceux qui ont du mal avec les maths). Si les Spurs réussissent à atteindre les Playoffs cette saison et y font bonne figure, cela lui permettrait d’améliorer encore un peu ces chiffres, tout en égalant un record collectif puisque cela signifierait que San Antonio s’est qualifié pour la 22è fois consécutive en post-season. Un exploit réalisé par les Syracuse Nationals/Philadelphia 76ers entre 1950 et 1971.
Mais voilà. Le temps commence doucement, mais sûrement, à rattraper un Gregg Popovich qui fêtera ses 70 ans le 28 janvier prochain. Il deviendra ainsi le quatrième septuagénaire de l’histoire (après Bill Bertka, Hubie Brown et Larry Brown, ndlr) à coacher en NBA. Le Texan, à la tête des Spurs depuis 1996, a vu défiler sur les bancs adverses un paquet d’entraîneurs, 250 (!) pour être plus précis. L’épuisement et la lassitude peuvent ainsi commencer à guetter après tant d’années à diriger au plus haut niveau. Quant à son année 2018, c’est peu dire si elle a pu laisser des traces, tant elle a été plus qu’éprouvante sur le plan émotionnel. Retraite de Manu Ginobili, départ de Tony Parker, demande de transfert de Kawhi Leonard et enfin (mais surtout) décès de son épouse Erin en avril dernier… Popovich pourrait avoir besoin d’un break. Un break seulement car il ne faut pas oublier qu’il doit coacher la sélection américaine aux Championnats du monde 2019 et aux Jeux Olympiques 2020. Et il va falloir cravacher pour obtenir une médaille avec tous ces joueurs lambdas. Pour en revenir aux Spurs, le GM R.C. Buford a déclaré que Gregg Popovich pourrait coacher “aussi longtemps qu’il le voudrait”. En espérant que ce soit le plus longtemps possible.
Continuera, continuera pas ? Même le principal intéressé ne doit pas savoir répondre à cette question aujourd’hui. Pour l’heure, il est entièrement concentré sur la saison des Spurs, qui possèdent un bilan de 26 victoires pour 20 défaites et qui sont en bonne position pour les Playoffs. En attendant de savoir de quoi sera fait l’avenir de Gregg Popovich, ses joueurs tiendront certainement à se défoncer pour lui éviter une sortie par la petite porte (au vu du grand Monsieur qu’il est, il n’arrivera de toute façon pas à l’emprunter). Et puis, quoi qu’il se passe l’été prochain, on retrouvera Pop’ pour tout écraser avec Team USA.
Sources texte : New York Times, Sports Illustrated, Basketball-Reference