Jim Boylen s’impose aux Chicago Bulls : on se rentre dedans pour mieux avancer, Fred Hoiberg paraît déjà bien loin
Le 10 déc. 2018 à 16:00 par Victor Pourcher
Entre Jim Boylen et son prédécesseur, il y un monde. Ou, bien plus certainement, des galaxies entières. Le nouveau coach des Chicago Bulls a bien compris que la méthode et le manque d’autorité de Fred Hoiberg ont été plus décisifs dans son licenciement que ses résultats. Alors, perdre des matchs ok, mais se prendre des taules historiques comme celle contre les Boston Celtics (133 – 77) : pas question. Entre les mises sur le banc du cinq majeur, les entraînements intensifs et un meeting franc et direct ce dimanche, Jim Boylen continue de s’imposer dans le vestiaire.
Sortir de la douche chaude en plein hiver, passer d’Aznavour (RIP) à DMX à fond dans les écouteurs, marcher pieds nus sur la moquette puis sur un lego du fiston… on connaît tous ces changements d’ambiance brutaux. Sachez que tout cela n’est rien face à ce que traversent, en ce moment, les joueurs des Chicago Bulls avec le passage de témoin entre Fred Hoiberg et Jim Boylen. Car les deux coachs ont des méthodes bien différentes, et John Paxson et Gar Forman ont promu l’ancien assistant avec l’objectif clair et annoncé de reprendre la main sur un vestiaire qui commençait à prendre un peu trop de pouvoir. Et ça, il ne faut pas le dire deux fois à Jim. Après la pire défaite de l’histoire de la franchise, samedi, contre Boston, le coach avait décidé de réserver une petite surprise à ses joueurs pour l’entraînement du lendemain : les remplaçants sur le parquet pendant que les titulaires soulèvent de la fonte. Ah bah quand tu t’en prends 56 dans le museau la veille, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait une forme de sanction en plus d’un séjour prolongé sur le banc pendant le match.
Pourtant, selon ESPN, les joueurs avaient conservé quelques mauvaises habitude en voulant, pour certains d’entre eux, contourner l’entrainement et en organisant un meeting réservé aux joueurs avant celui-ci. Mais on ne la fait pas à Jim Boylen qui a ensuite pris le temps d’écouter et de répondre à ses joueurs : les temps ont changé, et la négociation avec les joueurs, ça n’existe plus. Certains joueurs se sont confiés sur cette discussion, comme Wendell Carter JR qui décrivait un échange “très, très honnête” et “très direct” lors duquel les joueurs se sont exprimés “en tant qu’hommes disant ce qu’ils ressentaient”. Grosse ambiance… Car on n’a pas rajouté les “très” hein, le rookie a visiblement été marqué par la confrontation. Jim Boylen, lui, est plutôt serein : dans le staff depuis 2015, il s’appuie sur sa relation avec les joueurs pour utiliser une méthode plus agressive que son prédécesseur et validée par le management. Bon, c’est vrai, ce n’était pas bien difficile d’être plus intense qu’un homme qui possède le charisme d’un François Bayrou fatigué, mais tout de même, la différence est notable. Et comment s’est passé ce petit rendez-vous selon Jim Boylen ? Bah écoutez, tranquille :
“Ce meeting est, à mon avis, ce dont nous avions besoin. […] Nous sommes encore en train d’apprendre à nous connaître. J’ai bougé de quelques centimètres [d’assistant à coach]. Ils sont encore en train de comprendre ce que je veux faire. Il y a eu un petit électrochoc ces sept derniers jours. Et il y a des ajustements pour ça.”
C’est nous ou il fait un peu flipper l’ami Jim Boylen ? Parce que si ces entraînements intensifs aux airs de punition et les meetings musclés ne sont que des “ajustements” à des petits chocs, on n’ose imaginer ce que pourrait donner une véritable crise sous ces ordres. Quand il va nous faire un remake de Full Metal Jacket à Chicago, faudra pas parler vietnamien. Mais si les joueurs ont, semble-t-il, rejeté la méthode Jim Boylen dans un premier temps, certains leaders, et notamment Zach LaVine, prennent la parole pour amorcer un sursaut d’orgueil. Le coach des Bulls avait publiquement remis en cause l’investissement et les efforts des cadres ? L’arrière répond, ESPN rapporte :
“Nous comprenons ce qu’il dit dans les médias, et on peut le prendre bien ou non, mais le plus important est la manière dont nous allons répondre à ça demain.”
N’est-ce pas au final ce que souhaitait Jim Boylen ? Des joueurs motivés qui se donnent enfin sur les parquets et qui développent, par la même occasion, leur potentiel. Peu importe qu’ils le fassent par pure éthique de travail ou par simple fierté, il faut faire bosser ces jeunes talents. Et oui Zach, on a hâte de voir comment les Bulls vont réagir contre les Sacramento Kings, une équipe jeune mais performante (13 – 12), cette nuit à 2 heures. Parce que se rentrer dedans, c’est bien quand les résultats ou, au moins, le jeu suivent. Dans le cas contraire, la situation pourrait devenir très, très tendue, pour parler comme Wendell Carter JR. Tanker est une chose, passer pour des cons chaque soir en est une autre.
Jim Boylen a décidé de prendre le contre-pied total du coaching de son prédécesseur, et ça tombe bien, c’est pour cela qu’on l’a embauché. Mais pour une équipe qui avait perdu ce degré d’exigence et d’autorité, qui s’était endormie sous les douces remontrances de Fred Hoiberg, le réveil est forcément compliqué. Peu à peu, les Chicago Bulls s’étirent et sortent de ce long coma pour repartir au combat sur les parquets. Des victoires ? Peut-être pas. Un nouvel esprit ? Il n’auront pas le choix sous Jim Boylen.
Source : ESPN