Le transfert de Dario Saric et Robert Covington, c’est une grosse part du Process qui s’en va

Le 12 nov. 2018 à 10:52 par Bastien Fontanieu

Dario Saric
Source image : YouTube

En récupérant Jimmy Butler ce samedi, les Sixers ont effectué un potentiel grand pas en avant vers la réalisation totale du Process. Mais en se séparant de Dario Saric et de Robert Covington, les Sixers ont aussi coupé un sacré morceau de leur récente histoire.

Ce n’est pas forcément à eux qu’on pensait, en premier, lorsqu’il était question de réaliser un transfert du côté de Philadelphie. Question de statut, question d’ancienneté, question d’importance également. Dario Saric et Robert Covington, mine de rien, étaient devenus des titulaires indiscutables dans la cité de l’amour fraternel, en apportant au duo Joel Embiid – Ben Simmons exactement ce qu’il fallait : de la ténacité, la passion du devoir dans les petits détails du jeu, et le tout en parfaite discrétion. Impossible de placer des caractères dominants autour de Jojo et son imposante attraction médiatique. Impossible, aussi, de voir une équipe atteindre le level supérieur sans des soldats qui acceptent quotidiennement d’œuvrer dans l’ombre et d’apporter dans tous les aspects du jeu sans broncher. C’est donc petit à petit, jour après jour, que Saric et Covington cimentaient leur place sur la photo officielle du Process, derrière un Embiid calé au premier plan certes, mais présents quand même sur la pellicule. D’où cet étonnement, celui de voir deux joueurs aussi “indispensables” partir en échange de Jimmy Butler. Mais quelque part, en se penchant sur le management des Sixers, il y avait de quoi sentir la fumée monter en flèche. Frustrés de faire un zéro pointé l’été dernier (LeBron, Kawhi, Paul George), les décisionnaires de Philly savaient qu’il leur manquait une dernière pièce pour compléter le puzzle. Une touche All-Star, un daron qui connaît le printemps et qui ne craquera pas sous la pression. Une fois l’alerte donnée par Jimmy dans le Minnesota et le Heat retiré de l’affaire en verrouillant Josh Richardson, la porte était ouverte. Et Philly devait foncer dessus.

Là est peut-être toute la question, celle qui pourra angoisser les fans de Philadelphie pendant quelques mois, maintenant que le kick a été donné. Est-ce que Philly devait foncer dessus…? Est-ce que le Process n’a pas été chamboulé suite à cette décision ? Car la réalité identitaire est indéniable. Robert Covington était le Process, c’est peut-être lui qui représentait le mieux ce virage dans la récente histoire des Sixers, taffant comme un soldat jour après jour en empilant les défaites, quand les fans désertaient le Wells Fargo Center, avant de jaillir de l’ombre pour finalement triompher sur la plus grande des scènes. Oui, les puristes de Philly et autres apôtres de Sam Hinkie le savent, RoCo était au cœur de ces cinq dernières années. Pas en tant que superstar, pas en tant que pièce irremplaçable, mais bien en tant que symbole de cette décennie en Pennsylvanie marquée par l’incroyable montée en flèche du Process. Et Dario Saric également, lui qui était attendu pendant des années après avoir été drafté, se battant comme le Homie qu’il est, en géniale comparaison avec Rocky Balboa la légende locale. Ce n’est pas que de basket dont il s’agit ici, ce n’est pas qu’un transfert avec une répartition de shoots à revoir, des ego à checker ou des projections à faire sur les futurs Playoffs à l’Est. C’est une question d’image, d’identité, de ce que sont vraiment ces Sixers. Une franchise qui veut retrouver les Finales NBA, et se donne les moyens d’y arriver en récupérant un All-Star cette saison, mais qui a peut-être coupé le timing de son Process et une partie du cœur de l’équipe en même temps. À cette nouvelle troupe de nous prouver qu’il fallait bien défoncer la porte pour atteindre l’objectif rêvé par Sam Hinkie, sous peine de vivre dans un monde de peine et de regret. Celui de ne pas avoir respecté le Process en premier lieu.

Après des années passées à construire pièce par pièce et joueur par joueur, les Sixers ont décidé de mettre le Process et sa progression linéaire de côté pour accélérer le mouvement. Si on suit la logique, Brett Brown pourrait aussi sauter, mais on préférera d’abord regarder quelques highlights, ceux de Dario Saric et Robert Covington qui représentaient à merveille le Process dans sa plus pure forme.


Voir toutes les News