Allez, cinoche : on a maté le film “La Légende” et, ô surprise, ce fut effectivement… légendaire

Le 10 déc. 2018 à 16:23 par Giovanni Marriette

La Légende
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Parfois chez TrashTalk on s’emmerde. A peu près une heure par trimestre. Mais comme on est des fondus de basket on ne va certainement pas en profiter pour aller cueillir des pâquerettes ou faire les brocantes, alors on se pose tranquille devant un petit film, histoire de garder notre passion intacte. Hier soir, le PC nous proposait donc le film “La Légende” de Florian Hessique, et on s’est muni de notre meilleur paquet de chips pour passer une soirée divine. Attention spoiler (et non “spolieur” comme on a pu l’entendre en promo), cette soirée ciné fut dantesque.

Avant tout chose, spéciale dédicace à Anthony, pour ses 5,99 euros dépensés sur MyTF1. On est ensemble frère, promis je t’en dois une, à toi le petit ange parti trop tôt.

Nous étions donc dimanche soir, et le feuilleté au reblochon se devait de trouver une conclusion décente. Ce sera le film “La Légende”, déjà dans les favoris de l’ordinateur depuis quelques mois puisque sorti en salles le 6 juin dernier, malheureusement éclipsé par les Finales NBA. Primé à Cannes dans la catégorie Junior, on se disait alors que cela devait bien valoir le coup. Hum hum. Le pitch ? Un joueur français, aux portes de l’Équipe de France, fait le choix osé de revenir dans son club de cœur, Angers, plutôt que de céder aux sirènes des meilleurs clubs européens. Son but, remettre ce club sur la Carte de France et faire décoller pour de bon sa carrière.

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Arrivée de Jean-Christophe Markovic en LBN, la fameuse Ligue où tout le monde mange des Chocos.

Dès le départ on fait connaissance avec un personnage principal assez détestable, sans doute est-ce le but recherché, puisque Jean-Christophe Markovic (c’est son nom) n’a pour but que de réussir, quitte à ne se faire aucun ami dans le milieu. Meilleur shooteur européen mérite meilleur salaire d’Europe, le gars est sûr de ses forces et ça se voit, n’en déplaise à ses petits camarades du vestiaire, avec comme première scène intense une altercation avec Charles, capitaine body-buildé de l’équipe avant l’arrivée de JC.

la légende

C’est QUI le patron ?

Vous l’aurez compris, Jean-Chriss ne fait pas l’unanimité dans le vestiaire mais peu importe, lui ce qu’il veut c’est jouer pour les Bleus et saigner la Pro A. On suivra donc tout au long de 80 minutes psychédéliques les péripéties du shooteur, entre conflits dans le club et rêve de gloire, entre buckets du parking, drives surpuissants et dopage, car il faut quand même aborder des sujets qui fâchent. Mais ce qui fâche le plus ? C’est peut-être bien tous ces petits détails, ces petites choses qui font que l’auteur, réalisateur, interprète, génie de ce film semble en fait n’avoir jamais mis un pied dans le basket tant les anachronismes et autres énormités rythment un film que l’on qualifiera d’Anthony Bennett du cinéma français.

Parce qu’il ne faut pas exagérer non plus.

Parce qu’on adore voir le basket mis en lumière par je ne sais quel prisme, artistique s’il en est, mais pour être tout à fait honnête… des larmes de sang ont coulé de nos yeux tout au long du film, si bien qu’on aurait très bien pu se taper un dos crawlé dedans en fin de soirée. Alors allons-y pêle-mêle. Le nom du héros pour commencer. Markovic ? Très bien, honneur à tous ces mecs venus des Balkans qui font les joies et les peines de notre championnat depuis des décennies. Jean-Christophe ? Putain trouvez-moi un seul Jean-Christophe Markovic, un seul Sylvain Petrovic, et on vous paie la raclette. Combo franco-serbe complètement chié, ça commence bien. On parle du physique ? L’ami Markovic doit taper dans les 60 kilos tout mouillé, et on vous jure qu’on en a vu pas mal dans le film encore moins gaulés que lui. Parce ce que c’est bien connu, les joueurs de basket, de surcroît au plus haut niveau français, sont galbés comme des pongistes. Mais on a dit pas le physique, alors parlons plutôt de ce qu’on connaît le plus : le basket. Vous avez déjà vu une équipe de Pro A qui s’entraîne tous les jours à 7 ? En faisant des suicides, des slaloms autour de plots et des passe-et-va ? Nous oui, et c’était dans “La Légende”. Mais peut-être était-ce suffisant pour affronter Saint-Quentin, Lille et Charleville, qui selon le script sont donc en Pro A en 2018. Peut-être aussi que jouer en Kipsta était suffisant, mais ça c’est une autre histoire. Quelques scènes d’entraînements ou de matchs mal filmées ça et là, qui suffisent à nous faire comprendre que le casting a semble-t-il été orienté vers des joueurs de DM4. Ah oui d’ailleurs, on cherche toujours les renois dans le basket, à part le fameux “Anderson” qui a l’air de pas mal bencher du côté d’Angers.

On est donc sur une Pro A faite de mecs qui tapent dans les 1m60 et 60 kilos maxoche, qui ne savent pas dribbler et qui ont une gestuelle à faire marrer Joakim Noah, le tout dans un roster de huit joueurs mais tant pis, puisque apparemment cette belle équipe d’Angers casse des reins en championnat. Mais tiens donc, si on finissait cette rubrique cinoche en analysant un peu le jeu d’acteur du héros mythique du film ? De LA Légende en personne ? Détestable donc, imbu de sa personne, auto-centré au point d’avoir des posters de lui… chez lui. Ça c’est c’est pour le personnage, au moins le message est passé. L’une des particularités de JC ? Le gars aime bien se rapprocher à deux millimètres du visage de quelqu’un pour lui parler, il le fait tout au long du film, ça doit probablement rendre un peu viril, mais on espère au moins qu’il avait un Freedent.

En bref ? Un bel effort, mais un résultat qui plaira uniquement à quelqu’un qui n’a jamais vu un seul match de basket de sa vie. On n’a même pas parlé de la bande son, effroyable mixtape de vieux classiques rock’n roll, parce que tout le monde sait que le basket et le rock ne font qu’un. Allez, on vous jure que c’est à voir de toute urgence, on en connait qui sont sortis de dépression grâce à ça.