Mike Conley – Marc Gasol : l’âme des Grizzlies depuis huit ans et le duo le plus casse-couilles de toute la NBA
Le 23 nov. 2018 à 18:04 par Clément Mathieu
A l’heure où nous écrivons ces lignes, les Grizzlies sont premiers de la Conférence Ouest, suivis de près par les Clippers. Les deux équipes s’affrontent ce soir, l’occasion de revenir en détail sur un duo dont on fait malheureusement peu l’éloge. Très peu d’observateurs avaient parié sur le succès de Memphis, une équipe sans cesse sous-estimée. L’année dernière, la franchise avait dû faire avec une avalanche de blessures, et avait finalement fini avec 60 défaites, et l’avant dernier bilan de NBA. Mais les avoir oubliés était une erreur, cette équipe nous fait le même coup depuis bientôt dix ans. Jamais annoncée gagnante mais toujours dans la course. Régulièrement décrite comme faible mais éternellement casse-couilles à jouer. Retour sur le parcours du David tombeur de Goliath, du duo tueurs de géants.
Afin de saisir au mieux l’esprit de cette franchise, il faut s’intéresser aux Playoffs. C’est là qu’une équipe se révèle et peut créer la surprise. En sept manches, tout est possible. En observant les performances de notre duo, nous allons donc revenir sur les campagnes de postseason historiques de nos oursons préférés. Et ainsi faire découvrir aux plus jeunes fans l’origine de cette équipe, et pourquoi elle se trouve actuellement en tête de l’Ouest. Retour à la Draft 2007, le point de départ du renouveau d’une franchise et de la création d’un nouvel état d’esprit. Les Memphis Grizzlies sélectionnent Mike Conley Jr. avec le quatrième choix. Sans le savoir, ils viennent de s’associer avec le meilleur meneur de leur courte histoire. Un an après, Marc Gasol signe avec l’équipe. Sélectionné en 47ème position de la Draft 2007, ses droits ont été récupérés grâce au transfert entre son frère Pau et Kwame Brown. A ce moment-là, on a tous quand même bien rigolé devant l’arnaque de l’échange. Mais au final, en regardant la carrière de Marc Gasol et surtout pas celle de Kwame Brown (ne le faites vraiment pas, c’est moche), on se dit que le deal était correct. Les bases sont donc posées et les deux jeunes joueurs commencent à se développer. Nous allons faire un saut dans le temps pour arriver directement lors de la saison 2010-11 et le début du Grit & Grind.
En cette saison, les Grizzlies disposent d’un effectif qui rendrait à Larry Brown sa vigueur d’antan. Des role-players de partout, des défenseurs expérimentés sur tous les postes, des vétérans vicieux… Cet effectif est un revival du basket des années 90/début 2000. En compagnie du duo qui nous intéresse, il y a du casse-couilles de compétition. Rudy Gay, Zach Randolph, Shane Battier, Tony Allen et O.J Mayo. Le style de la franchise est parfaitement adapté aux personnel : le Grit & Grind. Cette tactique implique une défense resserrée le plus possible, ne laissant que très peu d’espaces au porteur de balle. Et une attaque basée sur des gros bourrins sous le panier. Première équipe aux steals cette année-là, et première équipe au nombres de points marqués dans la raquette. En même temps, si tu joues avec Tony Allen, t’as plutôt intérêt à ne pas te baser sur le tir à longue distance. Dès le début de la saison, l’enthousiasme est palpable chez les fans qui veulent fêter dignement les dix ans de la franchise. L’équipe finira huitième à l’Ouest, arrachant une place en Playoffs pour la première fois depuis 2006. Malheureusement en face d’eux se dressent les Spurs de Tim Duncan, deuxième meilleur bilan de la Ligue.
Personne n’y croit, aucune chance qu’une équipe ayant galéré autant pour être en Playoffs puisse inquiéter la troupe de Hall of Famer de San Antonio. Les Grizzlies ont du cœur mais tout simplement pas assez de talent, ils se présentent en plus sans Rudy Gay, out pour toute la postseason. Comme on vous l’a dit au début de ce papier, sous-estimer cette équipe de charos est une mauvaise idée. Marc Gasol et Mike Conley se subliment et apportent une aide précieuse à un Zach Randolph incandescent dans le match 1 à San Antonio. Victoire de Memphis avec 25 points et 14 rebonds de Zibo. Premier coup derrière la tête pour les Eperons qui viennent de perdre l’avantage du terrain. Deuxième match, victoire logique des Spurs. Vient le moment où les Ours vont prouver à toute la NBA qu’il faudra désormais compter sur eux. Deux matchs à la maison, deux victoires au cœur, à l’envie et au courage. La franchise de Marc Gasol, huitième de l’Ouest, s’apprête à faire ce qu’une seule équipe à réussi à faire dans une série de sept matchs, battre les premiers de Conférence. Sur cette série, Zach Randolph tourne à 22 points et 9 rebonds, son compère espagnol dans la raquette est en double-double de moyenne à 14 points et 12 rebonds. Les deux joueurs viennent de résister à Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili grâce à une défense suffocante et une hargne de mort de faim. Mike Conley a eu plus de mal face à Tony mais a parfaitement tenu son rang. C’est la première fois que la franchise remporte une série de Playoffs de son histoire et de quelle manière ! Upset !
Malheureusement, les tueurs de géants perdront au tour suivant contre le Thunder, non sans livrer une résistance incroyable à leurs adversaires. Les Grizzlies leur ont fait la spéciale. Victoire au Game 1 à l’extérieur, le grand classique. Puis les deux formations s’échangeront tous les coups permis : deux overtimes dans les matchs 2 et 3, victoire des Ours au Game 6 pour pousser la série jusqu’à la fin. Kevin Durant et Russell Westbrook ont dû se déployer pour repousser la formation de Lionel Hollins. Les deux All-Stars tournent respectivement à 26 et 24 points dans la série. La marche était un peu trop haute pour Gasol, Conley et Zibo qui n’auront pas démérité. Les deux jeunes joueurs de 23 et 26 ans ont prouvé qu’ils étaient capable d’élever leur niveau de jeu en Playoffs. Même leurs adversaires ne tariront pas d’éloges sur eux. D’après le futur snake, Zibo est le meilleur poste 4 de la Ligue à ce moment-là. C’est sûr que face à un Ibaka encore frêle, la match-up a vite tourné à la leçon de basket. L’avenir est donc radieux pour la franchise du Tennessee et c’est avec une confiance décuplée qu’elle attaque la saison 2011-12. Marc Gasol prolonge lors de l’été et l’équipe réalise une saison très correcte pour finir avec un bilan de 41-25 et la quatrième place de leur Conférence. Malheureusement, les… Clippers se chargeront de les ramener à la réalité en les éliminant au premier tour en sept matchs malgré un combat acharné.
De fait lorsqu’on les attend, les Grizzlies sont moins bon. Mais même dans ce cas-là, ils ne perdront pas sans tout donner. Il est très dur de sweeper ces mecs-là. Trop de défense, trop de hustle, trop de mental et d’envie, ils prendront forcément des matchs contre n’importe quelle équipe s’ils sont au complet. La saison 2012-13 se passe bien, l’équipe produit un bon basket mais sent bien que la défaite des derniers Playoffs n’est pas due au hasard. Durant la saison, Memphis se sépare de Rudy Gay, le meilleur marqueur de son roster, afin d’aller chercher le joueur de complément parfait dans un échange à trois équipes : Tayshaun Prince. L’ancien membre des Pistons champions en 2004 retrouve un basket à la dure et se sent immédiatement comme un poisson dans l’eau, impact immédiat, intégration automatique. Les Grizzlies finissent avec le meilleur bilan de leur histoire, 56 victoires et 26 défaites, et Marc Gasol remporte le titre de Défenseur de l’Année. Logique quand on sait qu’il n’y a eu que 10 match dans l’année où la défense a concédé 100 points ou plus. D’ailleurs, la défense c’est le véritable ADN de l’équipe, placée dans le top 10 des ratings défensifs à pratiquement chaque saison. Cinquièmes de Conférence cette année là, ils doivent de nouveau affronter les Clippers au premier tour. Ces derniers partent favoris et semblent en mesure de réitérer leur performance de l’année dernière.
Mais bon, vous commencez à avoir l’habitude non ? Pas favoris = danger ! Même si le match 1 est, pour une fois, remporté par les Clippers. Le match 2 ressemble à un bon vieux derby du milieu des années 90. Des embrouilles toute les cinq minutes, Blake Griffin à deux doigts de péter une caméra dans le public suite à une poussette de Zibo, une bonne rivalité comme on les aime quoi. Néanmoins Chris Paul est un point-god et renvoie les Grizzlies à leurs chers études sur un un flotteur au buzzer. 2-0, direction Memphis pour les matchs 3 et 4. La franchise de Los Angeles est donc logiquement en confiance après ses deux victoires à la maison. Et bien ils perdront largement les quatre matchs suivants. Voilà peut-être la naissance de la fragilité psychologique des hommes de Doc Rivers en Playoffs, cette première remontada. Dans cette série Zibo est fidèle à lui même, 21 points et 8 rebonds. Marc Gasol devient le papa de tous les intérieurs de Californie, avec 17,5 points et 8 rebonds et une défense de tous les instants. Mike Conley se révèle enfin individuellement sur la grande scène de postseason. 17,5 points et 8,5 passes pour celui qui aura tenu la dragée haute à un des meilleurs meneurs de la Ligue en 2013.
Les Grizzlies se sont vengés, mais ce n’est pas fini. La vendetta continue, après les Clippers, c’est le Thunder qui se présente pour les demi-finales de Conférence. L’équipe de Kevin Durant est diminuée. Russell Westbrook est out pour le reste des Playoffs depuis un câlin de Patrick Beverley au premier tour. Les gars du Grit & Grind ne laissent pas passer leur chance. Ils perdent le premier match à la Chesapeake Arena mais iront gagner les quatre suivants. KD est trop esseulé pour réellement les inquiéter. Toutes les rencontres sont néanmoins très serrés et se jouent au rythme de Memphis. Une seule marque au-dessus des 100 points sur toute la série. Marc Gasol, Mike Conley et Zach Randolph font le taff, 55 points, 26 rebounds et 12 passes de moyenne pour le trio. Ils n’ont pas laissé passer leur chance et vont disputer, pour la première fois de leur histoire, les finales de Conférence face aux San Antonio Spurs.
Malheureusement cette fois-ci les Eperons sont en missions. 4-0, le score est sans appel. Tony Parker roule sur la série et tourne à 24,5 points et presque 10 passes de moyenne. Tim Duncan réussit à limiter l’apport de la raquette des Grizzlies grâce à l’aide d’un certain Kawhi Leonard et Memphis ne concrétise pas sa fabuleuse saison 2013. Pendant l’été, Lionel Hollins sera remplacé par son assistant Dave Joerger. Comme vous l’aurez compris, on mise sur la continuité à Memphis. Les coachs et les joueurs changent mais le style et l’esprit restent les mêmes. Malgré tout, parfois, on ne peut lutter contre la malchance. La saison 2013-14 est très compliquée. Marc Gasol et Tony Allen manqueront chacun une vingtaine de matchs et après un départ affreux, 29-23, les Grizzlies ne finiront que septième de leur Conférence. Qui dit finir septième dit affronter un gros poisson. Résultat ? Encore le Thunder, cette fois ci au complet. Les hommes de Scott Brooks ont soif de vengeance et KD sort d’une saison de MVP. Mais maintenant, on commence à connaître la chanson non ? Rien ne va être facile pour eux, l’équipe de Dave Joerger a beau avoir déçu pendant la régulière, leur défense est toujours au top et leur style toujours aussi imperturbable.
A tous ceux qui voudrait se refaire une petite série de Playoffs, pour se rappeler au bon vieux temps du duo légendaire d’Oklahoma, on vous conseille fortement celle-là. Ce premier tour est incroyablement disputé, étonnant pour un affrontement entre le septième et le deuxième. Mais voilà, les Grizzlies sont des relous. Ces derniers mèneront même la série après cinq matchs. Les games 3, 4 et 5 seront décidés par des écarts de maximum trois points à chaque fois. Et à ce petit jeu là, l’équipe de Memphis est la meilleure. Au-delà des stats très correctes de Marc Gasol et Mike Conley, c’est la régularité de leurs performances et du collectif qui sont étonnantes. Les deux hommes sont de vrais leaders sur le terrain, lorsqu’un est sur le terrain, l’équipe avance dans la bonne direction. Ils ont réussi à créer un esprit incroyable dans cette franchise et sur cette série, face au monstre à deux têtes du Thunder, les Grizzlies ont cinq joueurs à plus de dix points par match. Le ballon circule beaucoup et Marc Gasol commence de plus en plus à se muer en pivot passeur. Malheureusement, le MVP 2014 et son Brodie sont trop forts, ils réussissent à remporter les deux derniers matchs dont le Game 6 dans le Tennessee par 20 points.
Nouvelle désillusion pour le duo qui, encore une fois, a joué à la hauteur de ses ambitions. Mais il manquait probablement quelque chose pour battre le Thunder. Car c’est là le problème de cette équipe, elle possède les défauts de ses qualités. Son collectif, et sa défense dure sont capables d’inquiéter n’importe quelle franchise de l’Ouest comme de l’Est. Mais parfois, pour gagner des matchs, on a besoin de performances XXL de la part de nos meilleurs joueurs. Trop altruistes les Grizzlies ? C’est possible, ou bien tout simplement pas conçus pour l’égoïsme et le croquage. Ils perdront ensemble ou ils ne gagneront pas du tout. Les saisons se suivent et se ressemblent, bonne performance en saison régulière. Des matchs gagnés qu’ils n’étaient pas censés gagner et des matchs perdus sur le fil face à des équipes moins fortes. En 2015, une équipe explose dans la Conférence, les Golden State Warriors. Marc Gasol et Mike Conley pourront s’enorgueillir d’une chose, ils font partie, avec les Rockets de 2018 et le Thunder de 2016, des seules équipes à les avoir inquiétés à l’Ouest.
En 2015, Mike Conley se blesse le visage lors du premier tour face à Portland. Ces derniers battus, les Grizzlies se retrouvent face à l’équipe du MVP 2015, Stephen Curry. Les Warriors remporte le premier match sans difficulté mais lors du game 2. Mike Conley fait son retour inattendu en mode vengeur masqué. La tête couverte de plexiglas, le meneur va sublimer son équipe, limiter l’apport de Curry et coller deux belles victoires à la gueule des hommes de Steve Kerr étouffés. Tony Allen fait son boulot de chien de garde, Marc Gasol fait du Marc Gasol et domine outrageusement la raquette. Les Grizzlies sont encore une fois en train de déjouer tous les pronostics. Mais bon, l’accalmie ne durera pas longtemps, Steve Kerr sort un lapin de son chapeau, nous place Andrew Bogut sur Tony Allen et la tactique des hommes de Dave Joerger s’effondre, la raquette étant trop encombrée. Encore une défaite et première frayeur pour les Warriors de Steph Curry.
Cette campagne de Playoffs sera plus ou moins la dernière pour les Grizzlies. La saison 2015-16 est une catastrophe pour la franchise de Memphis. Pas une semaine ne passe sans une blessure sérieuse. Au totale, 28 joueurs porteront le maillot de l’équipe, complètement décimée, durant l’année. Un record qui n’est pas près d’être battu. L’équipe arrive en Playoffs sans Marc Gasol, ni Mike Conley, arrachant son strapontin par on ne sait quel miracle, avec Lance Stephenson comme franchise player. On passe un peu d’une Ferrari à une Kangoo en termes de leadership et de propreté sur le terrain. Les Spurs, encore eux, n’auront aucun mal à sweeper Zibo et ses potes. La malchance s’est abattu sur la franchise et anéanti tous ses espoirs. La saison 2016-17 est toute aussi difficile. Si l’effectif est épargné par les coups du sort, la régularité n’y est pas et le style de jeu de Memphis commencent à pâtir de la transformation de la Ligue. La NBA est transformée, ça court et ça shoote de partout, tout le temps. Le style de jeu très lent des Grizzlies et les joueurs habitués à ce rythme prennent très cher pendant toute l’année. Ils accrochent à nouveau les Playoffs, parce que si t’as Mike Conley et Marc Gasol dans ton équipe, ça veut dire que tu vas jouer en avril. C’est aussi simple que ça.
Devinez sur qui ils tombent ? Les Spurs de Gregg Popovich bien sûr. Ces derniers sont en mission cette année-là. Leur saison a été un succès, Kawhi Leonard évolue sur une nouvelle planète et LaMarcus Aldridge s’est enfin pleinement intégré au système collectif. Néanmoins, les Grizzlies leurs donnent quand même du fil à retordre, ou plutôt retardent l’échéance. Mike Conley est indéfendable sur la série avec ses meilleurs statistiques en postseason (25 points et 7 passes de moyenne). Mais malheureusement, Marc Gasol, même s’il est très bon, doit maintenant défendre des intérieurs qui s’écartent, passe donc sa vie hors de la raquette et logiquement, son influence diminue. Zach Randolph lui, est vieillissant. Malgré toute sa palette offensive, il est de moins en moins adapté au jeu moderne. On vous le disait, les Grizzlies sont un pur produit de l’ancien temps et ne peuvent lutter contre San Antonio malgré un match 4 symbolique de leur résistance : défaite 4-2.
Ce sera la dernière apparition à ce jour des Grizzlies en postseason. Marc Gasol et Mike Conley ont offert à Memphis sept campagnes de Playoffs consécutives. La saison dernière, l’équipe n’a pas pu compter sur leur meneur qui ne disputera que 13 matchs. Le mode tanking est donc activé. Les dirigeants savent que sans Mike il sera difficile d’accrocher la huitième place dans une Conférence blindée. Autant perdre donc, afin de développer les jeunes, de les initier à l’esprit du Grit & Grind, et d’aller chercher un super jeune joueur moderne à la draft et ainsi faire évoluer le style des Grizzlies. Mission accomplie. Des jeunes joueurs ont émergé et gagné la confiance de la franchise, Dillon Brooks, et d’autres comme JaMychal Green ont gagné leur place de titulaire. Gagner ils savaient faire, mais quand ils perdent ils font pas semblant non plus : 60 défaites dans la truffe et la possibilité de drafter en quatrième.
Avec le quatrième choix de la Draft 2018, les Memphis Grizzlies sélectionnent Jaren Jackson Jr. Alors là, c’est la cerise sur le ghetto. Ce jeune joueur est un intérieur moderne capable de punir de loin, et un défenseur absolument incroyable. Le produit de Michigan State est le meilleur contreur de sa cuvée avec Mo Bamba. Sa complémentarité sur le papier avec Marc Gasol est incroyable. On peut imaginer sans peine l’Espagnol tirer du parking pendant que les bras immenses du rookie aspirent tous les rebonds offensifs. On peut aussi bien visualiser JJJ planter de loin pendant que Gasol fait l’amour aux intérieurs dos au panier. Avec la blessure de Jean-Michel Vert, les deux sont désormais alignés ensemble dans le cinq majeur. Les résultats ne se sont pas fait attendre : 12 victoires pour 5 défaites et une première place de la Conférence Ouest. Des victoires références, en mode poil à gratter qu’on n’a pas vu venir, contre les Nuggets, les Sixers et les Bucks. Certaines choses ne changent jamais, quand un gros débarque en ville, les Ours sont affamés.
Il n’aura fallu qu’un an à cette franchise pour redevenir compétitive en réalité. Il n’y aura eu qu’un an de tanking et de reconstruction à Memphis. Pourtant on l’avait tous oubliée. L’essentiel pour une franchise qui veut se reconstruire est d’avoir un socle solide et d’ajouter des pièces autour. Les dirigeants ne sont pas allés titiller les grandes stars l’été dernier, mais ont ajouté des joueurs ultra complémentaires avec l’esprit de l’équipe. Kyle Anderson, Garrett Temple et Shelvin Mack n’ont pas mis longtemps à s’acclimater au jeu. Un peu comme avec les Spurs, qui sont restés compétitifs pendant plus de 20 ans grâce à la transmission des valeurs de la franchise, par des vétérans comme Tim Duncan, Tony Parker ou Manu Ginobili. On voit bien cette année, que ces trois-là partis, le basket des Spurs n’est plus comme avant d’ailleurs (20ème rating défensif). Et bien à Memphis c’est la même chose. Tant que Mike Conley et Marc Gasol forment le socle de l’équipe et tant qu’ils sont en bonne santé, les Grizzlies iront en Playoffs, et iront casser les couilles de tous les favoris de la NBA.
On espère que ce papier vous apportera plusieurs enseignements. Premièrement, ne pariez pas contre Memphis. Deuxièmement, ne les sous-estimez plus. Et enfin, profitez du spectacle. Les Grizzlies ont un jeu unique, basé sur la défense et la hargne. Marc Gasol et Mike Conley sont les véritables héritiers des Pistons de 2004. Ils sont aujourd’hui en tête de la Ligue grâce à leur basket vieillot et affrontent ce soir les Clippers, une autre équipe en qui personne ne croyait et qui se retrouvent au sommet de la Conf. Choc des surprises ce soir, affrontement des éternels outsiders, David contre David, Memphis contre Los Angeles. Accordons du crédit aux équipes qui ne misent pas sur des superstars ou sur une overdose de talent pour gagner. Celles qui préfèrent associer une multitude de soldats contre les chars d’assaut de la ligue. Rendez vous à 21h30 pour le choc des leaders de l’Ouest. Habituez vous à cette phrase.