DeMar DeRozan, le playmaker numéro 1 des Spurs : on appelle ça une transition réussie

Le 02 nov. 2018 à 06:53 par Bastien Fontanieu

DeMar DeRozana
Source image : NBA League Pass

Après seulement 7 matchs sous le maillot des Spurs, DeMar DeRozan séduit les fans de San Antonio comme ceux d’ailleurs. Dans un nouveau rôle qui pour l’instant semble momentané, l’arrière cartonne et c’est donc tout un transfert qui semble se cicatriser dans le processus.

La saison démarrait comme dans un cauchemar. Un peu dans la continuité d’un été qui fût surchargé émotionnellement. Alors que bon nombre de fans de la franchise noire et blanche se voyaient bien choquer la concurrence avec un effectif profond et polyvalent, les dieux de la santé se permettaient de revoir l’enthousiasme local en punissant les Spurs à un poste ô combien important. Dejounte Murray, out. Derrick White, out. Tony Parker, parti cet été. En l’espace de quelques jours, Gregg Popovich se retrouvait quasiment à poil au spot de meneur, ce qui pouvait plomber le démarrage des siens face à des équipes plus prêtes ou plus équilibrées. Et sachant que l’entraîneur de San Antonio refusait assez logiquement de changer le rôle de Patty Mills, excellente mobylette nourrie à la TNT en sortie de banc, il fallait trouver une solution. Quelque chose, bon sang. Quelqu’un qui veut bien modifier son jeu ou son rôle pour le bien de l’équipe. Bryn Forbes ? Intéressant dans son registre de sniper, mais clairement pas un créateur de nature. Manu Ginobili ? Nan rien… Se grattant la tête avec insistance, Pop ne trouvait alors d’autre solution que de surgaver un DeMar DeRozan à peine installé, en lui demandant de gérer la création le plus longtemps possible. Et aux diables les statistiques avancées, le doigt pointé sur le tir à mi-distance, les grognements sur la balle qui stagne, le soupir en assistant à des feintes de tir à répétition. Tant pis, on va faire avec. S’il est bon ainsi, ne répétons pas l’erreur LaMarcus Aldridge en voulant le changer à notre façon, enfonçons-le dans sa spécialité. Et obligé de s’ajuster, l’entraîneur des Spurs devait passer par son All-Star pour tenir la baraque, le temps que White revienne. C’est donc ce que Pop a fait, permettant aux siens de valider 5 succès en 7 rencontres.

Excellent playmaker, DeRozan l’était déjà et l’avait montré à Toronto depuis des années. Alors qu’il avait d’abord fait ses gammes chez les Raptors en tant que pur scoreur, DeMar avait ajouté une belle lecture de jeu à son répertoire, petit à petit, variant de mieux en mieux les situations de scoring et celles de distribution. De 2 à 5 passes de moyenne entre 2013 et 2018, une évolution numérique et quantifiable mais qui ne faisait que cacher la partie immergée de l’icerberg : DMDR était devenu une menace globale en attaque, punissant les adversaires de Toronto à mi-distance, à distance, aux lancers francs ou dans la distribution, créant l’extra-passe s’il le faut. Avec des hauts comme des bas en Playoffs ? Oui, forcément. Mais sous les ordres d’un coach légendaire comme Popovich ? Non. Et c’est cette nouvelle association, celle d’un homme né pour get buckets avec un homme né pour permettre à un joueur d’atteindre son excellence individuelle, qui semble démarrer sainement aujourd’hui à San Antonio. Et qui demande un ajustement séduisant chez les deux hommes, dans leur nature. La balle dans les mains d’un seul homme, typiquement le genre de philosophie offensive qui donnerait de l’urticaire à un coach comme Pop. Et pourtant, aujourd’hui, DeRozan est le 13ème joueur avec le plus gros usage rate de toute la NBA, devant des copains comme… Kawhi Leonard ou John Wall. Transformation étonnante ? Pas tellement, quand on connaît le parcours de l’entraîneur texan et ce qu’il a su faire au fil des décennies. Mais l’étonnement vient surtout dans la fluidité de cette transformation. Le fait que, sans vraiment étonner grand monde, DeMar réalise un début de saison fabuleux en atteignant son potentiel offensif maximal, alors qu’il a tapé le tout premier entraînement à San Antonio avec ses coéquipiers il y a seulement deux mois.

Wolves, Lakers, Mavs, tout le monde a pris tarif sous la nouvelle version DMDR2.0, et c’est donc un orchestre offensif qui a été dicté par l’homme aux feintes inarrêtables. Près de 28 points et 7 passes de moyenne pour le moment, seuls LeBron James et James Harden peuvent proposer des lignes similaires en tant que playmakers. Et, aux dernières nouvelles, lorsque vous êtes dans la discussion avec ces deux hommes et qu’on parle des meilleurs balle en main, vous faites partie du gratin de la planète basket. Maintenant va évidemment venir le plus dur, maintenir cette cadence et s’ajuster en permanence. Nouvelles couvertures défensives, nouveaux copains qui reviennent de blessures. DeRozan va devoir montrer une régularité exemplaire dans l’effort, en espérant que la surcharge ne devienne pas trop lourde pour lui. L’avantage de cette situation, c’est qu’elle utilise pleinement les qualités du joueur dès que la ligne médiane est passée. Le désavantage, c’est évidemment le potentiel manque de variété, et une dépendance qui se ressent déjà par séquences. Mais ces soucis ne sont pas encore apparus sur le tableau des Spurs. Ce que l’on voit aujourd’hui ? C’est la marque de l’excellence locale, dans l’approche et l’adaptation à toute situation. Oui, peut-être que cette équipe n’ira pas en Playoffs, s’écroulera en décembre, va chier son Rodeo Road Trip et regarder le mois de mai à la télé. Mais après un été chaotique et aussi mouvementé, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’était, c’est et ce sera de voir si les fondations de la franchise texane sont toujours aussi solides. Si la quête de perfectionnement est encore là, quand des données inattendues interviennent. Au moment où ces lignes sont écrites, les Spurs, rempart défensif exemplaire par le passé, sont d’une rare inefficacité dans leur propre moitié de terrain. Et que fait Pop par conséquence ? Il a décidé de booster son attaque, en donnant carte-blanche à un cador offensif du basket moderne. On se demande ce qu’en pense DeRozan…

Un peu forcés à se marier, DeMar DeRozan et les Spurs vivent aujourd’hui un début de lune de miel aussi inattendu qu’intéressant. Le All-Star régale sur les terrains, et séduit dans un autre rôle. Certes, on pouvait s’attendre à de belles stats de la part de DMDR, mais autant d’aisance après trois semaines de compétition…? Difficile de demander mieux, pour le joueur comme la franchise, en terme d’adaptation.


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